Promenons-nous dans la jungle ♪

Si la seconde harpie, la question ne se posait plus sur son sort, la première en revanche pouvait être sauvable. Le verdict ? Flèche dans le torse mais pas d'organe important de toucher, perte de connaissance suite à un trop grand choc et, à terme, décès suite à une trop grosse perte de sang. La blessure avait beau être profonde, elle n'en restait pas pour autant dramatique. «Pas dramatique», façon de parler, disons qu'il n'y aurait pas de séquelles graves. Les arcs comme les armes de poing de moindre calibre, avaient souvent l'avantage de d'abord d'être bien moins mortel qu'une arme de guerre qui trouait ou charcutait la cible. Quant aux soins prodigués par Ariviane ? A la bander au torse après les premiers soins, la harpie sera stabilisée et toujours dans les vapes. Un médecin aurait fait certainement mieux mais l'essentiel était fait. La suite ? Du repos mais tout se jouera non pas par les soins d'Ariviane, mais plutôt vis à vis de la société d'une petite tribu de harpie : si la blessée restait trop longtemps en repos, elle sera considérée comme un poids, un boulet à nourrir. Et ce type de société, les boulets, elle les tue. Tout se jouera quand à savoir si la blessure s'ouvrira ou non en voulant chasser trop tôt. Xylya fit mine de ne pas en prendre sur le fait de sauver l'une de ses congénères. Elle a chassée ? Elle a été chassé. Telles sont les risques de l'échelle sociale mais aussi alimentaire. Quant à savoir si elle faisait mine ou qu'elle l'avait noté, c'était une tout autre histoire.

Vu que les deux se regardaient en chien de faïence, se fut pour ainsi dire les deux qui firent le premier geste d'approche. L'elfe sortit doucement là où la harpie s'envola pour atterrir d'un bruit sourd sur le plancher des vaches à une quinzaine de mètres de la végétation. De taille légèrement inférieure à Ariviane, ici ce qui était notable restait la présence de mains, fait notable pour une harpie éveillée apte à utiliser des outils rudimentaires là où ses sœurs ne pouvaient pas faire grand chose. Cuisses un peu moins musclés que ses congénères en échange d'une musculature plus svelte et souple.

«Si Ariviane a été jugé comme chasseresse par Lavandara, Ariviane être là pour juger et réguler ce territoire. Xylya est cheftaine de la tribu Des Plumes Légères, dans la langue humaine. Ariviane là pour voir tribus et dangers du canyon. Aussi pour se présenter, comme mœurs exigent.»

Anglais mais passons le détails, au moins l'approche, malgré ce petit imprévu (mais pas tant que ça), semblait s'être bien passé.

Le fait qu'Ariviane ne soit pas considérée comme un morceau de viande de second choix (le premier choix étant les mâles du point de vue d'une harpie), était signe d'une adaptation chez cette harpie. Les autres ? L'elfe n'avait entendu aucun mot d'anglais de leur part, même si elle devait avoir une certaine compréhension sans pour autant être capable de le parler. Après, les cordes vocales d'une harpie classique était capable de s'adapter au langage humain, la chasseuse le savait, malgré un ton un poil trop aigu pour être véritablement agréable pour l'oreille, chose ironique puisqu'elle savait que certaines pouvaient émettre un beau chant, quoique primitif.

Xylya ne répondit rien concernant les droits ancestrales, même si l'elfe pouvait sentir une certaine fierté mal placé voir hautaine de sa part devant ses paroles. Pour cause : celle qui pouvait prétendre d'avoir un droit ancestrale, voir LE droit ancestral, c'était Lavandara et son ego quelques peu démesuré. Nul doute qu'elle aurait été outré si la dryade était présente mais la règle comme quoi les absents avaient toujours tords semblaient être tout autant valable ici que chez les civilisés. Un point commun. Quoique, techniquement, c’était Guigondos le vrai maître des lieux et que toute dryade qu’elle était, elle s’écraserait devant la vouivre puisque c’était elle «qui avait la plus grosse». Ça aussi, c’était un autre point commun avec les civilisés.

La suite surprit un peu Ariviane même si elle avait émis possiblement cette éventualité : la voir se rapprocher avec un battement d’aile aussi rapide qu’agile pour voir ce fameux bijou, qu’elle accepta un peu trop volontiers. Si le ton se montra toujours autant hautain, l’elfe avait l’impression qu’il était devenu quelques plus amicales. Un bon point, Windy avait raison comme quoi les harpies étaient tout aussi capricieuses que les femmes. La preuve : ça avait fini dans son tiroir alors que l’ancien maître mage aurait démonté le bijou pour en avoir les gemmes.

«Oui, Grand-mère Céleste nous a expliqué à quel point le monde humain peut aussi être bénéfique que malveillant envers notre tribu. Raison pour laquelle Xylya et les siens se contentent parfois de quelques sorties pour trouver mâle et nourriture plus rares. Plus exotiques qu’elle disait. Mais moins rares que pendant le Grand Hiver.»

Elle semblait hypnotisé par le bracelet, qu’elle passa sur l’un de ses «poignets». En réalité, elle venait de baisser sa garde pour la première fois. Ariviane aura l’impression que par moment la harpie parlait toute seule.

«Xylya satisfaite de l’offrande. Ariviane vouloir savoir quoi ?»

Xylia réfléchit quelques temps, comme si elle cherchait ses mots. Si pour elle un humain restait simplement un humain, le bon côté de l’existence de la méta-humanité était qu’elle pouvait les différenciers selon leurs races.

«Quelques mâles déjà visité la ferme, au nord, mais Xylia et les siennes n’y volent jamais. Donc peu pas trop savoir si humain ou orc y était.»

C’était louche comme version, même si la harpie n’avait pas l’air de mentir. En réalité il suffisait de faire quelques additions à un chiffre pour savoir pourquoi cette version était bancal, à défaut de réellement mentir. C’était le territoire de la dryade, on n’y volait pas sans raison sauf pour éventuellement une entrevue. Comme elle était plus en sommeil que réveiller, la dryade restait chatouilleuse à un réveil imprévu. Comme Ariviane avait carresser dans le sens des plumes Xylia, celle-ci n’allait certainement pas avouer qu’elle craignait les petites crises de colère de la dryade. La vraie version serait «pas assez folle pour y voler librement sans raison»... mais elle savait que des étrangers avaient fouillé cette zone, ou du moins cette ferme.

«Xylia pourrait conseiller Ariviane d’interroger Théia. Elle, furetée comme elle l’entend. Elle certainement avoir vu quelques choses, voir peut-être même attaqué ses mâles. Elle, habitée sur le pic à l’ouest d’ici.»

Cette suite fut assez étrange. Un certain dégoût dans le nom, surtout qu’elle préférait l’appeler «elle» que par son prénom là où dans son pauvre vocabulaire lui faisait utiliser davantage les noms. Un «elle» pas sympathique. Elle n’arrivait pas à saisir véritablement le sens. Par contre son sens de s’y connaître sur la faune et la flore lui fera comprendre que cette Théia désobéissait à la hiéarchie des harpies. Une bannie ? Elle ne savait pas trop, la logique voudrait que Xylia l’ait tué avec les siennes, hors ce n’était visiblement pas le cas.

«Wred... Oui, Wred ne connait pas de limite, tue parfois par plaisir. Parfois gênant pour chasse mais Wred être seul. Lui ne pas aimer ce qui vole, car difficile à toucher donc prudent envers nous. Son ombre nous atteint seulement si nous touchons le sol. Déjà blessé avec pierre qui tombe, mais lui se guérir. Nous savoir où lui se terre, une grotte dans le canyon, partie Est. Mais grotte dangereuse, ce canyon ne voit jamais la lumière du soleil. Lui détester lumière, raison qu’il crée les ténèbres.»

L’information sur l’ombre est... intéressante. Rien à voir (et heureusement) avec un passage entre le plan matériel et un quelconque plan des ombres. Mais faire un avec l’ombre ambiant était déjà à lui seul un avantage mortel pour quelqu’un qui ne connaissait pas cette information. En clair, vive les flashbang et autres fusées éclairantes, Ariviane savait de quoi abuser à la prochaine rencontre. Surtout que même si ce n’était pas dit clairement, pour voir dans les ténèbres les plus profonds, la vue de Wred devait être sensible au lumière vive.

«Céleste partie depuis des lunes pour pouvoir reposé avec Grand-Père. Jamais su où, mais Grand-Père laissait parfois informations dans ses caches. Cabane à quelques heures d’ici était un de ses lieux, tour aussi.»

C’est vrai qu’Ariviane n’avait pas fouillé toutes les planques et caches qu’avait pu laisser Mason. Par contre que Céleste ait rejoint Mason en disait long: elle avait dû sentir son heure arriver pour pouvoir mourrir auprès de la dépouille du garde forestier qui ne devait plus être très conservé. Lugubre comme point de vue, mais qui avait un certain côté romantique.

Même si la harpie avait l'air de ne pas la porter dans son cœur, Ariviane aura quand même ses réponses, mais avec des «elle» pour éviter de citer le nom.

«Elle, curieuse et joueuse. Toujours intéressée par ce qui est nouveau. Si pas hostile envers elle, discutera certainement avant d’être hostile si déçu.»

A partir de là, l’elfe pouvait commencer à savoir où ça coinçait entre la tribu des Plumes Légères et cette Théia : les unes étaient protectrice, avec une attitude isolationniste sauf dans le cadre de la reproduction, la seconde se montrait trop curieuse et semblait sortir du territoire sur un coup de tête. Une attitude qui pouvait mettre en danger l’intégrité de la tribu dont elle avait fait parti. Le détail qui ne collait pas ? Pourquoi elle était encore en vie ?

«La non-agression va à Xylia, Grand-père avoir expliqué à Céleste que dans les anciens temps, normal d’avoir un protecteur et représentant, pour éviter les dangers extérieurs. Toi reprendre ce rôle. Ariviane d’agir pour harpie défaite, elle avoir perdu et à sa merci, Xylia n’a pas son mot à dire, même si Xylia être chef de sa tribu.»

En clair, elle ne prendra pas compte de ce que fera Ariviane sur la blessée. Qu’elle la sauve ou non ne lui donnera pas plus de point de sympathie. C’était cruel mais c’était la règle du plus fort dans un monde où cette loi était la plus facilement compréhensible. La suite Xylia y réfléchit bien que la reflexion fut un poil trop rapide.

«Echange ? Si Ariviane penser à Xylia et à sa tribu, Ariviane ramener mâle. Mais mâle libre, pour chasse.»

Non en fait, la dernière question était tout bonnement conne... Au moins, elle le voulait libre et pas ligoter : c’était plus sportif.

Ariviane conseilla la harpie blessée de se rendre à la tour encore debout de Mason si elle ne se sentait pas capable de survivre d’elle même pour les jours à venir. Si elle disparaissait du jour au lendemain, Xylia n’y prêterait pas plus attention que cela. Mais il était clair que la démonstration d’un stimpack allait surement faire des merveilles le jour où elle en aurait, matériel assez facile à prendre même pour une harpie à la cervelle de moineau. Juste qu’il ne fallait pas en abuser au risque d’avoir une attaque cardiaque ou de baisse de potentiel magique. La science avait toujours une longueur d’avance sur la magie : même les plus novices étaient capable de l’utiliser. Il suffisait de retirer le tube en plastique qui protégeait la seringue. Ironiquement, Ariviane savait qu’elle pouvait s’adresser aux Predieger : l’écart entre la drogue et la médecine était souvent mince et le troc étant souvent plus avantageux qu’une liasse de billets même si la seconde avait le mérite de tenir dans la poche d’une veste.

Le pic Ouest n’était pas compliqué à trouver, l’atteindre l’était un peu plus vu la nature du terrain pentu et l’absence de tout chemin d’avant guerre. Elle préféra opter pour un léger détour que de prendre le trajet en direct : l’escalade elle savait gérer mais si elle pouvait éviter de rester trop longtemps «perché», moins elle se sentirait vulnérable d’une quelconque menace dans les airs. En minimisant les risques, elle y parviendra en une heure et demi de marche.  Pas de rencontre particulière à noter, tout comme l’absence d’un certain lynx gonflé aux stéroïdes. En même temps le bestiaux ne devait pas être assez bête pour traquer l’elfe entre le territoire d’une dryade énervée et celui de harpies qui passaient plus de temps à lui lâcher des caillasses à quinze mètres du sol.

Le pic Ouest possède une végétation assez faible, parsemer de quelques arbres qui peine à vivre et d’autres arbres morts. Pas un territoire de chasse propice si ce n’était qu’il offrait une bonne vue pour le peu que l’on prenne la peine de sortir une paire de jumelles. Ce que fit d’ailleurs Ariviane, prenant l’initiative de faire une comparaison avec les cartes de Mason pour voir si il y avait une correction à faire.

Pas d’erreur, elle remarqua même une cabane abandonné près de ce qui semblait être une ancienne mine abandonnée depuis... pfffiou... belle lurette si elle devait se fier au moment où ce secteur a été classé comme zone protégée. A vu de nez, à une dizaine de kilomètres. La cabane était noté sur le plan, il s’agit d’un des repaires de Mason un peu perdu dans les bois, et où la végétation a commencé à reprendre le dessus malgré l’existence, au loin, d’un chemin de passage pour l’atteindre qui ferait bon d’être déblayé. Bizarre qu’il dormait sur le plancher des vaches malgré la présence de Wred, l’instinct de chasseur d’Ariviane lui disant qu’il y avait certainement la présence de piège pour qu’il puisse se servir d’un tel repère. Encore un lieu à visiter quand elle aura une journée devant elle.

L’elfe fit une demi-heure le tour de ce col, et ne tarda pas à trouver sa première piste: une trace de sang. Trace de sang qui mena assez vite à un lynx mort. Petit détail qui intrigua tout de même l’elfe : il était mort de manière assez différente de ce que ferait une harpie en temps normal (technique de lâcher de caillou ou de lâcher de proie à dix mètres du sol) car là, il avait une deux blessures profondes à la gorge, et une plus mortel au ventre pour lui avoir arracher un ou deux organes. Cette harpie tant rechercher, elle était assise sur une branche d’arbre en hauteur à dévorer ce qui semblait être le foi de l’animal. Et là, Ariviane comprit pourquoi cette Théia et le reste de la tribu, ça ne pouvait en aucun cas passer.

Théia:

Comme Xylia, elle était éveillée, c’était un fait mais en aucun cas Ariviane pouvait la classifier comme véritable harpie : trop humaine. La harpie était de nature curieuse ? La magie pouvait l’être tout autant et le fait d’avoir été éveillé et de rêver d’être comme les humains pouvaient modifié le métabolisme de façon aussi instinctive que chaotique. Magnifique d’une certaine manière, mais le côté magnifique pouvait être tout aussi mortel. Même si Ari ne maîtrisait pas les arcanes, l’elfe pouvait voir le parfait exemple d’être témoin d’une créature d’avoir su «maîtriser» (présence de guillemet nécessaire) une forme d’arcane organique pour être ce qu’elle était maintenant. La raison de son bannissement ? Trop différente physiquement. La raison pour laquelle elle était vivante ? Certainement pas parce qu’elle la sœur de Xylia, simplement parce qu’elle et les siennes en avaient tout simplement peur. Raison pour laquelle la cheftaine parlait de sa sœur avec un certain dégoût. Sur le coup, Ariviane espérait que la harpie ne soit pas devenu folle car un tel changement corporel vu les ailes et les bras indépendants avaient dû être douloureux au fil des années pour obtenir un tel résultat, certes impressionnants, mais souvent avec des séquelles. Typiquement un cas de la harpie qui voulait devenir humaine, sauf que ses attributs magiques pouvaient y parvenir, d'une façon aussi hasardeuse que douteuse.

«Qu’avons nous là ? Théia n’a pas beaucoup de visiteur. Mais Théia est plutôt satisfaite d’en recevoir. Que vaut cette visite ? Chasseur ? Un conseil : l’étrangère aurait plus de chance d’avoir Soeur Xylia que Théia.»

Elle s’amuse. Qui irait discuter avec un braconnier de cette manière ? Surtout qu’au moment de finir sa phrase, elle croqua dans le foi de l’animal avec un certain sourire carnassier qui rendait assez mal à l’aise. Un geste volontaire vu qu’elle ne perdit pas des yeux la ranger. Xylia avait raison : Théia était de nature curieuse, raison pour laquelle elle n’était pas nécessairement agressif. Par contre, hormis l'utilisation de son nom au lieu de la première personne du singulier, elle savait plutôt bien parler anglais. De quelle manière elle a pu y parvenir ? Si cette harpie avait fait quelques expéditions extérieurs, ses proies avaient dû mal terminer.

A bien y réfléchir, maintenant qu’elle pensait à ce foutu lynx, Théia avait bien un point commun avec Wred, celui d’avoir «trop évolué» au point de ne pas être reconnu par les siens. Si elle était «si joueuse» qu’elle semblait l’être, il a dû y avoir des frictions entre ses deux là, juste par caprice de sa part. Si les deux sont vivants, cela avait dû mener à un statut-quo ou quelques choses s’y approchant. Cela prouvait une intelligence certaine de la part de Wred pour ne pas s’être pris une rafale de vent pendant qu’elle volait et un certains «terre-à-terre» de la part de Théia de ne pas avoir attaquer le lynx comme elle avait pu faire avec son congénère. Si ça échouait, c’était la mort assurée. Et pourtant à voir son comportement de capricieuse pour l’une, et très territoriale pour le second, il a dû y avoir des étincelles à un moment ou un autre.

«Qu’Ariviane fasse comme elle le désire, ses terres n’appartiennent pas à Théia, mais parait-il à Lavendara. Mais Théia met en garde, Théia ne prévient pas quand la chasse commence. Si Théia est déçu bien entendu.»

Cette harpie est clairement une prédatrice. Elle savait se tenir, avait une once de civilité et connaissait l’étiquette même si visiblement elle avait le chic de s’asseoir dessus quand l’intéressée était absente pour remettre en doute la propriété d’une dryade qui passait le plus clair de son temps à dormir de son point de vue. Cependant, elle reniait pas pour autant ses instincts en considérant Ariviane comme un potentiel mise en bouche si elle devait être déçu. Remarque interressante vu que ses pensées en faisait mention : elle pouvait être facilement confondu avec un de ses homanimaux, même ça risquait d’être une insulte autant pour les uns que pour elle... même si l’elfe avait la certitude que Théia risquait de ne pas en saisir le sens vu le milieu reclus où elle avait grandi.

En fait, saisir sa personnalité, ce n’était pas si compliqué : sa sœur l’avait bien défini comme «joueuse», elle ne s’était pas trompée. Tout est sujet à devenir un jeu : la chasse que ça soit Ariviane ou Wred, braver l’interdit comme voler au dessus de l’antre de Lavendara. Rien d'étonnant qu'elle ait envoyer promener les morales de sa soeur quand cette dernière préfère s'isoler du monde, point de vue que la harpie devait trouver ennuyeux à mourir.

La propriété d’une terre sonnait plus comme une provocation envers sa soeur et la dryade, signe que ce n’était pas un hasard qu’elle soit considérée comme une paria vu le non respect d’un droit de propriété qui ne voulait strictement rien dire aux yeux de Théia. D’où le sourire légèrement moqueur qu’elle afficha lorsque Ariviane compara cette possession à un terme très humain.

«Sœur Xylia ne voit les humains que comme des reproducteurs et un dîner, mais Théia redonnait leurs adaptations comme «surprenante». Une adaptation aussi bénéfique que néfaste, l’histoire l’a prouvé. Mais c’est ce qui les rends intéressant à ses yeux. Et surtout, l’isolation est ennuyeuse, même si Grand-père a toujours mis en garde de son côté dangereux... mais dangerosité rime avec excitation et sensation de vie.»

L’adrénaline restait un moyen de se sentir vivant. C’était pour cela qu’elle aimait «chatouiller» Wred et que le nom de Théia ne devait pas être si inconnu auprès de Lavendara.

«La ville proche d’ici ? Jamais été. Théia a pensé un moment à «emprunter» une veste à un voyageur mais trop risqué, Théia ne connaît pas la civilisation. Trop de facteurs inconnus, Théia aime jouer et prendre des risques mais pas non plus suicidaire. Mais si Ariviane se propose de faire guide, Théia peut se montrer utile.»

Ailes repliées sous une veste large pour les cacher ? Il semblerait qu’elle ait déjà pensé à l’idée mais elle n’avait jusque là, jamais fait le grand pas. Si elle aimait «jouer avec la nourriture», la harpie semblait suffisamment intelligente pour connaître le potentiel d’une arme à feu sur un pigeon. Surtout que bon, la méta-humanité, Ariviane était bien placé pour le savoir, ça pouvait pulluler pire que des cafards, mais des cafards pouvant avoir sur soi un AK-47 ou un Beretta. Au moins les choses étaient clairs, intéressée, la harpie y était.

«Mais Théia a l’impression que la présence d’Ariviane ne soit pas là que pour retirer une épine du pied de soeur Xylia en l’éloignant d’ici... Quelle est la véritable raison de la visite d’Ariviane?»

Le bon côté, même si Windy restait curieuse de mettre la main sur un spécimen telle que Wred sans pour autant en faire un réel objectif, on ne pouvait pas la classifier comme chercheuse ou quoique ce soit qui pouvait s’y approcher : pas son domaine et son passif avant qu’elle ne soit rattachée au gang était plus lié aux retrouvailles d’un autre temps que de faire avancer la magie. Pourquoi une bonne chose ? A moins qu’Ariviane se mette à dos la maître-mage des Predieger, c’était contre-productif pour Windy de vouloir débiter en petits bouts Théia dans des bocaux. Et si le capitalisme restait un point assez obscur pour la ranger, elle savait ce qui était contre-productif et ce qui ne l’était pas. Les autres mages ? Il fallait que cela arrive à leurs oreilles, et qui fassent le rapport avec une harpie et Théia, ou la regarder sous toutes les coutures pour qu’ils comprennent qu’ils n’aient pas à faire à une hominale. Autant dire que les chances qu’ils fassent ce rapport restaient relativement mince. Il faudrait juste un de ses quatre expliquer à Théia ce qu’était un hominale pour éviter les complications inutiles mais ce point-là, Ariviane ne s’inquiétait pas.

«Théia n’a rien contre Wred. Elle le trouve même marrant. Bizarre que Lavandara n’est pas proposé de test à Ariviane alors que-elle est chasseuse ?»

Mauvaise utilisation de «elle» malgré un effort de sa part. Ca viendra avec le temps. Par contre la question restait étrange. Moins que le «marrant» quand elle définissait Wred.

«Théia indiquera où est Wred, mais ne chassera pas le lynx. Si Wred est la proie d’Ariviane, Théia regardera sa chasse pendant qu’elle déguste le cœur d’un de ses cousins. Les humains faisaient pareil quand ils regardaient le Super-Bawl avant la guerre dans ses boites en métal.»

Ari en a entendu parler quand les anciens se moquaient de la civilisation d’avant-guerre mais... Comment dire ? Ce n’était pas des cœurs mais du pop-corn et le pack de bière que le ‘ricain moyen regardait à la télé lors de ce sport tout sauf raffinés. Sauf que là, sur le coup, l’elfe bugga un peu en ne sachant pas trop par où commencer.

Mais pour en revenir au sujet plus sérieux, hormis le cas de Wred (où donner la position restait une sacrée aide), l’accord allait à merveille pour Théia. La question sur les trois intrus la fit un peu réfléchir, confirmant à l’elfe qu’elle avait belle et bien vu le groupe à un moment ou un autre.

«Les trois individus ? Trois humains, un costaud blond, un autre avec une crête et un crâne rasé. Oui, Théia les a vu approcher avec leur véhicule, une camionnette blanche avec une sorte d’étoile bleue à peine visible près de la ferme, une fin de journée. Théia aurait bien aimé s’amuser avec, mais le grand blond et la crête avait des arme à feu. Surtout le blond, elle était à répétition. Mitrailleuse je crois que l’on dit... Comme c’est beaucoup à découvert, Théia n’a pas insisté et est parti.»

Trois humains ? Vu la distance, la harpie n’avait pas dû voir qu’il s’agissait d’un demi-orc. Quant à la mitrailleuse, comme ça, à pieds ? Ariviane y croyait moyen, certainement un fusil-mitrailleur. C’était plus l’information concernant la camionnette... Si la harpie ne savait pas lire, à l’écouter, il s’agissait certainement d’une vieille ambulance.

Dans sa caboche de cervelle de piaf, elle eut vite fait le rapprochement avec l’affaire de la dryade.

«C’est pour cette raison que Lavandara est en colère depuis quelques semaines ? La dryade a failli attaquer Théia avec un esprit des sables. Je dirais même qu’il a attaqué Théia tout simplement. Embêtant, cette esprit, ça vole alors que c’est le domaine de Théia.»

Les informations de Théia étaient amplement suffisantes. Si elle ne voulait pas l'aider directement et se contenter de se divertir en regardant, grand bien lui fasse, mais qu'elle ne vienne pas pleurer sur son épaule si elle n'en recevait rien par après. Même chose concernant les trois individus que la dryade demandait de lui ramener. Sa description concordait justement avec ce que lui avait dite Lavendara, au détail près qu'elle comptait trois humains. Peut-être n'avait-elle pas trop vu d'orcs avant, ou les avaient vus de loin. La description de la harpie ne la frappait pas vraiment comme des mafieux, des membres de gangs mineurs ou des mercenaires peut-être. Ça suivait bien le commentaire de la dryade comme quoi le bon goût a dût mourir lui aussi avec les bombes. Le véhicule était une piste intéressante, et définitivement quelque chose à creuser, quitte à devoir cracher de l'argent à des informateurs.

-Justement avec Wred. Est-ce qu'il est toujours aussi agressif envers tout le monde, ou seulement les étrangers? Il n'avait pas trop l'air de chercher à chasser ou protéger son territoire quand je l'ai rencontré. J'avais l'impression qu'il y avait pas mal de haine de son côté.

L'elfe tentait toujours de se faire une idée de ce gros chat. Elle voulait toujours avoir un peu plus d'information sur sa condition avant de se décider quoi faire de son cas. Évidemment, elle devra lui régler son cas s'il n'y avait rien à faire pour son hostilité, ou elle n'aura jamais la paix ici. Elle n'avait pas soulevé le sujet avec la dryade non plus, qui devait en savoir plus, mais hélas elle n'était pas en état pour parler de tangentes comme ça. Le mieux était de se tenir équipée pour une autre rencontre avec, et de garder un oeil par-dessus son épaule.

-Ces trois-là sont la raison pourquoi elle est en colère oui. Si des élémentaires envoyés par elle t'ont visée, je crois pas que c'était son intention. Sinon oui, les armes automatiques il faut faire attention. Même quelqu'un sans talent peut arriver à toucher avec assez de balles. Les ramener tous les trois devra me servir comme test j'ai l'impression.

Un substitut acceptable considérant à quoi elle avait affaire. D'autant plus problématique s'il s'agissait d'un petit gang. Ça se déplace en groupes ces bestiaux, et ils ont des potes pour les venger. Quoique dans leur cas, c'était plus leur commanditaire qui l'intéressait. Ils avaient été envoyés par quelqu'un, ils ne se seraient pas mis en tête de faire une balade en montagne et tomber par hasard sur une dryade alors qu'ils avaient par hasard un cocktail molotov sous la main.

-Je rejoignais mes compagnons bientôt pour retourner en ville, alors je ne vois pas de mal à ce que tu nous accompagnes. C'est plus sécuritaire, et c'est bien d'avoir des guides. Tu aimes bien les foies, mais attend un peu d'essayer un steak mariné et assaisonné. Les humains ont tendance à se serrer la main pour conclure un accord sinon.

Et ça la forcerait à descendre de son perchoir, signe qu'elle faisait assez confiance pour approcher maintenant. Riri aura quelques explications à fournir à Lucie et Ewias concernant leur nouveau compagnon, mais ils devraient comprendre assez vite que c'est pour aider avec son job originel. Il restait le cas de la harpie blessée sinon. Quelques soins de base pour s'assurer de son état avant de partir devrait être assez, et dépendamment de son état partager un peu de nourriture ou d'eau en trop avant de quitter.

Sur le sujet de Wreed, Ariviane fut surpris de la réaction de Théia qui chercha ses mots, une question plus complexe que l’on n’aurait pu croire aux premiers abords.

«Théia aurait bien dit que Wred lui ressemble, pour l’adrénaline et la sensation que procure la chasse mais... Wred est différent... Wred tue pour le plaisir, le lynx a déjà laisser une proie morte derrière lui sans y avoir touché. Théia peut comprendre que jouer au chat et à la souris peut être marrant, mais la petite souris est une proie qui se doit d’être manger.»

La harpie avait la mentalité d’un chasseur qui était de tuer pour se nourrir, la difficulté de la proie n’étant là que pour avoir une dose d’adrénaline qu’elle semblait si bien apprécier. Le fait que Wred tue par plaisir allait à l’encontre de cette logique au point qu’elle n’arrivait pas à en comprendre le sens.

«Si Ariviane a déjà été chasser par Wred, sache que Wred n’aime pas ce qui est lui est inconnu. Grand-père lui avoir laisser de très mauvais souvenirs concernant les gens civilisés. Wred a toujours éviter le repère de Grand-père pour cette raison, car si Grand-père ne volait pas, il était ingénieux.»

Théia montra vaguement la direction du cabanon au loin. L’elfe avait un petite doute sur la raison pourquoi Wred évitait ce fameux repaire, et même si le doux parfum des pièges n’avait que rarement d’odeur, Ari pencherait sur leurs utilisations. Même si beaucoup doivent être inutilisable avec le temps, Wred n’avait pas dû prendre en compte l’usure de ceux-ci et de ne pas avoir eu le masochisme de tester pour voir lesquelles étaient encore actifs. Une information assez intéressante.

Par contre parler des trois lascars donna limite des étoiles dans les yeux à la harpie.

«Traquer et chasser des proies à l’extérieur ? Théia n’a vu jusque là que des véhicules qui passaient près du canyon. Mais jamais chasser en ville !»

Théia ne trouva rien à dire, même si le fait de se serrer la main lui parût étrange. En descendant du perchoir, Ariviane fut assez perturber de serrer la main d’une harpie avec des mains ressemblant à s’y méprendre à celle d’une humaine classique bien que les ongles acéré pouvait facilement crever un œil là où ses consœurs avaient des griffes. D’habitude, les mains peu développées étaient enfouies dans les ailes, où celle de Xylia était plus développés bien que ses doigts étaient plus longs, et fragiles que la moyennes. Là, aucune aile, à un point que ça perturbait assez Ariviane.

Le retour à la tour se fit assez rapidement : ici c’était de la descente et le fait que Théia puisse guider en hauteur permettait à Ariviane de se vider la tête concernant le moindre détour. La harpie blessée était belle et bien à la tour demandé, même si elle recula de quelques pas lorsqu’elle vit atterrir Théia près de la chasseuse. Si l’une cria en étant effrayé, la seconde se contenta d’un petit sourire bien provocateur.

«Soeurette a envoyé ses mignons pour tester Ariviane on dirait. Il y en a plus qu’une seule ? Ariviane aurait prévu de manger du piaf ce soir ?»

C’était purement provocateur envers sa sœur, mais on dirait que Théia se considérait comme supérieur pour la simple et bonne raison qu’elle venait de taxer une harpie normal comme «simple piaf».

Pour en revenir au soin, c’était surtout du repos qu’il fallait, elle l’avait soigné correctement. Une partie des rations fut confié à la blessée. Sachant que de toute façon, elle ne resterait que peu de temps avant de rejoindre la civilisation, les réserves pouvaient tenir encore quelques jours assez facilement. Si Ariviane voulait être rejoint par Ewias, elle avait juste à cacher ce colifichet que Lucie lui avait donné. Après tout, c'était son trajet de retour pour Vegas sans à avoir à faire du stop.

Sinon, il y avait encore de quoi s'occuper pour les prochains jours, même si la traque, comme l'avait dit Théia, risquait de se faire à Vegas.

Il a fallu qu’Ariviane en fasse le rapprochement mais si elle devait donner un jugement sur l’écosystème et Wred, elle dirait que le gibier terrestre manquait dans un tel lieu. Pas cruellement, mais en sous-effectif dans un milieu où la chasse en rapport avec l’activité humaine était absente. Après il faudrait creuser sur les animaux plus imposants pour en avoir la certitude et avoir des informations plus probantes mais le planning de l’elfe était suffisamment conséquent qu’il y avait plus urgent à faire.

Pour Théia, même si la définition des termes restait assez inexact, un gang équivaut à une tribu pour elle et la harpie savait ce qui pouvait se passer si une autre tribu s’en prenait à une autre sans raison. Après tout, le nombre de tribu de harpie dans ce canyon était de deux si elle se fiait aux rapports de Mason malgré qu’ils ne soient plus à jour.

Les remarques pour calmer le jeu passèrent par dessus la tête de Théia. Un bien comme un mal : Théia jouait de la provocation et semblait incapable de se projeter sur un avenir lointain pour penser ne serait-ce qu’avoir une descendante pour le moment par exemple. Ca la rendait en quelques sortes contrôlable voir même manipulable pour le peu que l’on la dirige sur le bon sujet de conversation. La harpie blessée, appartenait à Ariviane, c’était sa proie et elle en faisait ce qu’elle voulait si elle se référait de son point de vue quand elle avait de Wred.

Ewias ne devrait pas mettre plusieurs jours à venir, et le fait d’avoir Théia dans ses rangs lui permit de commencer à déblayer le chemin dans le canyon (aidé en partie par les fluides de terre pour ce qui était jugé trop lourd) pendant une matinée sans craindre la moindre embuscade de Wred ou quoique ce soit d’autres. Quand arriver l’après midi, elle s’occupera à baliser, installer des crochets, quitte à laisser de la corde puisque ce n’était pas ce qui manquait à la tour de surveillance en ne sachant pas quand exactement Ewias arrivera. Après tout, il valait mieux rester près du lieu de rencontre au cas où il arriverait.

Se fut lors d’une pause vers 16 heures qu’elle verra le pick-up arriver au loin à travers ses jumelles, le jeune homme finissant par se garer. Il n’était pas seul, car en plus de Lucie, il y avait avec un garde qu’Ariviane n’avait jamais vu. Pick-up chargé au passage, même si il restait bâché elle reconnu son quad dessus. Au moins il n’était pas revenu des Sables à vide. Pour éviter les questions inutiles/perte de temps, Ariviane avait pu trouver un vieux manteau long pour Théia, pour rendre les aîles moins visibles une fois repliée, lui donnant un air de femme assez carré et musclé.

«Salut et désolé pour le retard, on a vu le compas s’affoler que l’on partait tout juste pour Vegas. Et euh... pas d’inquiétude pour le monsieur, il fait de la guilde de Guz Torbal. C’est un garde pour le trajet. On n'est jamais assez nombreux sur les routes.»

Pour avoir pris plusieurs jours, l'enquête semblait avoir mis plus de temps que prévu.

Même si le confort à l’arrière d’un pickup était tout sauf confortable, Lucie et Ewias avaient dû voir l’utilité du quad au moment où le groupe s’était séparer d’Ariviane. Et autant il était encore un peu trop tôt pour en profiter pleinement dans le canyon, autant l’idée restait bonne si elle devait sortir du canyon. Un quad n’avait beau pas payer de mine, si course poursuite il devait y avoir il fallait que le poursuivant soit certain de son coup s’il voulait la continuer en dehors de la route sans crever un pneu et y laisser son bas de caisse.

«Marlon, tu peux aller faire une ronde pour vérifier les alentours?»

Si la formule de politesse restait présente dans la bouche de Lucie, ça sonnait plus comme un ordre et comme quoi la conversation ne le regardait pas. Abus d’autorité au vu de sa promotion ? Possible mais la magicienne n’était pas en tord : si les Sables veulent des rapports, ils suffisaient qu’ils lui demandent, pas un sous-fifre juste là pour servir de chaperon qui pouvait très bien dégueuler une information confidentielle le jour où il avait un coup dans le nez. L’homme ronchonna quelques peu avant de faire son tour le temps que la conversation se fasse assez rapidement.

Malgré le «enchantée» surjoué de Théia, autant Ewias que Lucie n’ont compris qu’il s’agissait d’une harpie, la prenant certainement pour une tribale qui avait élu domicile dans le coin. Il répondront de même avant de passer au sujet le plus important avant que Marlon ne revienne. Ils pourront toujours continuer la conversation une fois à Vegas.

«Un empoisonnement à l’hydrocarbure. Le souci de ce genre de race, le moindre produit chimique est un véritable poison. Je ne suis pas une experte en soin magique ou alchimie, Devon ne connaissait que les bases pour savoir de quoi il parlait et préféraient passer par des personnes tiers, quitte à donner lui même la formule comme paiement. Mais je peux essayer de chercher ça dans ses données et livres quand je rentrerais aux Sables mais le souci ici, c’est ton «trois semaines» qui ne me plait pas, ça a dû se mélanger avec la sève de l’arbre là où il aurait fallu tailler immédiatement atteinte quitte à ce que la dryade souffre sur le coup et ce, quitte à la neutraliser temporairement. Maintenant c’est trop tard.»

Ariviane avait pu le voir elle-même, Devon fonctionnait beaucoup par contact et service pour se concentrer dans des domaines qu’il maîtrisait réellement. Un point assez ironique quand on savait que les sorciers étaient mal vu aux Sables et ne devaient pas crouler sous le nombre. Avec sa disparition, Lucie devait passer pour une sacrée opportuniste vis à vis des mauvaises langues des Sables : le monsieur devait avoir un sacré carnet d’adresse en profitant de la situation de plaque tournante des Sables en plus d’avoir les avantages que lui donnait le Conseil des Sables et l’apprentie n’avait fait que se baisser pour ramasser l’héritage de son maître.

La technique du «taille-haie» faisait clairement parti des solutions extrêmes, voir même limite proscrite de là où Ariviane venait sous peine de mise à mort pour le peu que la créature soit considéré comme sacré. Mais faisant parti des moins extrémistes, l’elfe comprit le point de vue : quitte à estropié pendant plusieurs décennies une dryade, qui, de toute façon finirait par se régénérer après s’être rendormie, autant estropiée que de la laisser mourir et souffrir d’un empoisonnement. A voir comment l’elfe des bois allait le prendre.

«Elle doit avoir la dent dur ta dryade pour les vouloir vivants. Si les descriptions aussi bien des zigotos que du véhicule sont clairs, y a moyens que je vois ça avec le marchand de glace de Vegas. Car bon, comme je te l’avais dit : moins tu en dois à des mafieux, moins tu auras les mains liées.»

Lucie attendit que Marlon fasse le tour du côté du canyon avant de reprendre.

«Je ne pensais pas devoir fouiller un jour le linge sale et trouver le dernier t-shirt où je sais que mon Maître à transpirer... Mais oui, on a trouvé ce qu’il fallait. J’ai aussi eu une partie du fin mot de l’histoire. Le Capitaine Downing n’avait pas tord, Devon s’est foutu dans une belle merde: j’ai retrouver le rapport médical de Wilmard chez lui et quand j’ai voulu des explications au Docteur Levranf, il est devenu pâle quand il a vu que ce rapport n’était plus dans ses dossiers médicaux.»

Ah oui, maintenant Ari comprenait un peu pourquoi la conversation ne regardait pas le garde de Guz: ça craignait vraiment si ça s’apprenait. Elle conclut quand Ewias, d’un œil attentif, fit signe que Marlon avait fini sa petite ronde.

«On reparlera de ça à l’hôtel. Il y a quelques choses que tu veux récupérer avant de partir ?»

Il fallut un petit contre-temps d’une heure pour récupérer cette radio, juste le temps d’y envoyer Théia vu que tout était déjà démonter sur place. Lucie fut un peu surpris de voir que la femme n’était rien d’autre qu’une harpie. Selon les calculs de l’elfe, elle mit peut-être plus de temps que prévu le temps de narguer sa consœur, temps où elle put manger un sandwitch au jambon qui traînait dans une glacière du véhicule vu qu’elle avait réclamer. Certainement l’enca d’Ewias qui à côté d’une bouteille d’eau en plastique.

«Si elle est capable de se tenir à Vegas et ne pas trop s’exhiber, elle passera inaperçu. Parce qu’elle serait capable d’intéresser autant les mages qu’un collectionneur.»

Il y avait les Dasuza qui en serait capable... même si Ariviane estimait leur maître mage suffisamment intelligent pour dire aux grosses pontes de la famille que cela figurait dans les pires idées à la con de cette dernière décennie d’avoir un tel «animal de compagnie».

La radio finit par arriver une petite demie-heure plus tard, avec l’antenne au passage. Ewias y regarda assez rapidement pendant que Marlon descendait le quad du pick-up et rembobinait les fils de l’antenne.

«Je te le confirme, c’est réparable. J’irais voir Joanna pour lui louer une ou deux heures son établi. Mais oui, la récupération est rentable si c’est ce que tu veux savoir. Son ancien proprio prenait soin de son matériel dès qu’il y avait ne serait-ce qu’un peu d’électronique.»

Ariviane apprécia de retrouver son quad, cheveux au vent, avec derrière Théia qui profitait de la vitesse tout en étant sur le plancher des vaches comme elle aimait si bien le dire. Le trajet se passa sans encombre malgré quelques types louches qui semblait faire une pause «comme de par hasard» à la tombée de la nuit sur le bord de la route avec ce qui semblait être un vieux pick-up rouillé. Trois individus plus exactement. Des pillards? Ariviane les placeraient plus dans la catégorie «opportunistes» que truands. Ils avaient dû repérer le groupe au loin (Ariviane a repéré une paire de jumelles sur deux d’entre eux) et devant le nombre ils avaient dû juger les risques trop grands. Marlon aussi les avait repéré vu qu’il avait fait signe à Ariviane en montrant son fusil mitrailleur avec le signe de tête qui allait avec lorsque l’elfe passa à côté de la camionnette.

Le groupe finit par arriver à l’hôtel habituel quand la nuit finit par tomber, donnant à Vegas un air assez lugubre que l’elfe n’avait pas trop connu jusque là. Il y avait de la vie, certes, mais avec son lot de population louche. Heureusement elle n’était pas dans le pire quartier. Au parking privé, Marlon souhait bonne soirée au groupe avant de rentrer à pieds au comptoir. Quant au groupe, il demanda un repas rapide dans la chambre, sachant que la première réaction de Théia fut de sauter sur le lit en s’étalant dedans. Heureusement que ce n’était pas la chambre bas de gamme que l’on trouve un peu partout dans les Terres Désolées...

«J’imagine que tu as beaucoup de questions. Je pense aussi que tu vas me faire un topo de ce qui a pu se passer cette dernière semaine.»

Elle commençait déjà à fouiller dans sa sacoche pour trier quelques papiers.

Si quelqu'un cherchait à faire de Théia un animal de compagnie exotique, elle ne pouvait que leur dire bonne chance au vu du tempérament de celle-là, en plus des pouvoirs magiques innés qu'elle disposait. Évitons d'inviter le malheur, et ça au moins ça lui était entrée dans la tête malgré son problème avec l'autorité en général. Pas de confrontation en chemin même si ça avait pu dégénérer. Le nombre faisait la force et la vue de deux véhicules et le fait d'être en sous-nombre a dût les décourager. Le groupe était arrivé à Vegas au moment où les créatures sortent aussi, et la discrétion était la meilleure partie de la valeur encore là. L'idée de s'arrêter en chemin pour quelque chose à manger tomba à l'eau, l'elfe devra attendre le retour à l'hôtel pour éviter un caprice.

-Fais gaffe à pas faire ça dans n'importe quel lit, tu sais pas qui peut être passé par là avant.

Assez peu de chances d'avoir une surprise ici comme l'hôtel avait relativement bonne réputation, mais elle ne s'était pas aventurée à sortir une lumière noire et franchement parfois il valait mieux ne pas savoir. La scène était presque un peu mignonne en soi, mais n'oublions pas que son casse-croute préféré est les foies frais. Ariviane pouvait comprendre le sentiment d'une tribale à une autre en tout cas. Elle avait pas mal à discuter avant par contre alors elle devra se contenter de s'asseoir sur le bord du lit.

-On peut commencer par moi alors, j'en ai moins à dire je crois. Je continue à travailler ma relation avec Windy. Elle était intéressée par les harpies de la région alors j'ai plus concentré mes efforts là-dessus pour me rapprocher. Je suis plus paumée en ville alors avoir accès à ses contacts sera une bonne chose, en plus d'aider à nous financer quand elle aura besoin d'ingrédients. J'ai rencontré la cheftaine de la tribu principale, la soeur de Théia que voici. Je pourrai me balader sans me faire harceler par les harpies locales, alors c'est déjà ça de gagné.

J'ai fait une rencontre assez proche avec le prédateur apex de la région. C'est un très gros lynx du nom de Wred qui a clairement subit plusieurs mutations magiques en rapport avec l'arcane de lumière. Sans avoir visité les veines de magie locales encore, il y a des chances que ce soit lié si elles redeviennent de plus en plus actives. Pour les veines de magie, Lucie est meilleure mage que moi alors elle pourrait y découvrir bien plus que moi sur place je suis sûre. Le kidnapping nous as mis des bâtons dans les roues, mais il y a toujours un entrepôt gouvernemental et la cabine principale du garde-chasse à visiter aussi. Comme on a le temps qui presse je voyais plus ça comme des bonus. Maintenant qu'on est en ville je comptais m'équiper aussi pour avoir ma revanche sur Wred. Une créature magique capable de manipuler l'ombre devrait ramener un petit pactole avec la maître mage, plus j'ai quelques idées pour améliorer un peu mon équipement.

Ça concluait plus ou moins ses trouvailles. Peu de choses qui concernait déjà leur enquête qu'elle n'avait pas déjà expliqué avant de partir pour Vegas, mais des informations intéressantes néanmoins. Le financement ne serait pas un problème en ayant une maitre mage comme contact, et il y avait pire comme Windy comprenait plutôt bien le point de vue de la ranger.

-Okay, j'étais très curieuse sinon quand tu as parlé du dossier médical de l'autre Wilmard. Qu'est-ce qui a pu mettre le docteur dans tous ses états comme ça? Si elle a apprit qu'il a fouillé dans son passé, est-ce qu'on sait si c'est pourquoi elle l'aurait kidnappé comme ça? Est-ce que ça se sait chez les miliciens aussi?