Bienvenue dans le monde réel !

Le grand Berbu ne répondit que par un hochement de tête timide. Josh, définitivement le plus bavard des deux, reprit la parole presque aussi rapidement qu'il l'avait perdu.

"Oui, on sait conduire tous les deux. Berbu est bien meilleur pilote. Il conduit même les gros engins comme les camions et autres. Moi je sais, mais je ne conduis pas souvent. L'essence coûte trop cher et on se fait rapidement voler ses véhicules en général.

Pour l'otage, je sais pas trop. Ça peut marcher bien sûr mais si ça foire, on sera dans une sacré merde. Mieux vaut commencer par le matos et les vivres. Une fois ça en place, on s'occupera du véhicule. A moins qu'une trop belle occasion se présente à toi. Vu le bruit que fait une bagnole, mieux vaut être prêt avant de filer. En tout cas, essaye de tuer personne. Tu as l'air d'avoir un don pour faire clamser les vieux... Et pas de panique, même si tu tombes sur un mutant..."

Après avoir fini ses recommandations, insistant bien sur certains points, Josh se leva et se dirigea vers la porte du bungalow qu'il entrouvrit comme pour indiquer qu'il était temps de partir.

"Je te laisserais bien gouter un peu plus à notre hospitalité mais mieux vaut éviter qu'ils te voient par ici et avec nous. Évites aussi le shériff et ses hommes, ils auront peut être trop de questions à te poser..."

- Bien r'çu !

La jeune femme se leva et attrapa son sac à dos qui était resté sagement à ses pieds. Et tout en le remettant à sa place attitré, elle commençait à marcher vers la sortie.

- Pour les monstres, j'te garantie rien ! J'ai pas envie de d'venir comme eux ! J'tenterais juste d'les éviter, fait quand même chier, ma réserve de médoc va partir en fumée à s'rythme là ! Et pour le vieux, c'était pas ma faute ! Ce couillon a juste eu la trouille de mon flingue.

Lorevine se met à rire puis adresse un petit signe de main au grand/gros Berbu, autant l'avoir dans la poche celui là, il allait certainement être utile, tout autant que Josh à qui elle adressa un sourire des plus charmant.

- À plus tard !

Par la porte entrebâiller, elle jeta un coup d’œil aux environs, puis se faufila à l'extérieur. Maintenant, il lui fallait sortir de ce camp sans être trop vu, puis se rendre en ville... Sans être trop vu non plus, afin de faire ses repérages...
C'est donc avec méfiance qu'elle continuait sa route, rebroussant chemin afin de rejoindre les champs et donc la petite ville.

Josh et Berbu lui rendirent sont sourire. Lorsqu'elle entrouvrit la porte, la cour n'avait pas beaucoup changée. Elle se faufila rapidement hors du bungalow. A peine la porte claquée derrière elle, que les deux hommes entrèrent dans un débat. Les murs peu épais de la bâtisse sommaire ne pouvait pas arrêter les sons correctement. Même sans entendre, Lorevine pouvait deviner que ces deux gentlemen parlaient d'elle. Elle fut tenter d'écouter, mais cela n'avait pas vraiment d'importance non plus, elle pouvait aisément l'imaginer. Et puis, c'était un coup à se faire surprendre.

D'un pas de chat, elle traversa la zone des bungalows, pour atteindre un des nombreux champs de la ville. Le parfum du colza dans l'air lui évoquait l'odeur dégageait après un éternuement vaporeux. Cela lui donna envie d'éternuer. Ce qu'elle fit. Il ne manquerait plus qu'elle ne soit allergique à cette plante. Et si la plante était mutante ? Après tout, elle ne connaissait rien de cette culture...

Le champ atteignait à peu prêt ses hanches en hauteur. Elle ne pourrait pas les traverser à l'abri du regard. L'idée de traverser à quatre pattes. Elle chassa rapidement cette hypothèse. Finalement, le plus discret serait peut être d'agir le plus naturellement possible. Elle prit un chemin désert vers un des bâtiments de la ville.
La communauté n'était pas bien grande, elle arriva bien au coeur de la ville. Elle s'arrêta à l'abri d'un bâtiment pour observer avant de mettre un pas en plein milieu du plat.

L'architecture locale semblait mêler post-guerre et avant guerre. Des baraquements de tôle et de béton servait de locaux pour les habitants. l'ensemble des services semblait se concentrer ici. Des bâtiments plus épars devait servir de hangar pour les fermes et de logements. La ville au centre était bien vide au goût de Lorevine. Elle pouvait voir au loin l'activité des gens dans les champs. Des hommes en arme discutaient à l'ombre d'un arbre mort d’où une corde de pendaison se balançait. Vide pour l'instant.

En face, une jeune femme porte décharges des caisses depuis une sorte de charrette pour les rentrer dans un bâtiment avec une grande ouverture sur le côté. Cela ressemblait fort à un lieu de stockage ou un magasin.

Finalement, ce n'était pas si difficile que cela d'entrer dans cette ville. Bon... Si on oublie le passage entre les plantes mutantes... Beurk, c'est double dose de médoc que Lorevine va se prendre à sa prochaine pause. Et dés qu'elle le pourra, laver tous ses fringues, en même temps qu'elle même !

La jeune femme se mit en marche, logeant les bâtiments d'un air tout à fait naturel, comme si elle savait où elle allait. Ce qui était le cas, enfin, pas à proprement parler... Elle rejoint le bâtiment qui était en face d'elle, et, toujours avec un air de savoir précisément ce qu'elle faisait, elle y entra. Autant faire un petit repérage de ce qu'il y avait et de où ça se trouvait pour être plus efficace lorsqu'il faudrait voler tout ça. D'ailleurs, trouver une charrette comme l'autre devant avait serait pas mal du tout pour tout transporter.

Lorevine déambulait à présent dans le sorte de hangar, en regardant un peu partout pour trouver son bonheur, mémoriser un maximum de chose et repérer ce qui pourrait lui poser problème... Comme une surveillance physique accrue, un système de caméra...

Lorevine déambulait librement dans les "rues" de Sewel. Rue était un bien grand mot, qui plus est au pluriel car la bourgade ne semblait avoir qu'une place principale avec les principaux bâtiment en son centre et le reste un peu épars aux alentours de la ville. Les hommes près de l'arbre la regarder passer. Était-ce parce qu'elle était une belle jeune femme ou parce qu'il la surveillait. Difficile à dire. Les hommes posaient toujours leur regard sur elle. Même dans l'abri. Elle tenta de les regarder comme si de rien n'était. Elle ne reconnut personne parmi eux. Que des humains. Ils ne bougèrent pas pour le moment, se contentant de la suivre du regard.

Alors qu'elle tentait d'entre dans l'espèce de Hangar, la jeune femme rousse vint à sa rencontre. L'empêchant de rentrer immédiatement.

"Bonjour. Je suis Suzan. Propriétaire du magasin. Je peux faire quelque chose pour vous ? Vous êtes nouvelle en ville, non ? Je ne vous ai jamais vu. On a tout ce qu'il faut pour les gens de passages. Ou pour ceux qu'ils veulent rester aussi. "


Un magasin. Exactement ce qu'il fallait pour Lorevine. D'autant plus que ce devait être le seul de la ville.
"Je peux jeter un oeil ?" Demanda poliment Lorevine.

"Bien sûr. Passer entre les étagères et dites moi ce qui vous intéresse. On préfère le troc aux dollars mais vous n'avez pas l'air de transporter grand chose. Je vais continuer à décharger. Je suis à votre disposition si vous avez des questions."

Suzan semblait concerner par le faible potentiel de Commerce de Lorevine mais elle n'insista pas plus, retournant à sa tâche. Lorevine pouvait sentir son regard dans son dos alors qu'elle se baladait à travers le rayonnage.
Le magasin était correctement fourni. Beaucoup d'outils, de la nourriture, de l'eau, des jerricanes d'essences, des matériaux divers, quelques vêtements de facture banale. L'essentiel en somme mais aucune arme à feu ou autre chose du genre. Et surtout, aucun médicament ! Elle tomba tout de même sur des savons et même une bouteille de parfum.

Les systèmes de sécurités étaient sommaires. Pas de caméras. Le hangar se fermait par un simple volait armé d'un cadenas. Une porte dans le fond semblait donner sur une habitation. La propriétaire devait habiter juste à côté et la présence de la milice locale juste en face devait lui assurer une sécurité suffisante.

Les deux mecs lui avaient demandés du matos mais Lorevine ne savait pas vraiment ce qu'il fallait pour une évasion. Cependant, elle pouvait s'imaginer, ayant fait la route une fois, ce dont ils pourraient avoir besoin.
Nourriture et eau étaient les deux choses principales. S'ils trouvaient une voiture, l'essence pouvait être utile... Des outils ? Ça pouvaient toujours servir d'armes... De lancé ou non... Le savon, avec un peu d'eau était indispensable bien sûr !

Le soucis ensuite était pour transporter tout ça... En toute discrétion. La petite charrette de la roussette pouvait lui rendre service... Elle devait sûrement la ranger dans le hangar une fois les portes fermées.

Ouvrir le cadenas sans faire de bruit allait être difficile... Elle aurait eu un silencieux... Cela aurait changé la donne...
La jeune femme s'avance vers les outils, et commence à en prendre, histoire de voir ce qui pourrait lui servir à rompre le cadenas. Une pince coupante, ça pourrait être pas mal. Elle en prend, les observe, jugeant de leur état, comme n'importe quel acheteur pourrait faire, puis les repose.
Ce qu'elle veut ? Endormir la vigilance de la roussette, et en profiter pour planquer une bonne grosse pince afin de pouvoir entrer dans le bâtiment une fois la nuit arrivée.

Lorevine se tourna vers la vendeuse d'un air un peu sceptique.

- J'sais pas... Y a pas mal de truc intéressant mais c'qui m'intéresse c'est leur valeur au troc.

Elle posa son sac à dos à terre, s'accroupissant dans le même temps et l'ouvrit pour en sortir le flingue qu'elle avait ramassé un peu plus tôt.

- Tu prends des trucs dans c'genre ? Si oui, va falloir qu'on négocie sévère, si non, va falloir que tu m'dises qui ça pourrait intéresser.

Lorevine s'accroupit pour ouvrir son sac et exposer le peu de marchandise qu'elle avait. La commerçante eut un sursaut naturel lorsque la demoiselle brune exposa son pistolet à la jeune femme. Quand elle se rendit compte qu'elle n'était pas menacé, elle examina l'engin de plus près sans pour autant le prendre en main. Il n'y avait pas d'arme dans le magasin, cela ne voulait pas dire qu'elle n'en vendait pas. Peut être que la loi locale interdisait le port d'arme. Comme dans les abris, se balader armé dans l'enceinte d'un abri n'était autorisé que pour les membres de la sécurité. Et seul les officiers possédait des armes à feu. Lorevine n'avait jamais vraiment suivi cette règle mais l'extérieur était différent.

Exposer son manque de connaissance du troc n'était sans doute pas la meilleure technique, elle s'en rendit compte peu après mais c'était trop tard. De toute manière, elle n'y connaissait rien et ne savait si une arme à feu valait plus qu'une bouteille d'eau dans ce bled.
La rousse finit par se prononcer.

"Oui, j'achète de tout. Bien sûr, je ne vends pas d'armes directement mais je peux en acheter. Une arme peu toujours être intéressante mais cela ne vaut pas forcément énormément. On a suffisamment d'armes dans le coin, il y a des produits qui valent bien plus, comme les pièces mécaniques, les médicaments et les produits technologiques. Ce dont on manque en fait. Qu'est-ce qui vous intéresserez ?"

Lorevine se mit à sourire, elle reposa l'arme sur son sac, y engouffrant la main pour attraper une boite de médicaments de sa réserve personnelle. Et, accompagnée par une attitude légèrement provocante, elle se releva.

- C'qui m'faut... Humm...

Elle fit mine de réfléchir, tout en tournant en douceur la petite boite dans ses mains.

- De l'eau, de la nourriture, un peu d'essence et surtout un savon.

La jeune femme marqua une courte pause avant de reprendre la parole d'un air à la fois hautain et détaché.

- Ça devrait l'faire contre le flingue et... Une précieuse boite de médoc...

En bonne comédienne que Lorevine était, elle n'allait tout de même pas montrer sa surprise quand les questions concernant sa provenance arrivaient. Loin de se laisser désarmer, elle regarda négligemment la boite de médicament, ainsi que le pistolet, pistolet, rappelons le, qui ne lui appartient même pas ! Et il était certain que si cette arme avait été réellement à elle, elle l'aurait bien mieux entretenu et ne l'aurait certainement pas céder.

Voilà maintenant que la jeune femme se mit à feindre le mécontentement, fronçant les sourcils.

- Moi ? Propre ? Tu plaisantes j'espère ! Je pue la sueur, je suis couverte de poussière et de sable, c'est horrible ! Et je rêve d'une douche ou d'un bon bain bien chaud et plein de mousse ! D'ailleurs... Humm... Trois jours d'eau, ça me conviendrait plus. Bein oui... Si j'ai le savon, autant avoir un peu d'eau supplémentaire pour l'utiliser.

Un sourire séducteur, un petit clin d’œil et une petite remarque, histoire de tenter de déstabiliser la marchande.

- Avec quatre jours d'eau, je pourrais même te proposer de m'accompagner pour une petite... Toilette...

Lorevine est loin d'être intéresser par les femmes, bien qu'elle sait apprécier la valeur de celles-ci, mais elle ne pouvait pas s'empêcher de jouer sur l'art de la séduction ! Et il n'était pas facile, pour le coup, de savoir si elle était sérieuse ou non.

Au moins, elle avait gagné une journée supplémentaire d'eau, ce qui l'arrangeait grandement, non pas pour pouvoir prendre une douche mais, au niveau du trajet, avec ses deux futurs co-équipiés.
Lorevine tendit alors l'arme qu'elle avait trouvé un peu avant ainsi que la précieuse boite de médicaments.

- Marché conclu ! Euh, niveau livraison, c'est dans l'prix ? Sinon pas grave, j'devrais bien arriver à traîner tout ça, y a pas d'voitures à louer ici ? Ou un truc du genre ?

"Bon, je vais vous préparer tout ça."


"La livraison est gratuite. C'est pas comme si la ville était bien grande. Vous voulez avoir ça où et quand ? Sinon, je peux vous les mettre de côté en attendant que vous veniez les chercher. Ou alors faut les trainer avec vous. Pour la nourriture et l'eau, ça devrait aller mais pour l'essence. Je vais vous mettre ça dans un bidon de 20 L si vous voulez, mais c'est pas pratique à transporter."

Alliant le geste à la Pärole, la jeune femme rousse se mit en tâche de préparer les nouveaux biens de Lorevine. Elle ramassa soigneusement, l'arme et les médicaments.

Lorevine était maintenant l'heureuse propriétaire de 4 outres supplémentaires pour l'eau et d'un petit sac contenant des rations alimentaires (viandes séchées, fruits secs, fromage et petits pains). Lorsqu'elle amena l'essence dans un vieux bidon rouiller avec quelques traces de peinture bleue, Lorevine sut qu'elle ne se baladerait pas longtemps avec un tel engin.

"Une location, hein ? Je crois qu'on ne loue pas grand chose dans le coin. On échange. On a pas beaucoup de véhicules ici. La plupart des machines à moteur sont employées à la mine ou rattachée au shériff. Certaines personnes qui habitent dans des fermes éloignées possèdent des véhicules. Je ne sais pas trop qui pourrait vous dépanner dans le coin. Ha si, il y a un vieux ghoul à l'entrée de la ville. Saul Texas. Il pourra peut être vous aider. Il tient un petit garage pour dépanner les visiteurs et les marchands d'essence. C'est aussi lui qui gère la vente du bio-carburant pour Sewel. "

Par précaution, Lorevine fit quelques pas en arrière.

- Une ghoul ? Tu t'fous d'moi là ? Bon, c'est pas grave, j'viendrais récupérer l'matos dans une ou deux heures j'pense. J'peux trouver des armes de qualité où ? Et des munitions ? Pas envie d'me r'trouver en rade.

Enfin ça c'était surtout pour ses compagnons de voyage mais inutile de le préciser...
Elle avait bien une petite idée pour tenter de trouver un véhicule, avec un peu de bol, le vieux mort de la ferme de tout à l'heure devait p't'être avoir un truc du genre, et puis, comme il était mort, il n'en avait plus besoin ! Au pire, elle irait libérer les deux gus et ils se bougeraient le cul pour aller voir le... ghoul... En tous cas, hors de question qu'elle aille voir une de ces bestioles dégueulasse...

La rousse fit une grimace, mi compréhensive, mi étonnée.

"Non, je ne me moque pas de vous. Un ghoul. Un vrai. Vous autre de l'abri, vous en avez peut être jamais vu. Pas ce que la nature a fait de plus beau mais vu qu'ils sont d'avant guerre, ils en savent un bout. Très bien, je vous mets vos bien de côtés alors."

Elle réfléchit un instant sur la question des armes pour aboutir à une réponse à peu près claire.

"Des armes et munitions ? Elles sont distribués par le shérif de la ville ou par ses hommes. Je doute qu'ils en vendent. En général, ils achètent. Rarement l'inverse. Et même si vous arrivez à les convaincre, je ne pense pas que vous fassiez une affaire. Ici, armes et munitions valent leur pesant de cacahuètes. Mais ils accepteront peut être de vous cédez quelques munitions tout de même. Et je dit bien quelques ! Histoire de pas laisser une femme seule dans le désert sans rien pour alimenter son pistolet. Essayez le bureau du shérif. S'il n'est pas là, l'un de ses adjoints fera l'affaire."

Lorevine avait deux choix principaux s'offrant à elle, entre trouver un véhicule ou se soucier des armes. Le bureau du shérif n'était pas loin d'après les détails que lui donna la marchande lorsqu'elle lui demanda. Elle pouvait aussi faire du repérage sur ce Ghoul et son taudis ou bien chercher le logement du vieux clamsé, voir s'il n'avait pas de véhicule.

Qu'il en savait un bout ou non, Lorevine s'en fichait bien, hors de question pour elle qu'elle aille gambader dans la merde d'une de ces créatures mutantes dégénérées et moisies. Ark !
Quand au shérif... Elle avait déjà vu à quoi il ressemblait, ou du moins, le pensait-elle... Un mutant lui aussi. Et rien que de savoir que ses bureaux infectés n'étaient pas très loin, la jeune femme allait avoir une poussée d'urticaire ! Elle s'empressa de sauter sur une boite de médicament de son sac et s'avala deux pilules. Quel horreur...

Par contre, une petite idée se dessina dans son esprit. Un plan qui lui permettrait, de se procurer des armes sans avoir à payer... Un truc de femme qui marchait à tous les coups. Une mission qui pour elle, actrice et séductrice, allait aller comme un gant.

Avec un sourire elle s'adressa de nouveau à la commerçante.

- Les hommes du shérif, y en a pas qui sont humains et non contaminés ? Dans une tite ville comme ça, certain doivent s'sentir un peu seule, si tu vois c'que j'veux dire. Après les montres qu'j'ai vu dans l'désert là, j'ai b'soin de la compagnie d'un beau mec, sympa et avec qui j'me sentirais en sécurité l'temps d'une tite halte ! Et si t'en connais un, tu saurais où j'peux l'trouver ? Enfin, hors d'son boulot bien sûr, j'voudrais pas les déranger pendant qu'ils bossent, c'est pas très poli...

Un rictus de dégout s'afficha brièvement sur son visage juvénile. Lorévine pouvait aisément deviner les pensées de la jeune commerçante. (Mais c'est qui cette salope). Les cours dispensaient dans l'abri étaient clairs sur le sujet. Les faveurs sexuels et la prostitution étaient devenus, après la guerre, la principale force, source de revenue et de survie des femmes sur les terres dévastées. Et la vertu féminine n'avait pas grande valeur économique. Malgré cela, il semblait que les cours n'étaient pas tout à fait exact. Puisque apparemment, toutes les femmes ne pratiquaient pas ce genre de commerce. Où du moins, pas consciemment.

"Heu... La plupart des gars rentrent chez eux quand ils ont fini leur boulot. Tout simplement. Certains vont boire un coup au petit motel, discuter avec les étrangers pour connaître les nouvelles de l'extérieur. Je sais pas trop. J'ai mon mari, moi. Ça me suffit."

Cette dernière phrase n'avait rien d'informative. Elle n'était dite que pour affirmer qu'elle avait un peu plus de vertu que Lorévine.
La réponse n'était pas très complète et pas très convaincante. La jeune commerçante ne souhaitant visiblement pas s'étendre sur le sujet ou fournir plus d'informations que nécessaire à la brunette venue de l'Est.

Mais Lorevine ne prêtait nullement attention aux grimaces de la commerçante, elle avait son plan en tête et qu'importe ce qu'on pouvait penser d'elle et de ses questions. Au moins elle obtenait des infos...

- Ok, merci ! Bein à tout à l'heure dans c'cas !

La jeune femme se détourna, tout sourire, accompagnant sa démarche de son déhanché provoquant. Elle sort du hangar, et se dirige directement vers les gardes qui étaient en poste et qu'elle avait pu voir un peu auparavant.
Lorevine se mit à sourire, et s'arrêta près d'eux.

- Salut ! Dites, vous pouvez p't'être m'aider. J'viens d'arriver et j'suis un peu paumée là, il est où l'motel ?

Deux gardes restaient dans le coin. Deux humains, apparemment normaux. Le premier avait une vague allure de cow boy avec son jean délavé, sa chemise crasseuse, et son chapeau ondulé vissé sur la tête. Une barbe de plusieurs indiqué que son idée de l'hygiène personnel ne dépassait pas un rasage par semaine. Il chiquait une patte brune comme une vache rumine son herbe exposant sa dentition gâtée à qui avait assez de courage pour le regarder. Grand et mince aux yeux verts, les traits droits, bien dessinés, il aurait pu être bel homme dans un autre lieu, autre endroit.

Son compagnon, plus petit, plus moustachu et plus bedonnant semblait plus abordable. Son teint rougeaud trahissait son amour de la bibine. Il était simplement vêtu d'une casquette, d'un T-shirt kaki délavé et troué et d'un pantalon de toile remonté jusqu'au dessous du genou pour aérer les gambettes. Yeux bruns et faciès rond, quelques soit le lieu et l'époque, cet homme n'aurait jamais était un tombeur.

Ils étaient tous les deux armés avec des carabines. Ils ne mirent pas longtemps à remarquer la fraîche jeune fille se déhanchant dans leur direction. Le grand crachat sa chique lorsque Lorévine leur adressa la parole. Le petit gros lui répondit.

"Et ben, le motel, c'est par là. "

Il désigna un bâtiment du doigt.

"Perdue, hein ? C'est pas bien grand ici, comment qu'on peut se perdre ? " Ajouta le grand chiqueur. Avec un sourire ravageur et ravagé. T'es sûr que tu veux de l'aide pour aller au motel ? Tu veux pas de l'aide pour autre chose par hasard.

Lorévine s'attendit à un clin d’œil appuyé mais le grand se contentait de la fixer.

Mouais... Ils étaient pas très futés dans le coin... Cela venait certainement de la mine qui n'était pas loin... Lorevine devait faire vite, elle ne devait pas rester dans le coin trop longtemps si elle ne voulait pas que le même sorte lui soit réservé... Beurk...
L'envie de prendre un médoc était forte mais la jeune femme réussi à se retenir et à se concentrer sur la mission qu'elle s'était donnée.
Alors que le petit lui montra un bâtiment, elle se tourna directement vers l'endroit désigné puis revint sur les deux compères... Et leur adressa un sourire des plus charmeurs.

- Pour tout vous avouer, je viens d'arriver et je connais rien ici, même si, comme vous le dites, c'est pas très grand. Et... J'avoue également qu'avoir un guide, ça m'aiderait bien, quelqu'un qui connaît les lieux, les gens et surtout le système qu'vous avez pour payer... La valeur des choses pour vous et tout...

Elle fit une pause et posa une main sur sa hanche un peu trop déhanchée.

- Et faut bien qu'j'aille au motel... Pour pouvoir me reposer, sauf si vous avez un meilleur endroit à m'proposer, un endroit plus calme. J'ai traversé le désert pour arriver ici, et ça m'a vraiment fatigué... J'ai mal tout partout ! Vous connaissez pas, par hasard un super masseur ? Humm, un bon massage après une bonne douche.

À son sourire enjôleur, elle ajouta des joues légèrement rougissantes, il fallait bien sortir le grand jeu !

- Pardon, je divague, je suis tellement fatiguée que je s'rais encore capable de me tromper de bâtiment.

Elle regarda autour d'elle en plissant un peu le front dans un air de réflexion et de sa main libre se gratta la tête.

Le grand cow boy cracha deux fois lorsqu'elle parla de massage.

"Ouep. Elle a raison la poulette. Il lui faut un endroit bien plus calme que ce maudit motel. Pas un endroit sûr. Pour sûr. Plein de voyageur. Qu'on sait pas trop ce qu'ils feraient à une zolie dame comme toi, louloute !."

"Ouep !"

Je peux t'emmener dans mon petit coin de "paradis" si ça te branche. Je te ferais un bon massage digne de ce nom et tu pourras te reposer gratos. GRA-TO-SU. Moi, je te le dis. Il appuya son gratossu d'un clin d’œil appuyé. (Le voila enfin ce clin d’œil.)

"Heu et moi alors ! Je suis un bien meilleur masseur que ce grand con !"

"T'y connais rien toi. T'as pas touché une femme depuis belle lurette."

"Toi non plus ! Les chèvres ça compte pas !"

Le grand lui donna un bourre pif digne de ce nom laissant le petit gros s'étaler par terre. Il tendit le bras à la dame dans un geste faussement gentleman.

"Je t'emmène alors ? L'écoute pas. Y a pas de chèvre à Sewel."

Son appât fonctionnait, en même temps cela n'était pas vraiment difficile... Elle en avait dompté des plus réticent !

Elle aurait certes préféré avoir les deux carabines mais une devra faire l'affaire... Et puis, entre un qui conduit, et deux qui tirent, ils devraient pouvoir s'en sortir...

Lorevine adressa un regard désolé au gros par terre avant d'attraper le bras de sa proie et de retrouver le sourire et le ton de la conversation.

- Merci beaucoup, c'est très gentil d'accepter de vous occupez de moi, c'est comment votre petit nom ? Le mien c'est Laura.

Autant ne pas donner le vrai...

- Et ça fait longtemps que vous êtes ici ? Vous faites quoi ? Vous êtes des gardes c'est ça ? Un peu comme de la police ? Ça doit être excitant comme métier ! Vous avez beaucoup d'armes comme ça ? Vous avez déjà tiré sur quelqu'un ? La ville est assez calme non ?

Le grand benêt réajusta fièrement son chapeau sur son chef mal lavé. Son sourire, noirci par une pratique trop intense de la chique, tenta d'illuminer son visage. En vain.

Bras dessus, bras dessous, il la guida vers une zone avec des cabanes en tôles. Ce qui devait être la zone résidentielle locale. Rien de bien ragoutant.

"Leon. C'est ça mon petit nom. C'était le nom de mon grand père. Pas mal, hein ? Laura. J'aime bien."

Lorsque Lorevine invoqua son travail de garde, il bomba le torse involontairement.

"Ouep. Pour sûr que c'est pas un job de tout repos. Avec tous les enfoirés qui veulent notre fuel. Il y a quelques semaines on a repoussé une attaque de mercenaire. Je peux te dire que c'était un sacré bordel. Il fallait des couilles la !! J'ai perdu plusieurs potes mais je leur ai fait payer, t'inquiète pas poulette !"

Leon aurait pu continuer sur sa lancée un bon moment mais le "couple" arrivait déjà à destination. Une mauvaise cahute en tôle et en bois avec quelques bloques de pierre placés à des endroits stratégiques pour maintenir l'ensemble. Ce n'était pas bien grand. De quoi dormir, cuisiner et c'est tout. Pas étonnant que Leon passe plus de temps à chiquer qu'à pratiquer des activités d'homme au foyer.

"Voila, c'est la. C'est simple mais c'est pas mal."

La porte n'était pas fermée. L'intérieur était effectivement très simple. Du matériel de cuisine dans un coin, vaguement rangé, vaguement propre. Une étagère avec des réserves de nourriture et d'eau, un petit meuble pour ranger les effets personnels du monsieur et une paillasse assez large pour se rouler dans un sens comme dans l'autre pendant la nuit.