La terreur pas si terrifiante du Centre

Contrôler la lumière? Être capable de se rendre invisible? Elle aurait peut-être accueillit la nouvelle avec un peu plus d'enthousiasme si elle n'était pas totalement terrorisée. Effectivement, il n'en fallait pas beaucoup pour effrayer une enfant de son âge, c'est un fait. Si ça n'appartenait qu'à elle, elle ferait bien une crise dès qu'elle le pourrait pour éviter leurs "expériences". Elle le ferait si ce n'était du fait qu'elle devait tenter de jouer les gentilles petites filles pour arriver à les mener à baisser leur garde. D'ailleurs, ce ne devait toujours pas être le cas avec José vu son petit conseil, et il ne la baissera sans doute jamais envers elle. Il devait plus avoir son bras qui risquerait d'être coupé en tête en disant cela.

Elle avait pu y repenser un peu plus sérieusement quand elle retrouva un esprit un peu plus clair. Elle prit la peine de prendre ses cachets cette fois. Personne n'aimait faire des cauchemars il fallait l'avouer, et elle allait sans doute en faire pour les jours à venir. Elle essuya ses joues encore humides à cause de sa petite session de torture. Si ça continuait comme ça, elle allait avoir des traces sur les joues c'est presque certain. Elle ne dit une fois de plus pas mot quand le larbin était passé. Vu comment elle arrivait aisément à lui faire croire qu'elle prenait ses "médicaments", elle ne devrait pas avoir trop de mal pour lui prendre sa carte. Par contre, elle aurait besoin d'une diversion. Elle n'avait jamais vraiment joué les pickpockets, mais il était sans doute une bonne cible pour apprendre. S'il continuait à dire ses idioties, c'était qu'il devait se sentir bien à l'aise et en sécurité. Elle n'aurait probablement qu'à simuler une bette un peu plus triste que d'habitude et demander un câlin de réconfort pour lui piquer la carte en douce. En tout cas, ça irait pour plus tard, car les cachets commençaient peu à peu à faire effet. Elle avait à peine eut le temps de se préparer à aller se coucher avant que son esprit soit trop embrouillé.

Allons bon, s'emparer du passe du jeune homme fut beaucoup plus facile et rapide qu'elle ne l'avait anticipé. Probablement parce qu'il devait se dire qu'il n'y avait aucune chance que la petite Sierra puisse le lui voler. Dommage que l'on pense généralement qu'une chose est impossible jusqu'à ce qu'elle se produise. Elle l'avait au moins, c'était l'important. Sinon, elle devrait vite penser à s'en servir avant qu'ils ne se rendent compte du subterfuge, et surtout parvenir à passer inaperçu avec les outils. Et puis zut, elle ferait comment pour les amener jusqu'à lui? Elle ferait mieux d'aller voir le nain à nouveau pour lui dire qu'elle a un moyen d'atteindre les outils qu'il cherche, lui et ses amis pourraient bien l'aider à mettre la main dessus s'ils savent qu'elle a un laisser-passer des employés à sa disposition. Malgré tout, rien ne pressait vraiment comme il lui avait dit. Elle glissa Hors du champ de vision des caméras le passe dans l'un de ses livres où il devrait être en sécurité, histoire que l'un des gardiens ne tombe pas dessus si jamais elle viendrait à être fouillée.

En fait, il lui passait toujours le cas de l'adolescente par la tête. À bien y repenser, ça aurait sans doute été un peu rapide d'aller la voir hier, mais plus elle attendait, plus cela l'intriguait. Lui avaient-elle faite le même coup qu'on lui avait fait? Elle en doutait un peu, elle ne semblait pas avoir le même besoin d'aller en dehors qu'elle, mais sait-on jamais. Si elle n'arrivait vraiment pas à la trouver, elle pourrait aller voir son nain plutôt. Maintenant qu'il y avait eu premier contact, il sera sans doute plus facile d'approche. On pourrait s'imaginer que ce serait facile pour elle, mais c'est loin d'être tout le monde au centre qui apprécie se tenir avec une enfant. Le seul avantage qu'elle avait d'être aussi jeune ici, c'était que les gens ne faisaient pas trop attention à elle quand elle se promenait à l'intérieur du centre. Enfin, tant qu'elle se trouvait dans les endroits qu'elle fréquentait normalement.

C'était à croire qu'ils ne surveillaient rien du tout dans ce centre pourri. Au final, ce fut facile pour elle de s'y rendre, mais encore fallait-il qu'elle puisse arriver à tout ramener sans se faire pincer. Elle ne se serait pas vue trimbaler toute une grosse boîte à outils seule à travers le Centre. Elle prit avec elle les petites pochettes d'outils pour le dissimuler de son mieux dans ses poches. C'était une bonne chose de faite. Intriguée, elle se saisit du taser et de sa batterie. Elle avait déjà vu les gardiens s'en servir à quelques reprises, et avait en conséquent une petite idée de leur efficacité, bien qu'elle n'était pas vraiment certaine d'arriver à pouvoir le faire fonctionner sans s'électrocuter avec. Ça ne pouvait pas être trop compliqué sinon. De ce qu'elle avait vu, il suffisait de le mettre contre la peau d'une personne et appuyer sur le bouton pour qu'elle se mette à gesticuler en raison du choc.

Elle ne voulait pas s'encombrer de lampes torches, et ce cahier rempli de notes aurait pu être intéressant si elle savait vraiment lire. D'accord, elle savait reconnaître les lettres et quelques mots déjà, mais pas au point d'être capable de lire quelque chose de beaucoup plus compliqué comme ça. Elle le laissa donc là. Elle hésita un moment à prendre le passe du gardien. Elle en possédait déjà un, et tous les laisser-passer qui disparaissent, ça risquerait de provoquer des questionnements. Tant pis, elle pouvait toujours le prendre puisqu'il pouvait sans doute ouvrir plus de portes que celui des simples employés.

Curieuse de voir les tiroirs du bureau verrouillés, elle essaya de les ouvrir à l'aide des clefs qu'elle venait de trouver. Le passe pouvant déjà lever des soupçons, elle ne se risquerait pas à emmener les clefs avec elle en plus. S'ils n'étaient pas trop encombrants et qu'ils se cachaient bien comme le reste, elle pouvait bien prendre également avec elle l'un des appareils d'électricien pour le nain. Elle ignorait si ça pourrait lui être utile, mais autant en profiter alors qu'elle était là. C'est avec tout ce beau petit butin qu'elle pourrait aller retrouver ce nain au plus vite, car si elle se faisait pincer avec tout ça sur elle, elle n'avait pas du tout envie d'imaginer les conséquences. Elle ne lui parlerait cependant pas du taser. Ce collier lui empêchant de se défendre d'aucune façon, elle pourrait toujours se protéger avec ça. Elle n'avait pas que les gardiens de qui elle devait se méfier, aussi étrange trouvait-elle cela. Certains des "pensionnaires" ici avaient les mains parfois baladeuses. Elle avait réellement envie de se débarrasser de ce foutu collier.

Elle avait déjà passé bien assez de temps dans les parages. Plus elle y restait longtemps, et plus elle risquait de se faire pincer, et elle n'avait pas du tout envie de se faire prendre. En fait, elle était si nerveuse qu'elle avait la bouche sèche et quelques sueurs froides. Elle pouvait bien sentir son coeur battre très fort aussi. Elle laissa la caméra là où elle était, car elle était trop grosse pour pouvoir l'amener discrètement. C'est ballot, elle n'avait pas son sac à dos sur elle. D'ailleurs, si la sécurité se gardait de trop la fouiller en raison de son âge, ils ne se gênaient absolument pas pour un sac. Les clefs ne semblaient pas bien utiles puisque le Centre semblait davantage tourner autour de ces cartes magnétiques plus qu'autre chose. Elle reposa donc les clefs à leur place. Elle conserva tout de même la carte mémoire sur elle, puisqu'elle était beaucoup plus facile et dissimuler. Elle tenta de bien se dépêcher avant de refermer le tiroir. Elle ne voulait pas vraiment s'éterniser, surtout avec tout ce qu'elle avait sur elle. Chacun de ces objets pouvaient lui valoir une sale punition si elle se faisait prendre avec, alors quand on pense qu'elle en avait tout plein sur elle...

Elle tendit l'oreille un moment pour vérifier s'il n'y avait pas de pas tout près. Entrer s'avérerait tout aussi périlleux qu'entrer. Après s'être assurée avec le son, elle jeta un coup d'oeil timide dehors afin de s'assurer visuellement cette fois. Une vraie voleuse en herbe qu'elle était on dirait. Elle avait bien hâte de retrouver le petit homme afin de lui remettre les objets précieux. Elle comptait par contre conserver le taser et la carte mémoire pour elle. Même si elle ne pourrait pas voir ce qui se trouve sur la carte, il y avait sûrement moyen une fois à l'extérieur de cet endroit. Le taser, quant à lui, lui serait beaucoup plus utile à elle qu'à lui. Ce nain était bien costaud lui, alors qu'elle était toute chétive. Tout ce qu'elle avait en tête, c'était de le retrouver à présent. S'il y avait quelqu'un qui pourrait lui enlever ce collier qu'elle portait, alors ce serait lui, ou du moins le désactiver tout simplement. Elle brûlait carrément d'envie d'essayer cette "magie" dont tout le monde parlait et dont ils semblaient avoir si peur. Enfin, ils pourraient voir aussi que ses amis sont bien réels, et non le fruit d'une imagination trop fertile de sa part. Ils regretteraient tout ce qu'ils lui ont faite subir, ça elle le se jurait.

Quand elle crut un instant qu'elle venait de se faire pincer, Sierra eut bien la peur de sa vie l'espace d'un instant. Cette saleté de collier venait encore lui faire des siennes. Vraiment, ils auraient dû y penser avant de faire en sorte qu'il lui fasse cela surtout si la peur pouvait aussi le déclencher. Elle est sensée faire quoi si elle a réellement besoin de se défendre? Bien entendu, ils ne devaient pas y avoir pensé ceux-là. C'est surtout à leurs fesses qu'ils pensent avant tout, pas à son bien être. Ils l'auraient laissée partir depuis longtemps si c'était le cas, ou au moins la traiteraient avec plus d'égards. Une fois de plus, elle éprouvait de l'inquiétude à l'égard de Lili. C'était l'une des rares personnes ici qu'elle connaissait au moins de vue dont l'âge approchait du sien. Cette rencontre surprise terminée, elle se souvint qu'elle ferait mieux de refermer la porte du cagibi, histoire d'éviter de presser sa chance encore davantage.

Retrouver ce nain une deuxième fois se prouvera être tout aussi difficile que de le trouver la première fois. Pourquoi ce serait absolument elle qui devrait le trouver d'ailleurs? Elle avait fait tout le plus difficile par elle-même. Elle en était venue à pouvoir l'approcher une première fois au moins, elle devrait dont pouvoir le faire une deuxième fois en tout logique. Elle ne pouvait cacher le fait qu'elle était excitée à l'idée que peut-être l'on pourrait lui enlever cette saleté de collier autour du cou. Elle se faisait un plaisir d'imaginer leur tête en se rendant compte qu'elle pourrait faire tout ce qu'elle voulait. Encore avec l'ancien collier, elle pouvait bien en tuer un ou deux avant qu'elle ne soit maîtrisée, mais maintenant ils seraient tous à sa merci en quelque sorte, et elle ne comptait pas leur accorder la pitié. Eux-mêmes ne l'avaient jamais fait, alors ce n'était même pas la peine de demander. Si sa présence dans la cafétéria pourrait lever des soupçons, elle pourrait toujours l'intercepter à sa sortie. Il devait rester encore amplement de temps avant la fin du dîner. Peut-être devrait-elle en profiter pour rendre une visite rapide à Lili, histoire de s'assurer de son état. Qui sait, peut-être pourrait-elle confier ce qui se préparait à elle aussi.

La cafétaria sera le premier choix, Sierra n'étant pas vraiment confiante de se promener avec des outils. Pas grand monde de présent, quelques loubards qui discutent à parts, le nain accompagné de deux de ses "potes", se contentant de jouer aux cartes à une table ainsi qu'un gardien. Ce n'est pas l'heure de pointe comme on dit dans le jargon. Pas vraiment présentable vu qu'à part le nain qui est court sur pattes (comme un nain quoi...), les deux autres sont limite affalé les deux pieds sur la table. Lorsque Sierra arrivera sur place, l'un des gardiens semblait leur avoir fait la remarque, remarque complètement ignoré même si il ne sera fera pas envoyer promener. Les deux se tutoie, Zorkan semble le connaitre là où les gardiens n'hésitent pas à faire un excès de zèles dès que les prisonniers oublient les bonnes manières.

Sierra ne passa donc pas inaperçu en arrivant, Zorkan se contentant de lever les yeux de son jeu de carte. La gamine, il n'est pas censé la connaitre et il fera en sorte que ça soit bien le cas. D'ailleurs les deux loustics ne semblent même pas être au courant du petit arrangement entre Sierra et lui.

-Hep Zorkan, ta clientèle elle se rajeunit on dirait. Héhé.
-Fait gaffe Jojo, il parraitrait qu'elle a décolé le cerveau d'un stagiaire il y a 3 mois.
-Bof, pour ce que ça vous sert vous ne risquez pas grand chose...

Quelques ricanements certes déplaisants mais ça pourrait être pire. Le nain en reviendra à la gamine.

-Oui qu'est c'tu veux gamine? Il me semblait que l'aile Est n'avait pas besoin de "ticket resto" mais buziness est buziness. Vous pouvez aller voir ailleurs les mecs?
-T'as peur de quoi Zorkan? Que l'on troque des clopes contre des paquets de chips pour te voler ta cliente?
-Très drôle... Aller foutez le camps, je regarderais pas vos jeux.

Les lascards parti, il invitera Sierra à s'assoir, se contentant de jeter un coup d'oeil au gardien, un sale coup d'oeil vu qu'il sait que cette histoire d'outil est trop importante pour que ça s'ébruite.

-Tu peux parler gamine. Billy et moi on a ce que l'on peut appeler un petit arrangement... Enfin ça c'est comme tout par ici, jusqu'au jour où j'y reste lors d'un test ou que l'on ne soit pas d'accord sur un marché et qu'il m'ignore pendant que je me fais latter dans un coin. Qu'est ce que tu veux exactement?

Parler librement, parler librement... Pas vraiment le cas mais au moins elle a été mise au parfum par le nain. Soit il va falloir trouver la bonne option pour le faire sortir de la pièce, soit bien jouer son coup pour passer les outils discrètement. Si le gardien peut écouter vu le peu de monde dans la cafétaria, les transactions il ne pourra pas très bien les voir de là où il est, il est trop loin pour y voir correctement.

Quand les deux autres détenus étaient passés près d'elle, Sierra se fit aussi stoïque que pouvait l'être une jeune fillette de cinq ans devant deux criminels endurcis par la prison. Elle les regardèrent partir en leur tirant la langue quand ils furent de dos. Elle n'aimait pas vraiment se faire traiter de gamine après tout. Elle ignorait un peu ce qu'ils voulaient dire par clientèle. Le nain vendait quelque chose probablement, mais quoi au juste? Elle attendit que les deux autres soient réellement partis de la cafétéria pour s'asseoir. Il devait être clair qu'aux yeux du garde, Sierra ne devait pas être venue le voir pour des drogues. Trop jeune encore pour s'intéresser à ce genre de choses. Un paquet de chips aurait sans doute plus de succès qu'un paquet de cigarettes auprès d'elle comme l'avait dit l'un d'eux en partant.

Elle était un peu mal à l'aise de se trouver ici, et avec raison. Elle baissait légèrement la tête en jouant avec le rebord de sa jupe. Elle ignorait ce qu'il fallait dire dans ce genre de situation il fallait dire. Autant faire croire que ce qu'elle voulait, c'était justement des trucs de son âge. Après tout, une barre de chocolat devait aussi avoir son succès chez certains détenus adultes, mais autant garder ça si le garde devenait trop suspicieux. Le seul qui avait la décence de lui en apporter parfois était parti récemment après tout. Sans chuchoter pour autant, elle répondit d'une voix un peu faiblarde. Sans doute assez forte pour que le garde sache qu'elle parle, mais pas assez pour qu'il comprenne vraiment ce qu'elle dise. En même temps, pas besoin d'extrapoler beaucoup, le nain devait avoir une idée assez claire de ce pourquoi elle était venue le voir.

-J'ai ce qu'il faut...

Elle saisit une fois de plus son collier. À force, ça allait sans doute devenir un tic nerveux ou quelque chose du genre. Elle ignorait si des outils aussi basiques allaient lui être d'une quelconque utilité, mais elle n'aurait pas réellement pu traîner avec elle une boîte à outils entière, non? C'était déjà une sacré prise pour qu'elle soit parvenue à le faire en si peu de temps.

-Avant de vous les donner, vous promettez de pouvoir m'aider avec... Ça?

Une promesse ne valait pas grand chose en ces murs, mais ça, elle devait l'ignorer encore. La pauvre avait encore la tête à moitié dans les contes de fées comme beaucoup d'autres enfants de son âge. Néanmoins c'était toujours mieux que rien. À coup sûr, des yeux faisant un peu penser à ceux d'un chien battu parvenait le plus souvent à attendrir au moins un tout petit peu certains, même si c'était rarement entièrement.

Elle fixait le gardien, gardant toujours en tête le taser qu'elle avait toujours sur elle. Elle était consciente que les gardiens pouvaient souvent se montrer être davantage des menaces qu'une sécurité pour eux, et elle n'hésiterais pas à lui balancer un petit voltage en souvenir des fois qu'elle avait été électrocutée plutôt. Elle fut tout de même bien contente de le voir partir sans qu'il n'y ait là d'incident, bien que peut-être un peu déçue? Il ne fallait pas se leurrer, la petite Sierra avait perdu une bonne partie de son innocence en même temps d'apprendre à la dure que les gens n'étaient pas éternels.

Si elle était d'abord très contente de savoir qu'il pouvait lui donner un coup de main avec cette saleté de collier, elle fut ensuite un peu mitigée quand il lui avoua combien de temps il lui faudrait pour l'enlever enfin. Il fallait comprendre que pour une enfant de son âge, six mois pouvaient paraître très long déjà, alors deux ans, c'était carrément une éternité à ses yeux. Ça en faisait encore un autre qui lui disait d'être patience, et ce fut une fois de plus qu'elle ne voulait pas se montrer patiente. Elle en vint cependant à en penser un peu différemment. Elle ne pouvait pas nier que, justement, c'était grâce à ces tests qu'elle détestait tant qu'elle savait que quand elle se mettait en colère, il y avait des choses autour d'elle qui se mettaient à brûler, et que quand elle avait peur, elle devenait en quelque sorte invisible. Si elle comprenait bien, toutes ces choses se produisaient quand elle en avait eu besoin. Le feu quand elle avait eu envie de détruire, et cet espèce de camouflage quand elle avait ressenti le besoin de disparaître en quelque sorte. En quelque sorte, ils lui apprenaient comment contrôler ces... Particularités, même si c'était un peu malgré eux semblait-il.

Les possibilités ne manquaient pas en effet, et trouver des passe-temps pouvaient se montrer être une option. Il fallait dire qu'elle ne s'impliquait pas énormément socialement. Elle pourrait en apprendre plus sur ces lieux ainsi effectivement, mais restait-il encore vouloir en savoir plus. Elle pourrait bien apprendre deux ou trois trucs en faisant un peu de bricolage, certes, et puis elle n'avait même pas encore finit d'apprendre à lire sacre bleu! Le plus important restait sans doute d'en connaître plus sur ce qu'elle était capable de faire. En un sens, ces recherches lui seraient aussi utiles à elle qu'à eux. Il y avait de quoi être curieuse quant à ce dont elle pourrait être capable.

-Ne me parle pas du directeur... Si ça ne tenait qu'à lui, il aurait demandé à l'un de ses gardiens de me fusiller. Pour lui je suis qu'un genre de... C'est pas important.

Elle serra très fort des dents quand il le mentionna. Faire ami-ami avec lui, voilà qui se montrerait aussi difficile d'un point de vue pratique que par principe. Même si ce serait pour pouvoir lui faire la peau plus tard, elle se voyait très mal se mettre à lui cirer les pompes sans que ça aille l'air suspect. Il serait probablement moins suspicieux de la voir vouloir le brûler vivant que se montrer prête à pactiser. De plus, il y avait la haine qu'elle lui portait, et qui était réciproque sans doute, qui ajoutait au problème. Malgré tout, ce pourrait être un défi intéressant à relever. Comme le nain disait, elle n'était qu'une gamine à leurs yeux, alors probable qu'elle arriverait à leur faire avaler un changement d'attitude si elle semblait vraiment leur faire croire qu'elle avalait le fait qu'ils fassent ce qu'ils font pour l'aider. Elle s'essuya en vitesse les yeux du dos de la main en se rendant compte qu'ils devenaient humides à penser à ce salaud. Elle finit par soupirer, l'air un peu abattue.

-D'accord, je vais attendre, mais je sais que si je me débarrasse pas de ce collier, alors c'est ce collier qui va finir par m'avoir... Puis après, y'a peu de gens qui acceptent de me parler déjà... J'y ai jamais gagné grand chose à être violente, alors ce serait peut-être pas stupide d'avoir une autre approche.

Elle a toujours été d'avis que tout le monde la sous-estimais à cause de son âge. À bien y repenser, c'était probablement elle qui faisait erreur en fait. Rares étaient les victoires qu'elle avait pu remporter face à eux du plus loin qu'elle pouvait se le rappeler. Ils étaient plus nombreux, plus fort, bien que peut-être pas nécessairement plus intelligents. Si elle s'empressait de tenter de les tuer dès que son collier serait désactivé, alors ils pourraient aussi bien se servir de leurs gaz, de leurs pièges, leurs technologies et leurs bidules, ainsi que leurs armes. Non, autant que ça lui déplaisait de lui donner raison, le nain marquait un point en lui disant d'être patiente, mais aussi prête à saisir les occasions qui se montraient. Tenter de les forces ne la mènerait qu'à être enfermée et attachée dans sa chambre et droguée. Ou pire, mise en isolement...

Tenter de socialiser un peu avec les autres habitants du Centre. Ceux avec qui ce ne serait pas louche en tout cas. Demeurer à l'écoute de tout ce qui pourrait l'aider à en savoir plus sur ses dons, peu importe comment cela se montrerait difficile. Si possible, tenter de se faire bien voir de la part du personnel, et surtout du directeur. Les mener à changer un peu d'opinion, quitte à devoir mentir sur ses véritables sentiments. Voilà qui allait s'annoncer être une bataille qui allait se remporter sur le long terme uniquement...

[Rendus là, ce serait peut-être pas bête d'insérer une petite ellipse non?]

(HJ: Là ce n'est que six mois, les autres élipses peuvent suivre très rapidement. Je vais maintenant me contenter des "évènements clés" pendant l'enfance de ton perso jusqu'à ce qu'une occasion se présente.)

-Hmmf...

C'est tout juste un grognement quand Sierra parlera du Directeur et même si il n'en dira pas plus, le fait qu'elle mette de côté cette proposition semble ne pas l'arranger. Mais après tout c'est son problème! Les plans d'évasion, le matraquage de témoins génants et autres magouilles de son genre ne regarde pas une gamine de cinq ans qui ne comprendra même pas le tiers si jamais il lui prenait l'envi de tout lui raconter! Mais l'envi de tout déballer à une jeune fille ne semblait pas vraiment être d'actualité.

-Fait comme tu veux. Même si tu es trop jeune, tu n'as pas trop l'air de faire office de boulet et c'est tout ce qui compte. Si tu veux un service, tu me fais signe, je verrais ce que je pourrais faire.

Et c'est sur ses mots que le nain la quittera, retournant à la cafétaria et laissant seule une Sierra qui devra prendre son mal en patience. Quelques mois passent et si les premières discussions avec Lili seront rapides et ennuyeuse, Sierra remarquera que quelques choses ne tourne pas rond chez la télépathe. Le troisième mois les médecins finiront même pas l'emmener en cellule d'isolation le temps qu'elle récupère un peu des forces... Et qu'elle revienne à moitié défoncé par les cachetons dans un ou deux mois...

Si l'ambiance sous la direction de José s'est dégradée, c'est surtout dû à un changement de politique de la part du Directeur du centre. Sierra se rendra compte que ses expériences ne sont pas si terrible tant qu'elle se montrera docile. Certes il y a les drogues, quelques séances désagréables mais elle remarquera que le docteur diminuera les traitements quand il se rendra compte qu'elle y met plus de siens. La solution facile serait en effet d'abandonné tout espoir de liberté pour davantage de confort mais tout n'est pas si simple, le psion a vraiment réussi son coup!

Sept mois ont donc passé quand Sierra entendra des nouvelles de Lili et sur sa "cure de repos". C'est dans la journée que José, satisfait jusque là prendra enfin la peine de croiser Sierra en "tête à tête" dans une pièce où se situe une piscine assez large. Pas trop bête le scientifque, il se doute bien que la jeune fille devant lui est trop émotive pour garder son garde en sa présence malgré qu'il lui fera la remarque, du moins une remarque assez subtile quand il remarquera qu'elle serra ses petits poings lorsqu'il le verra. Se doute-t-il du double jeu? Peu-être que oui, peu-être que non ou peu-être qu'il s'en fout tout simplement. Il est comme ça José, malgré que beaucoup au Centre ne puisse pas l'encadré, il n'est pas du genre à poser trop de questions et à se contenter des résultats.

-Jusque là Annie, je suis plutôt satisfait de ton nouveau comportement. J'espère que cela dura. J'ai discuté avec certains de mes collègues sur ton futur programme et même si certains semblent hésitants, j'aimerais prouver qu'ils ont totalement tord. Jusque là, les expériences que l'on a fait, c'est de calculer la puissance de ton pouvoir et surtout sa limite. Si il est grossièrement faible sur la durée, voir dangereux les options sont pour ainsi dire énorme. Aujourd'hui, on va commencer à apprendre à le contrôler.

Il montra du doigts la piscine et quand Sierra, en simple maillot de bain la touchera, elle remarquera que l'eau est froide. Pas loin de 15°, bref faire trempette ne l'enchante pas vraiment.

-C'est froid, je l'admets... On sait tout les deux que lorsque tu es sous l'effet de la tristesse ou de la nostalgie des moments heureux, tu as un certain contrôle sur l'eau. Si tu es encore beaucoup trop jeune pour comprendre et canaliser un quelconque fluide d'eau d'une pièce et le transformer tout simplement en eau, aujourd'hui tu vas essayer de la contrôler, ou du moins repousser, sans passer par une quelconque drogue qui influe tes sentiments. J'ai choisis de l'eau froide pour la simple et bonne raison qu'une fois sous l'eau, tu ne voudras que d'une chose: sortir de l'eau et accessoirement la repousser. La compréhension des fluides pour le moment, tu es trop jeune.

Un collègue du docteur apportera ce qui semble être un masque relié à un bonbonne d'oxygène.

-Je ne sais pas si jusqu'ici j'ai été très clair mais je pense que cette petite expérience, en plus de ne pas être dangereuse, te permettra à contrôler ne serait-ce qu'un peu un élément. Et l'eau est un bon commencement. Si tu as des questions n'hésitent.

José a beau considéré ses patients comme des cobayes mais il y a un point que Sierra ne pourra jamais lui reprocher: elle en apprendra plus avec lui qu'avec "Riri" et ses derniers mois elle s'en ait bien rendu compte. Les explications ne sont pas toujours compréhensible mais jusque là, la moindre question il a toujours fait en sorte de l'expliquer. Ironiquement, c'est ce partage de savoir qui pourrait très bien un jour tuer le docteur et il en est tout simplement conscient. Une chose est sûr cependant, les expériences à venir promettent d'être plus interressante... Même si là Sierra a des chances d'attraper un méchant rhume si sa chambre n'est pas si saine que le prétend les infirmiers.

Alors là, elle en apprenait une bonne en découvrant que le Centre avait une piscine. N'importe qui venant de l'extérieur dirait là qu'il s'agissait d'un gigantesque gaspillage d'eau, mais Sierra ne savait rien du monde extérieur, ce pourquoi elle se mourrait tant d'aller le voir. N'y en avait-il pas des étendues à perte de vue vraiment partout? C'est qu'elle en avait beaucoup à apprendre manifestement, surtout parce qu'elle n'a rien vu à l'extérieur de ces murs par de ses propres yeux. Alors que le directeur était occupé à parler, elle s'approcha de l'eau pour y tremper le bout de son orteil, puis le retira aussitôt. Oui, elle avait remarqué que l'eau était très froide, beaucoup trop froide à son goût même. Elle se frottait les bras, sentant les courants d'air lui parcourir également sur la peau. Elle n'aimait pas terriblement la tournure de cette expérience, mais il en était à la partie intéressante selon elle. S'il était sérieux dans ses propos, alors c'était là qu'elle commençait enfin à comprendre comment utiliser les "dons" qu'elle possédait.

Encore maintenant, elle songeait à cette opportunité qu'elle avait de peut-être pouvoir incinérer vivant José, mais son deuil maintenant fait, elle arrivait mieux à se contrôler en sa présence, même si elle avait pratiquement toujours envie de lui faire la peau. S'ils avaient avancé beaucoup plus rapidement sous sa tutelle, c'était loin d'être une coopération qui était la bienvenue. Elle fixa l'équipement de plongé qu'on lui amena, puis l'assistant, puis José, puis à nouveau l'équipement de plongée. Elle ne pouvait s'empêcher d'être un peu anxieuse tout de même. C'est ballot, mais elle n'a jamais pu apprendre à nager, et il ne lui fallut pas longtemps à tester du poids de la bombonne pour voir qu'elle n'y arriverait certainement pas avec. Elle était de moins en moins confiante alors qu'elle s'efforçait de comprendre comment enfiler cet équipement.

-Vous... Êtes sûr que c'est sans danger?

En même temps, il avait le chic pour la mettre dans des situations horriblement inconfortables sans être nécessairement dangereuses ou potentiellement mortelles. C'était sa façon à lui d'obtenir plus de résultats avec. Elle ne serait pas surprise que la bombonne soit presque vide déjà pour la forcer à se débrouiller à remplir sa demande au plus vite avant de manquer d'air. Bombonne avec laquelle elle a eu besoin d'un peu d'aide pour l'approcher du rebord. À nouveau, elle regarda l'eau et y trempa l'orteil, confirmant à nouveau sa froideur. Et pourquoi ne pas tester ce qu'ils pourraient en tirer alors qu'elle est confortable, heureuse et bien au chaud? Elle allait sans doute se retrouver avec un énorme rhume qui allait la plaquer au lit quelques jours. Elle se fit pensive l'espace d'un moment, non pas à cause de sa réserve à plonger, mais bien autre chose de bien plus triste quand on y pensait. Si se concentrer sur une nostalgie de moments heureux était plus plaisant, elle avait tout le mal du monde à en trouver.

-Kya!

C'est tout ce qu'elle articula maladroitement d'une voix un peu suraiguë avant qu'elle ne tombe dans l'eau. Comme elle semblait vouloir un peu trop prendre son temps, une petite poussée l'aida à se décider finalement. Elle se débattit tout en coulant avec la bombonne au début en raison de la surprise et d'une légère panique de sa part. Elle se calma cependant quand elle comprit un peu mieux sa situation. Malgré tout, cette eau était aussi froide qu'il le disait. Instinctivement, elle se replia sur elle-même en position foetale pour conserver sa chaleur. Malgré tout, elle s'étonna du calme ambiant. Elle n'entendait plus rien mis à part le son régulier de sa propre respiration dans l'appareil. Elle se sentait étrangement apaisée, bien que commençant déjà à se frigorifier. Même hors de l'eau ce devait être une vision singulière. Elle sentait tout son corps flotter, même ses cheveux, comme si la gravité n'avait plus d'emprise sur elle.

*Un évènement heureux... Triste... Nostalgique...*

La première chose qui lui était venue en tête, c'était le départ de Riri. Elle en avait été profondément attristée par la suite, il allait sans dire. Malgré les mois qui étaient passés, elle se rappelait toujours parfaitement bien de ces derniers moments qu'elle avait passé avec lui. Cette peluche un peu étrange qu'il lui avait offerte, mais qu'elle adopta tout de suite avec plaisir. Elle ne pouvait que se rendre compte à quel point ces câlins d'apparence anodine aux yeux des adultes pouvaient lui manquer. Le contact de la peau tiède d'une personne en qui elle avait une confiance totale et lui voulait du bien. Elle était si perdue dans ses pensées qu'elle ignorait qu'elle avait réussit ou non à repousser cette eau. Les larmes commençaient à lui venir quand la dernière fois qu'elle fut en sa compagnie avant d'être durement ramenée à la réalité. Encore une fois, elle se souvenait de chaque détail, allant même jusqu'aux odeurs, de ces derniers moments. Elle se demandait sérieusement s'il croyait qu'elle lui en voulait. Le fait était que, malgré tout ce qui avait pu en être, elle voulait sentir cette chaleur à nouveau, pouvoir se sentir en sécurité encore, même si c'était l'espace d'un moment.

En fait, elle ne se rendait plus trop compte de ce qui se passait dans cette piscine, alors elle ne pouvait pas vraiment être déçue du résultat. Ce qui la préoccupait surtout, c'était le fait qu'elle tremblait comme une feuille en raison du froid. La couverture était la bienvenue, mais il lui faudrait un peu de temps pour s'en remettre. Elle était tellement gelée qu'elle avait de la difficulté à parler avec ses lèvres engourdies et fort probablement devenues bleues. En plus des grelottements, elle tentait comme elle pouvait de se frictionner pour se réchauffer davantage. À ce train-là, elle allait se retrouver clouée au lit avant longtemps. Pour ce qui était de la tablette, elle en doutait un peu de l'efficacité, mais la prit tout de même. Ils pouvaient très bien la forcer à la prendre, et tromper le directeur serait sans doute plus difficile qu'un simple larbin.

Quand il parlait des détenus de l'autre section, il parlait sans doute de ceux qui n'étaient "pas importants", comme ce nain. Et flûte, voilà qui allait sans doute retarder ce qu'il tramait. Enfin il avait parlé d'un maximum de deux ans environ, mais le plus court était le mieux, même si elle s'était décidée à se montrer un minimum patiente. Sortie dans la cour ou pas, elle fila au moins se changer tout d'abord, car le maillot, ça le faisait plus ou moins. Les cheveux toujours mouillés, elle dût se résoudre à ne pas mettre son ruban. Le Centre étant presque vide en ce moment, elle pensa du coup que personne ne verrait d'inconvénient à ce qu'elle trimbale son ourson Ivan avec elle.

Ça faisait un bon bout de temps qu'elle n'était pas sortie déjà. C'était à peine assez pour qu'elle un peu de couleurs en fait. N'empêche qu'elle appréciait pouvoir sortir de temps en temps, même si ce n'était que dans une cour pour prisonniers. Elle observa les autres en train de courir. Honnêtement, jouer un peu, elle ne serait pas contre, mais si c'était pour se faire gueuler dessus avec des mots qu'elle ne connaissait même pas pour la plupart, et qu'elle sentait qu'il valait mieux pour elle d'ignorer, alors c'était sans façons. Elle se demandait comment ils pouvaient trouver ça amusant à voir leur expression, à supposer qu'ils étaient d'accord. Les coins qui étaient à l'ombre et plus frais étaient bien plus invitants à ses yeux. Tiens et avec le vent et ses cheveux encore humides, peut-être qu'elle attraperait un coup de froid quand même. Ce serait bien fait pour José s'il se faisait gronder par ses supérieurs pour une fois, et que ce ne soit pas elle qui déguste. Encore une fois, elle était confrontée au même problème. En un sens, Lili la faisait penser à elle-même, or, elle ignorait comment elle aborderait une personne comme elle-même justement. C'était sans mentionner le fait qu'elle était plus âgée, ce qui rendait les choses d'autant plus compliquées.

HJ: Premier RP depuis le déménagement et deux pertes de RP, commence bien... José (je crois que je n'ai pas encore cité son nom de famille) et le Directeur (pas donné de nom pour le moment il me semble) sont 2 personnes différentes, je crois que tu l'as compris mais je préfère quand même le signaler au cas où.

C'est donc les vitamines dans la poche avec la ferme intention de ne pas les prendre que Sierra sortira dehors avec son fidèle ami qu'est Ivan. Pas le plus causant mais au moins ça lui évitera les mal de crâne... Quand il ne "hurle" pas ou qu'il ne fait pas de crise bien entendu!

Regardant d'un air curieuse mais malgré tout désintéresser, Sierra venait de découvrir sans vraiment s'en rendre compte la galère qu'était le sport. Et encore ce n'est qu'un apperçu, les courbatures et tout ça, elle ne connait tout simplement pas encore! Quand il suffit de penser que José voudrait qu'elle prenne cette exemple, cela ne risque pas de l'encourager beaucoup...

Mais revenons un peu à Lili qui semble quand même bien stone vu qu'elle regarde tous ses "sportifs" du dimanche d'un air non pas envieuse mais plutôt égaré. Egaré au point qu'elle remarquera une Sierra hésitante au bout d'un dizaine de secondes. Malgré tout, la drogue a parfois ses avantages, celle ci évite les crises de nerfs et même le sujet le plus associable peut être calmer... Calmer au point d'en faire frémir la gamine car Lili prendra quelques secondes à chercher des mots qui sont pourtant d'une extrême facilité.

-Oui Sierra? Tu veux me dire quelques choses? Là? Tout de suite?

C'est dit d'un de ses tons calmes... Bref la drogue c'est mal, là Sierra l'aura bien comprise. Et en plus si c'est pour engagé une conversation, le "là? tout de suite?" peut s'avérer d'une bêtise sans nom et mal placé même si parler ne semble déranger aucunement Lili. Au contraire... Enfin de compte, Sierra peut comprendre que José s'inquiète de la santé mentale pour la télépathe: là elle déboule en salle de test qu'il n'en tirera rien du tout. Et d'un autre côté, José n'a jamais été balèze en "relation humaine" pour résoudre ce problème là et sait seulement que la droguée comme telle n'est pas forcément une bonne chose.

Sierra la connaissait plutôt distante normalement, mais là elle était complètement prise de court. Même à ses yeux à elle, ce qu'elle lui racontait ne faisait que très peu de sens. Elle ne savait pas trop comment s'y prendre pour engager la conversation, mais pas pour les mêmes raisons cette fois. Est-ce que c'était ce dont elle-même avait l'air quand ils la droguaient pour la contrôler? Elle ne pouvait pas vraiment se voir elle-même ces temps-ci, et pour ce qu'elle s'en souvenait. La fillette aussi n'était pas particulièrement douée pour les relations humaines quand on y pensait. L'univers carcéral n'était pas le meilleur des endroits pour le développement social non plus de toute évidence. Elle fit à ce moment la seule idée qui lui venait à l'esprit. Elle lui tendit son ours en peluche, Ivan. Elle était certaine que le vieil ours n'y verrait pas d'inconvénient. Elle se doutait que la pire chose à dire, c'était de demander comment elle allait. Elle-même avait presque eu des envies de meurtres parfois en raisons de quelques imbéciles qui lui posaient régulièrement la question alors qu'elle allait visiblement très mal.

-Quand ils me donnent de ces trucs étranges, j'aime bien pouvoir le tenir contre moi le temps que ça passe. Ça... Ça ne me dérange pas de te le prêter si tu veux bien.

Elle refuserait probablement en disant que ce n'était plus de son âge, mais ça ne lui coûtait rien de lui faire la suggestion. Il y avait déjà bien assez de mauvaises choses dans ce centre sans qu'en plus ils vous injectent ou vous fassent avaler plein de trucs étrange. Parfois, on dirait qu'ils ne savent même pas ce qu'eux mêmes vous font prendre. Si elle n'y voyait pas vraiment d'inconvénients là non plus, elle viendrait s'asseoir près d'elle. Elle se disait qu'il y avait peu d'intérêt à engager une grande conversation. Ça limitait les risques de dire quelque chose qu'elle ne devrait pas, et dans son état actuel, elle ne devait même pas vouloir trop parler non plus, déjà que former une phrase cohérente serait ardu. Elle ne pouvait s'empêcher de se demander si elle deviendrait comme ça tout le temps si jamais elle restait trop longtemps ici. Chose certaine, c'est que rien ne lui donnait envie de rester.

Pour le moins assez pessimiste la Lili. Il était vrai que jusqu'à maintenant, elle n'avait pas gagné grand chose à se rebeller, mais n'avait-elle pas perdu plus encore en se laissant faire visiblement? Elle tentait souvent d'éviter de prendre les médicaments qu'ils lui donnaient, et on dirait que ce n'était pas vraiment une bonne idée après tout. Si vraiment ils relâchaient des gens parfois, c'est à croire qu'ils devaient être de vrais légumes en sortant si Lili ne satisfaisait pas leurs exigences. Encore une fois cette saleté de docteur. Elle n'en pouvait plus, juste le fait d'entendre ce nom la mettait en colère. Pas contre elle, bien sûr, elle n'a rien contre Lili. La preuve, elle lui avait même prêtée Ivan pour lui remonter le moral.

-Je n'ai pas envie de hurler les bienfaits de Polis, parce qu'il n'y en a pas. Je me sens très bien comme je suis maintenant, et je n'ai pas envie qu'ils tentent de me changer. Même si je dois rester plus longtemps que tout le monde, je finirai par sortir en demeurant moi-même, pas le cerveau lavé.

Elle se replia un peu plus sur elle-même, prenant une fois de plus ce collier entre ses petits doigts. Cela allait vraiment devenir un tic à force, même une fois qu'elle se sera débarrassée de ce collier, ce qui pourrait être plus vite que prévu. Le nain devait encore être en train de trouver un moyen de le bidouiller comme il fallait. De toutes façons, elle touchait un point la télépathe. Sortir d'ici n'était pas une mince affaire. Cependant, ce sont les gens du Centre eux-mêmes qui lui apprennent à maîtriser les phénomènes qu'elle est capable de déclencher. Si jamais elle parvenait à mieux les maîtriser, alors peut-être, juste peut-être parviendrait-elle à s'échapper. Réussir où tous les autres avaient échoués. Il y eux cependant un petit quelque chose qui la frappa, son visage devint un peu plus illuminé en y repensant.

-C'est faux, il y a bien quelqu'un qui est parvenu à s'échapper. Il s'est peut-être fait rattraper, mais il y est parvenu. C'est possible de sortir de ces murs. C'est peut-être très difficile, mais ça reste possible. En plus, il était tout seul pour le faire, alors qu'est-ce qu'ils pourraient contre nous tous, ça je me le demande...

C'était peut-être maigre comme espoir, mais c'était à quoi ils devraient s'accrocher pour sortir. Si son collier pouvait lui être enlevé, alors celui des autres aussi probablement. C'est pratiquement impossible pour une personne seule de s'échapper, mais une émeute de sujets plus ou moins dangereux dans le Centre, ce serait certes risqué, mais tout ce qu'il y avait à gagner, voilà qui en vaudrait certainement la peine. Ce serait tout ou rien cependant, plus de retour possible par après. Elle se leva en souriant à Lili, lui rappelant de lui rendre l'ourson quand elle pourra avant de se lever pour aller voir ce que les autres faisaient dans la cour. Il lui restait encore pas mal de temps, alors autant voir si ce qu'ils faisaient était amusant par elle-même. Elle n'y serait probablement pas obligée elle-même, alors si elle détestait, elle pourrait toujours retourner d'où elle venait.

Sierra releva la tête pour voir Lili, toujours aussi choquée. Si elle l'était, ce n'était pas à cause de la patte qui était un peu déchirée. Ça n'avait pas l'air de déranger Ivan le moins du monde non plus, et c'était lui qui était blessé. Pour ce qui était de ce qu'elle avait vu. Bien qu'elle était encore un peu jeune pour savoir ce qui s'était passé exactement, elle pouvait très bien voir qu'elle était terrifiée et en souffrait. Était-ce même pour cela qu'elle prenait toujours des médicaments? Elle tentait d'oublier ce que cet homme lui faisait? Sierra se rendit enfin compte qu'elle la fixait toujours avec cette même expression expression tout en tenant l'ourson très fort entre ses mains. Elle se détendit comme elle le put et secoua la tête.

-Non, ne t'en fais pas pour lui. Je ne suis pas fâchée contre toi. Moi aussi ça m'arrive de leur faire mal parfois par accident, mais avec un peu de fil il sera comme neuf. Lui non plus ne t'en veut pas du tout, regarde.

Une fois de plus, elle était coincée face à elle sans trop savoir quoi dire. Elle aimerait lui dire qu'elle sait pour ce qu'elle endurait, qu'elle voulait l'aider, mais les mots lui restaient coincés dans la gorge. Ce serait tellement plus facile si elle pouvait juste lire dans son esprit pour en apprendre ce qu'elle s'efforçait à lui dire. Elle était télépathe après tout, non? Elle voulait aussi faire quelque chose pour ce Telor. C'était envers lui qu'elle était en colère. Si seulement elle n'avait pas ce collier, elle aurait très bien pu s'en occuper elle-même. Ce simple anneau de métal lui pesait comme si elle avait des chaînes partout. Si au moins elle avait gardé son passe. C'es bête, parce qu'elle arrivait très mal à se souvenir de son nom de famille. Peut-être pourrait-elle le dénoncer à José. C'était peut-être qu'un sans coeur, mais au moins, il agirait sans doute si l'un des employés faisait autant de mal à l'un de ses précieux sujets.

Tout ça alors qu'elle ignorait si Lili la considérait comme une amie... Cette seule pensée lui fit un peu peur, mais pas pour les mêmes raisons. Elle pouvait peut-être avoir l'air étrange d'avoir subitement les yeux humides, mais elle s'en fichait éperdument. Tant pis si elle le prendrait mal, il fallait qu'elle lui dise. Sans vraiment prévenir, elle s'avança pour faire un câlin à Lili. Elle ignorait si elle s'en débattrait, puisqu'elle ne semblait jamais vraiment apprécier qu'on la touche, même si Sierra devait constituer une personne beaucoup moins intimidante.

-Tous ceux que j'aime ici ont finit par s'en aller pour que je ne les revoient jamais. Je veut pas qu'il t'arrive quelque chose à toi aussi et que tu disparaisses. Il y a toujours les autres qui me regardent comme si j'étais une espèce de monstre, comme si moi aussi je devrais disparaître. Alors pourquoi... Pourquoi ils me gardent ici?

Spoiler:

Sierra n'avait pas vraiment comprit que quand elle avait parlé d'aiguille, c'était qu'elle songeait au suicide. Ce genre d'acte était pour ainsi dire complètement incompréhensible à ses yeux. Pour le moment en tout cas, rien n'était sûr pour ce qui serait de quand elle deviendrait assez mature pour réellement comprendre la vie et la mort. C'était peut-être un peu égoïste de sa part de se mettre dans cet état de peur qu'elle ne puisse plus jamais la revoir, mais une réaction tout à fait de son âge quand on y pense. Quoiqu'il en soit, ce peu de chaleur humaine lui avait faite un bien indescriptible, de sorte qu'elle éprouvait même un drôle de frisson au niveau de la poitrine. Une sensation non désagréable en fait. Nul doute que Lili devait elle aussi apprécier le geste. Ce genre de contact était très rare au Centre, et Sierra en avait perdu les derniers vestiges avec le départ de Doris. Elle avait beau ne pas être la plus approchable des fillettes, elle n'en demeurait pas moins une et non l'un des autres sujets endurcis. Elle se doutait qu'elle était privilégiée par rapport à bon nombre d'autres sujets, notamment le fait que, malgré tout, qu'elle meure vraiment était la dernière chose qu'ils voulaient.

Elle regarda Lili un peu étonnée quand elle lui proposa de promettre de s'évader ensemble. Ce changement subite de sa part était un peu étrange vu comment elle était pessimiste à ce sujet il y avait de cela pas très longtemps. Elle s'essuya les yeux avec sa manche et lui sourit comme elle l'avait rarement fait auparavant. Partir de cet endroit avec elle, pourquoi pas? De plus en plus, elle commençait à la considérer presque davantage comme une grande soeur qu'une simple amie.

-D'accord, on sort d'ici ensemble. Peu importe le temps que ça prend. Tu sais... Je connais quelqu'un qui pourrait peut-être m'enlever ce collier. Avec cette saleté de moins, je suis sûre que j'en serais capable, il faut juste que j'arrive à mieux me contrôler.

Les choses progressaient une fois de plus dans le sens de la liberté. Maintenant que c'était décidé, elle ne manquerait pas de parler de ce Telor à José dès qu'elle le verrait. Elle ne supporterait pas que quelqu'un vienne faire du mal comme ça à sa seule vraie amie qui lui reste ici. Elle faisait partie des irremplaçables ici, alors nul doute qu'elle serait capable d'y changer quelque chose. Même si elle n'y arrivait pas par la manière douce, il restait toujours la manière forte. Entre autres, le taser qu'elle possédait toujours et qui pourrait s'avérer utile. Électrocuter l'un d'eux après qu'ils se soient amusés à lui mettre un collier qui faisait de même, c'était une belle ironie, quoiqu'il pourrait s'avérer utile pour prendre le directeur ou l'un des scientifiques importants par surprise. Elle pourrait bien le menacer de recommencer à s'attaquer au personnel de façon aléatoire dès qu'elle en aurait la chance. Relocaliser le personnel s'avérerait beaucoup moins grave aux yeux de ses supérieurs.