La terreur pas si terrifiante du Centre

Si Sierra n'avait pas trop comprit le sens de leur conversation, elle avait cependant un peu l'impression qu'il se passait quelque chose de pas normal. Rien qu'à voir leurs têtes, elle ne se sentait pas vraiment en confiance. Elle regarda le gardien s'éloigner avec ce rire horrible. La seconde où il eut le dos tourné, elle en profita pour lui faire une copieuse grimace. Elle n'aimait pas cet homme, et c'était bien unanime chez tout le monde au centre. Enfin, pour tous ceux qui possèdent une matricule. L'atmosphère était pour le moins tendue entre ces trois hommes. Voilà même le directeur qui était là. C'était un drôle de regard qu'il lui lançait. Évidemment, il y avait plus d'un pensionnaire ici qui aimerait bien lui mettre la main au collet. Même positionnée derrière Doris, il ne sembla pas prendre de chances en sortant une drôle de télécommande. Elle porta la main à son collier quand elle ressentit cette drôle de sensation. Elle se sentait un peu vidée de son énergie en quelque sorte.

Qu'est-ce qui avait été prévu? Toute cette situation ne lui inspirait franchement pas grand chose qui vaille. Quand les grands agissaient ainsi, elle pouvait presque assurément présager le pire. Peut-être pensaient-ils qu'elle n'avait rien entendu de ce qui s'était passé, mais elle en avait au moins une petite idée de ce qu'ils disaient. Voilà donc pourquoi la raison pour laquelle Doris quittait le centre. D'un côté, elle était soulagée qu'il ne l'abandonnait pas comme d'autres. Cependant, c'était quoi cette histoire de soeur sur son lit de mort? Et puis c'était quoi Sewel au juste? Et maintenant il y avait un dragon dans toute cette histoire!? Pourquoi un dragon l'empêcherait de sortir d'ailleurs? D'habitude, ils ne voulaient pas que les gens entrent dans leur repaire et non le contraire.

-J'ai... J'ai fait quelque chose de mal?

Il aurait beau essayer de dire le contraire, la situation prêtait à croire le contraire. Il n'avait pas l'air du tout dans son assiette et même elle pouvait le voir. Elle hocha la tête d'un air un peu songeur à sa question. Pas besoin d'attendre une heure entière finalement on dirait. Par contre, elle ne semblait même pas trop se réjouir de ce revirement de situation. Elle alla chercher son sac à dos pour mettre les autres peluches à l'intérieur et prit Ivan dans ses bras avant de retourner le voir. Inutile de le questionner sur cette conversation ici, même elle savait qu'il était dangereux de poser trop de questions dans le centre.

Dur à croire qu'elle n'y était pour rien. Par contre, quoique ce soit, il n'avait pas l'air de vouloir lui en parler. Elle aurait bien pu accepter cela si ce n'était qu'elle se faisait du soucis pour lui. Elle finit par faire mine de le croire et aller chercher ses affaires. Il n'y avait pas grand chose à prendre avec elle. Pendant leur chemin jusqu'à la sortie, elle hésita un instant, puis se décida de prendre sa main dans la sienne. Ils passèrent sans trop de peine la sécurité jusqu'à se rendre à la sortie. Elle regarda le clavier alors qu'il tapait le code. Elle n'en mémorisa pas grand chose, mais il était un peu étrange qu'il la laissait pratiquement regarder. Un peu comme s'il voulait qu'elle puisse voir le code. Voilà qui pourrait peut-être lui être utile plus tard si jamais ils ne changent pas le code entre-temps.

La porte s'ouvrit lentement, et traversant ce passage, la voilà qui se trouvait enfin à l'extérieur. Elle était hors du centre. Les maisons un peu plus loin l'intéressaient peu. Elle s'approcha du gazon et se pencha pour y toucher, en arracher un bout pour regarder de près. Elle était presque comme un nouveau-né qui se retrouvait subitement dans un autre monde. C'était bien un peu ça en fait quand on y pensait. Quand elle rejoignit les deux hommes au pas de course, elle devint un peu plus triste quand il lui rappela les évènements de la veille. L'espace d'un moment, elle avait été convaincue. Elle le serait restée si ce n'avait été du commentaire de l'ours en peluche. Alors qu'une personne normale aurait prit peur, elle se contenta de le serrer contre elle pour éviter qu'il ne parle trop fort. Vraiment? Alors pourquoi était-elle gardée ici?

-Mais de quel don vous parlez au fait?

C'était une question qui pouvait sembler étrange de sa part, mais elle était très sérieuse. Personne ne lui avait expliqué ce qu'était de la magie. Personne pour lui dire que les drôles d'évènements qui l'entourait n'étaient pas normaux. Bien sûr, elle se rendait bien compte qu'il se passait des trucs quand elle se mettait en colère, qu'elle avait peur ou était particulièrement triste, mais elle était loin de penser aux dons. Jusqu'à maintenant, ça lui avait surtout causé des ennuis et son collier en était une preuve.

-C'est... Pas comme je me l'imaginais...

C'était donc sensé être ça une ville? Ça avait l'air propre, grand et... Ennuyeux... Elles étaient où les grandes montagnes, les rivières limpides et les grandes forêts? Tout ce qu'il y avait de vert, c'était l'herbe sous ses pieds. C'était déjà un peu mieux que le Centre par contre. Malgré tout, cela lui donnait de plus en plus envie de partir encore plus loin. Loin d'être découragée d'explorer, elle avait bien envie de sortir de la ville pour voir ce qu'était le monde plus loin encore. Tout en marchant, elle n'arrêtait pas de jeter des coups d'oeil à Ivan. Il semblait savoir quelque chose, mais quoi au juste? Elle ne voulait pas risquer de parler à voix haute.

*Pourquoi tu dis qu'il ment?*

L'ex docteur tendra la main vers la fillette avant de continuer à marcher sur ce chemin de gravate. C'est lui qui lui expliquera pendant "la fouine" les suivra de près.

-Il faut savoir qu'hors de ses murs, les personnes qui éclate un vitre par la pensée ou lire dans les pensées ne sont pas courantes. Elles sont très rares. C'est pour cette raison qu'il faut te considéré comme unique.
-C'est de ce don dont Doris parle. Tu es au centre pour le comprendre, pour l'utiliser correctement et pour t'en servir pour le bien de Polis. Après tout, c'est la raison pour laquelle tu es née, ce n'est pas un hasard si tu as à la naissance.

Ivan n'argumenta pas (ça n'a jamais été son fort après tout), sa voix se contenta de dire plusieurs fois la même chose, de plus en fort au point de donner un joli mal de crâne à Sierra. En tout cas, le fidèle ami ne semble pas apprécier le gardien.

-Menteur menteur menteur menteur!

La jeune fille ne pût pas s'empêcher de tenir de poser sa main libre sur l'arcade gauche. Il n'est pas obligé "d'hurler" ainsi! Ainsi, le groupe fera route vers la ville. Les maisons, de vulgaires blocs blancs avec des fenêtres sont à des années lumières de ce cabanon en bois certes moins confortable mais ô combien plus rêveurs du guide touristique. Quand au rues, elles sont propres et bétonné et si il n'y avait pas ses espaces verts pour égayer le tout, elle serait bien monotone. Doris insistera sur le fait qu'elle passe voir le parc du centre ville. Plus décorer et plus grand. Un fois sur ce lieu, la jeune fille s'y arrêtera pour regarder les fleurs et les arbres. Rien à voir avec le "jardin" du pénitencier. Les quelques passants, habiller de vêtements simples, regardèrent Sierra telle une extraterrestre comme si cette dernière n'avait jamais vu un arbre en fleur (ce qui est un peu le cas en fait). Si elle n'y fera pas attention, elle remarquera surtout qu'elle n'a pas vu d'enfant de son âge. Le gardien marmonnera une histoire de contrôle de la natalité, un "truc" que Sierra ne comprendra pas beaucoup.

Pendant qu'elle est en extase devant une mare avec un nénuphare, les deux hommes discutent.

-Il faudrait demander au directeur un jardin, Marty.
-Le seul jardin qu'il y a, c'est le sien et c'est ses petits préférés vu qui l'entretiennent. Ça lui évite d'acheter un domestique. On passe à autres choses?
-Non, quand Sierra en aura fini ici.
-Hmm... Je ne tiens pas à me faire engueuler par les autres pour tes beaux yeux. J'ai compris qu'il ne fallait pas trop la contredire ses derniers jours. Mais pas longtemps alors.

C'est Chichi qui sortira de son silence. Toujours avec cette voix enjouée limite et cette façon de parler. Seul Sierra entendra cette voix, comme le reste de ses peluches.

-Jardin du dir'lo! Bien! Endroit où mur pas barbelé! Là où #2019 est passé! Avant de se faire pécho hihihi! Mais Sierra encore trop petite pour escalader! Mur haut! Manger beaucoup de soupe encore! Beaucoup beaucoup! Hihi!

Sierra lâcha presque l'ourson quand il s'était mis à hurler. De quoi avoir un mal de crâne franchement. Il semblait réellement en colère d'ailleurs. Elle le serra contre elle en lui demandant à voix basse d'arrêter. Il ne lui ferait jamais rien à elle, mais une fois vraiment en colère, Ivan pouvait devenir vraiment méchant contre les responsables. D'accord, elle comprenait l'idée qu'on lui mentait, mais si c'était vraiment le cas, alors qu'est-ce qui était vrai? Elle était consciente qu'il arrivait souvent des choses étranges autour d'elle, mais jamais elle n'avait assumé qu'elle en était responsable. Du moins, pas directement. Faire exploser des vitres et lire dans les pensées des gens... Elle n'avait aucune idée comment elle arrivait à le faire, et c'était totalement aléatoire, mais elle y arrivait. Comment étaient-ils sensés lui apprendre à contrôler ça s'ils ne lui en disent rien? En étaient-ils même capables? Si c'était vraiment comprendre son état pour lui venir en aide qu'ils voulaient, alors pourquoi des tests toujours aussi douloureux et éprouvants?

Pendant qu'elle réfléchissait à tout cela, elle semblait tout à fait innocente à regarder de près les fleurs. Ce qu'ils ne savaient pas, c'est qu'elle réfléchissait intensément à leurs propos, à tout ce qui lui est arrivé dont elle peut se souvenir ici. Le regard haineux de plusieurs gardiens et scientifiques, la peur qui se lisait dans les yeux d'autres. Elle ne doutait pas vraiment de Riri, mais le gardien de sécurité par contre... Elle ramassa une fleur particulièrement colorée qu'elle vit par terre. Elle en caressa les pétales du bout des doigts et en sentit le parfum. Comme un champ entier de celles-ci devaient être magnifiques. Elle la prit avec elle avant de se lever pour retourner voir les deux hommes. Arrivée face à eux, ils se levèrent, voyant qu'elle semblait en avoir terminé ici justement.

-Pourquoi tu me mens? Pourquoi vous me détenez là-bas. Vous allez jamais me laisser partir, c'est ça!?

Elle s'adressa directement au gardien. Une question qui pouvait carrément se trouver être brutale de sa part. Elle était cependant parfaitement sérieuse. Elle cherchait à savoir ce qu'ils tentaient de lui cacher. Franchement, elle détestait se faire mentir. N'était-elle pas franche elle?

Qu'elle ne puisse ressortir que quand elle ne serait qu'une vieille peau toute ridée? Voilà une idée qui ne lui plaisait pas du tout. C'était exactement comme lui dire qu'elle ne ressortirait jamais justement. Ivan avait raison au final, non seulement il était un menteur, mais en plus, il venait lui dire tout cela sans même broncher, comme si cela ne le dérangeait pas. Ce qui l'avait gardée tout ce temps là-bas, c'était justement la possibilité de pouvoir sortir un jour, de pouvoir marcher à l'extérieur sans soucis. Maintenant, il n'y avait plus rien. Sur ses mots, elle serra les dents et ses petits poings qui tremblaient presque. Il était franchement étrange que l'ours ne disait plus rien à présent. Trop en colère pour ajouter quoi que ce soit?

Elle suivit les deux hommes en silence, écoutant un peu à moitié ce qu'ils disaient à partir de maintenant. Elle n'arrivait toujours pas à digérer ces paroles. À quoi servaient tous ces tests alors? À quoi servaient vraiment tous ces tests? Si vraiment ils avaient voulu son bien, alors pourquoi ces tests aussi douloureux? Pourquoi la faire souffrir et rien n'en avoir à cirer en plus? Certains semblaient même en éprouver un plaisir à le faire. C'était sensé être civilisé ça? Elle était à peu près certaine que ces "animaux" dont il parlait ne devaient pas s'adonner à ce genre d'activités. D'ailleurs, il n'y a rien de mal avec les animaux, ils ont toujours été plus gentil avec elle que les gens en général non?

Elle s'arrêta net de marcher quand il lui demanda ce qu'elle pensait jusque-là. Il le lui demandait vraiment... Elle le fixa un moment, puis desserra la mâchoire, se calmant légèrement. Elle n'était pas moins en colère pour autant il fallait dire. Ce qu'elle retenait était simple en fait. Elle était à l'extérieur des murs de ce centre à la noix. C'était donc le meilleur moment pour elle de partir enfin d'ici. Elle finit même par sourire en penchant très légèrement la tête sur le côté. Un sourire tout à fait froid qui pouvait en dire long sur ses intentions...

-Ce que je retiens? J'en retiens que vous êtes tous des menteurs et que vous avez jamais voulu mon bien. Si on voulait vraiment m'aider, alors pourquoi tout le monde me regarde comme un monstre alors? Pourquoi mes parents sont jamais venus me voir? Pourquoi vous tuez mes amis sans même en éprouver du remord!?

Bien qu'elle paraissait calme il y a un instant, elle était à présent au bord des larmes. Ses yeux étaient humides elle avait de plus en plus de mal à parler sans que sa voix ne se brise. Toujours les larmes aux yeux, elle redevint en colère. En colère contre eux pour leur avoir fait confiance, et en colère contre elle-même d'avoir cru à leurs paroles. Tout cela n'était que pour faire en sorte qu'elle ne s'énerve pas, qu'elle accepte ce destin en silence en nourrissant l'espoir qu'elle puisse sortir un jour.

-Je n'obéirai plus... Chaque fois que je le fais, les autres et moi on finit par souffrir. Eh bien tu sais quoi? JE ME LAISSERAI PLUS FAIRE!!!

Elle lâcha Ivan qui tomba par terre. Si ses mots pouvaient se montrer durs, voire déchirants, ses menaces ne devaient pas être bien effrayantes en fait. Après tout, qu'est-ce qu'elle pouvait bien leur faire avec ce collier et le fait qu'ils faisaient plusieurs fois son poids. Par contre, elle avait bien un tour ou deux dans son sac, et c'était le cas de le dire... Elle renifla un coup avant de dire parler à la peluche au sol.

-À toi Ivan, faut faire payer pour Fredo...

Les secondes passèrent et rien ne se passa. Cependant, ce ne fut qu'après qu'un léger grognement se fit entendre. C'est en regardant par terre qu'ils virent, à leur grande surprise, que l'ours en peluche tourna la tête vers eux pour regarder fixement le gardien. Lentement, il se leva par lui-même pour se mettre debout. Ce qui était d'abord tout simplement à la fois étonnant, adorable et légèrement sinistre prit un tout autre ton quand des griffes sortirent de ses pattes. Encore plus effrayant, voilà qu'il se mit à grandir à vue d'oeil! D'abord très peu, cette croissance s'accéléra pour s'arrêter alors qu'il devait presque faire trois mètres sur ses pattes. S'ils avaient peut-être écarté l’hypothèse des peluches, il n'y avait plus vraiment de doute possible à présent.

-Maintenant, soit vous me laissez partir, soit je pars par mes propres moyens. Ça me fera rien de faire du mal pour y arriver, vous êtes des menteurs et des méchants de toutes façons, et Ivan meurs d'envie de venger son amie...

En même temps, écarta un peu son intention de Riri, pour ne pas dire l'ignorer presque. Après tout, il était l'une des rares personnes à avoir été gentille avec elle. Elle n'allait sûrement pas lui faire du mal si lui ne lui en voulait pas après tout, et même s'il tenterait de faire quelque chose pour le gardien, il n'arriverait pas à grand chose contre Ivan sans avoir d'armes. Il pouvait juste l'ignorer lui aussi.

Voilà un sale cercle vicieux quand la panique causée par le collier qui serrait lui faisait puiser de plus en plus dans ses pouvoirs, simplement pour se voir incapable de faire quoique ce soit, et empirant un peu plus l'effet du collier. Son plan aurait peut-être pu marcher si jamais elle portait toujours cet ancien collier, mais là, difficile de se contrôler quand, justement, ses pouvoirs s'activent sous des émotions incontrôlables. Le coup qu'elle reçut en plein visage la fit presque virevolter comme une poupée de chiffon au sol. Si des larmes lui étaient venues aux yeux, ce n'était pas à cause de la douleur, mais la perspective de ce qu'il allait lui faire. Tout comme elle avait menacé sa vie, il allait certainement faire de même avec elle, il n'y avait pas de raisons qu'il ne le fasse pas. Elle serra les dents, et couvrit son visage d'une main, l'autre tirant en vain sur le collier.

Quand elle ouvrit à nouveau les yeux, elle constata que Doris l'arrêta. Encore une fois, elle pouvait le remercier de la protéger en cet endroit. Par contre, le principal problème demeurait ce satané collier. Elle continua de paniquer, ses cris devenant étouffés à cause de la pression sur sa gorge. Des hommes sortirent de nulle part, l'un d'eux avec une seringue. Bien entendu, elle avait une idée de ce qui se trouvait dans la seringue en question. Elle n'avait pas envie de retourner là-bas. Sa tentative désespérée avait échoué et il ne s'en présenterait certainement plus d'autre. Si on la ramenait là-bas, ils se feraient certains qu'elle n'ait plus jamais la chance de voir la lumière du soleil, déjà que c'était plutôt rare. Elle se débattit comme elle le put quand ils s'approchèrent, mais ces adultes étaient tout simplement beaucoup plus forts qu'elle et n'eurent aucune difficulté à la maîtriser. Elle se ramollit quand elle sentit la pointe d'acier pénétrer sa peau.

Ils la lâchèrent une fois l'injection faite. Elle ne pouvait pas faire grand chose de toutes façons, sinon paniquer inutilement alors qu'elle se retrouvait à genoux. Son expression devint livide quand elle sentit que la drogue commençait à faire son effet. Elle n'était plus capable de parler, ni de crier avec ce collier qui l'étouffait carrément. Sa vue s'était d'abord embuée en raison des larmes qui coulaient à flot, puis en raison du sédatif à présent. On avait voulu lui donner espoir, l'espoir de pouvoir quitter, de lui faire croire qu'ils étaient des gens biens qui ne voulaient que l'aider, mais c'était tout le contraire. Ce n'était qu'un tissu de mensonge, et elle voyait le véritable visage de ces gens à présent. Elle ignorait ce qu'ils voulaient vraiment, et elle s'en fichait. Elle cherchait du regard autour d'elle en tendant la main avec une grande détresse qui se lisait dans ses yeux.

Elle sentit une pression sur ses épaules maintenant. puis quelque chose de tiède contre son visage. Elle n'arrivait plus à voir qui, mais elle reconnut Doris à sa voix. C'était d'ailleurs bien sûr le seul d'entre eux qui aurait le coeur de lui faire une embrassade. Elle appuya sa tête sur son épaule alors que tout son corps devenait terriblement engourdis. Elle entendit sa voix devenir un écho lointain peu à peu alors que son esprit sombrait dans le néant. C'était dommage qu'elle n'arrivait plus à parler pour lui dire qu'elle le pardonnait...


Tout était calme à nouveau autour d'elle. Même sous ses paupières, elle pouvait sentir une lumière d'un blanc cassant. Elle savait ce que cela voulait dire, et ses yeux redevinrent humides instantanément. Elle avait horriblement peur d'ouvrir les yeux à nouveau pour voir qu'elle était revenue dans le centre. Revenue dans sa chambre. Cela lui prit quelques minutes pour tout simplement se décider à ouvrir un oeil. Elle recommença à pleurer de plus belle quand elle vit ces mêmes murs à nouveau. Elle sanglota bruyamment, hurla à tue-tête, se débattit de toutes ses forces. Cependant, les sangles n'avaient aucun mal à la retenir, et elle ignorait même si quelqu'un l'entendait. C'était un cri du coeur alors qu'elle suppliait qu'on la laisse partir et qu'elle les traitaient tous de menteurs et de monstres, nommant un par un tous le nom des scientifiques et gardiens de sécurité qu'elle avait côtoyé, à l'exception de quelques-uns. Elle perdit la notion du temps. Elle ignorait si cela dura quelques minutes, ou plusieurs heures. Elle s'arrêta enfin quand elle n'arrivait plus à crier, quand elle n'avait plus l'énergie pour se débattre davantage. Tout ce qu'elle pouvait entendre, c'était sa propre respiration alors qu'elle reprenait son souffle.

-Vous avez gagné...

Elle murmura presque ses paroles. Elle ignorait toujours si on l'avait entendue, et ça lui était égal. Ses yeux, comme son expression, étaient vides, dévolus de toute volonté et joie de vivre. Elle aurait préféré ne pas se réveiller à bien y penser, ou que le gardien ait sorti son arme pour lui tirer dessus tout simplement, ou encore que ce collier ait terminé de l'étrangler. Elle fixait le plafond d'un air absent. Elle ne pleurait même plus. Elle était pour ainsi dire devenue quasi catatonique...

Elle ne broncha pas quand elle entendit des pas s'approcher. Elle se contenta de l'ignorer, fixant toujours le plafond quand il vint lui demander son état. Elle cligna de l'oeil, retenant un petit gémissement de douleur quand elle sentit le pincement de l'aiguille qui venait transpercer sa peau. Décidément, elle détestait les aiguilles, et elle ne pouvait pas faire semblant de prendre celui-là... L'effet ne manqua pas d'être immédiat non plus. À ce rythme, elle allait se sentir étrange pendant toute la journée. Même après avoir été détachée, elle ne bougea pas plus, si ce n'était pour croiser les bras sur son corps et masser ses poignets endoloris en raison des attaches. Ils auraient pu serrer moins fort quand même, ce n'était pas comme si elle avait la force de s'en défaire non plus.

-J'ai l'air de bien aller d'après toi?

Il était en train de passer la porte pour enfin sortir quand elle s'était décidée à dire quelque chose. Elle murmura presque du bout des lèvres ces paroles, sans être trop certaine qu'il l'ait entendu. Ça n'avait pas vraiment d'importance qu'il ait pu l'entendre de toutes façons. Elle resta étendue encore un moment, jusqu'à ce qu'elle relève la tête pour regarder sur l'étagère où se trouvaient ses peluches en temps normal. Elle esquissa un sourire amer, mais bien là en les voyant tous là. Voilà qui était d'un grand soulagement malgré la situation. Elle avait eu peur qu'ils ne se débarrassent tous d'eux. Elle regarda également son repas qui était posé tout près. Ne se sentant pas vraiment dans son assiette, Sierra préférera manger un peu dans sa chambre. Enfin, manger était un bien grand mot. Elle se contenta de grignoter légèrement sans trop d'appétit, jusqu'à ce que son repas soit trop froid pour être mangeable.

Elle baissa la tête en plaquant sa main sur son front afin de dissimuler ses larmes. Elle était déjà bien jeune, mais déjà elle n'arrivait plus à supporter cet endroit. Chi Chi avait raison, elle devait tenir bon si elle voulait en voir la fin, mais allait-elle vraiment avoir la force de tenir aussi longtemps? Elle tenta de se pencher sur ses cahiers dans un effort à se changer les idées, mais rien n'y faisait. Regarder le livre que le psion lui avait fait sortir de la bibliothèque ne ferait que la mettre dans un état encore pire. Justement, elle y repensa à cette idée: le roman qu'elle lui avait également sorti. Elle pouvait toujours se rendre jusqu'à la cour où il devait être à cette heure-ci pour le lui donner. Ce n'était pas son genre de lecture, c'était beaucoup trop compliqué pour elle déjà. Elle avait presque un peu l'air d'un revenant alors qu'elle déambulait dans les couloirs, toujours affectée par cette drogue qu'on lui avait injectée. Elle avança tête baissée, évitant de croiser les regards des gardiens le plus possible.

Elle eut bien à lever un peu la tête une fois arrivée dans la cour. Elle n'eut pas trop de mal à le repérer. Comme toujours, il était à son endroit habituel. Elle alla le voir, traînant un peu de la patte, pour lui tendre le roman promit, celui avec la femme qui pleure sur la couverture.

Elle ne demeura pas plus longtemps à parler au psion. Elle avait conscience que tout ce qu'ils disaient était farouchement surveillé, mais savait-elle réellement tout? Avait-elle un micro à son collier elle aussi? Une bombe peut-être? Visiblement non, puisqu'elle aurait explosé tout à l'heure alors qu'elle avait tenté de se montrer plus agressive, même si ça avait assez mal tourné. Il s'était mit à l'étrangler, alors elle pouvait assumer qu'en plus de l'empêcher de faire quoique ce soit, il la punissait de la sorte pour la décourager de recommencer. Ça pouvait marcher quelque temps, elle n'avait pas envie d'être étranglée de la sorte à nouveau, mais au final, cela ne lui donnait que plus envie de se venger. Elle était bien décidée à les faire payer pour tout ce qu'ils lui avaient fait subir, que ce soit supposément pour son bien ou non.

On lui répétait d'attendre, mais c'était maintenant qu'elle souhaitait se venger et partir de cet endroit. Elle ne voulait pas attendre d'être toute vieille et ridée comme l'avait dit le gardien. Elle ne saurait où aller, et s'en fichait franchement, mais pour le moment, elle en serait incapable. Pas avec ce collier toujours à son cou et ces gens pour la surveiller d'un peu trop près. Trouver le nain, trouver le nain, mais pourquoi? Il y en avait d'autres, et certains beaucoup plus sympathiques que lui en plus. Il était franchement étrange ce psion, mais c'était comme si tout ce qu'il lui disait avait un autre sens en fait. Le livre sur les bateaux qui était en fait sur quelque chose d'entièrement différent. Peut-être était-ce voulut de sa part justement. Peut-être lui aussi connaissait l'existence de ce livre puisqu'il devait bien savoir comment les choses se passent ici.

Le problème par contre, c'est qu'elle ne savait pas trop où le chercher. Elle pouvait commencer par regarder un peu dans les alentours de la cour, mais s'il était en train de discuter avec ses amis, elle aurait à attendre. Bien évidemment, les grandes personnes, ça trouve les enfants mignons pour la plupart, mais de là à les laisser s'incruster alors qu'ils sont bien tranquilles entre eux, faut ps trop pousser. Par contre, s'il ne s'y trouvait pas, elle aurait un peu plus de difficultés, puisqu'elle ne savait pas vraiment où il se tenait en particulier. La cafétéria pouvait être une bonne pioche, mais le problème de la bande pourrait une fois de plus causer de problèmes. De plus, elle n'aimait pas particulièrement traîner là-bas elle-même. Trop de gens au même endroit à son goût justement... C'était un territoire un peu hostiles pour ceux qui n'avaient pas beaucoup d'amis proches ou une bande avec eux. Si elle ne parviendrais pas à le trouver à l'un ou l'autre de ces endroits, ce n'était pas la peine de chercher davantage dans son état. Et puis rien ne pressait nécessairement. Il avait survécu deux ans, alors il n'y passerait certainement pas du jour au lendemain. Elle pourrait toujours s'y reprendre avec un esprit un peu plus lucide plus tard si elle n'y arrivait pas aujourd'hui.

Sierra demeura pétrifiée un moment devant la scène de violence qui se déroulait devant ses yeux. Personne cette fois pour la traîner par le bras en lui rappelant de détourner le regard. Elle ne savait pas trop comment réagir à la situation avec toute cette agitation et ce chaos. Elle ne pouvait que regarder ces gens s'en prendre à cet individu, sans savoir si elle devrait intervenir ou se tenir à carreaux. Elle était rarement témoin de tant de violence, puisqu'elle passait la plupart de son temps dans sa cellule ou tout simplement dans la court le reste du temps. Cependant, ce qu'elle n'arrivait pas à comprendre, c'est pourquoi ils s'en prenaient entre eux, et non aux gardiens et aux scientifiques. Pourquoi se faisaient-ils du mal entre eux alors que les méchants, c'était ceux qui dirigeaient ce centre? Voilà qui dépassait un peu toute logique, de son point de vue en tout cas.

Elle ignorait combien de temps elle avait assisté à la scène, mais en tout cas, elle aperçut le nain qu'elle recherchait en train de s'éclipser par la court. S'éloigner de cet endroit lui survint soudainement comme idée. Elle était contente de s'être éloignée. C'est que c'était devenu assez dangereux. Aussi petite qu'elle est, c'était la seule option possible. Peut-être bien que l'un d'eux en aurait profité pour s'en prendre à elle dans toute cette confusion même. Elle sortit dans la cour pour tenter de le chercher du regard. Il avait étrangement l'air de fuir la scène, pas pour éviter des ennuis, mais pour autre chose, ce qui lui semblait d'autant plus étrange encore.

Le trouver tout à coup face à elle comme ça à la questionner, elle demeura interdite un instant en faisant un pas en arrière. Elle avait passé tellement d'énergie à le chercher qu'au final, elle ne savait pas trop quoi lui dire maintenant qu'elle lui avait enfin mit la main dessus. Elle n'abandonna pas pour autant malgré son air un peu renfrogné et malcommode, et le fait qu'il était beaucoup plus imposant qu'elle. L'éloquence pour une enfant de son âge, ce n'était pas particulièrement facile, même quand on pense que l'on mature beaucoup plus vite dans ce genre d'endroit.

-C'est... 2019, qui m'a demandée d'aller te trouver. Je ne sais pas trop ce qu'il voulait, mais il disait que tu pourrais m'aider à mieux comprendre quelque chose. C'était à propos d'un livre, mais ça peut pas vraiment être ça...

Les pièces du puzzle commençaient peu à peu à s'imbriquer dans sa tête. Elle avait un peu de mal à se souvenir en détails de cette conversation puisqu'elle n'était pas totalement elle-même à ce moment-là, mais ça commençait à devenir un peu plus clair. Que ce n'était pas vraiment à propos du livre. Pas entièrement en tout cas. Ce n'était certainement pas par hasard si, parmi tous les nains de ce Centre, il l'avait dirigée vers l'un des seuls qui savait se servir de "magie'. C'était donc à tenter...

-Les médecins? Ils ont tous peur de moi. Ils feraient bien exprès en espérant qu'il m'arrive quelque chose. Faut que je sache... Qu'est-ce que c'est que de la "magie" au juste? Ils n'arrêtent pas de me dire que "ce n'est pas normal de faire exploser des vitres, ou des gens, par la pensée". Ils disent qu'ils me gardent ici pour que j'apprenne à garder ça sous contrôle, mais tout ce qu'ils font, c'est me garder en cage en faisant ces horribles tests sur moi. Alors comment... Comment je dois faire pour arriver à contrôler tout ça? Pour que ces choses arrivent autour de moi quand seulement quand je le souhaite?

Elle avait une fois de plus les larmes qui se pointaient au coin de l'oeil, mais elle ne sanglotait pas encore pour autant. Au contraire, elle semblait même furieuse, animée d'une colère froide. Elle se sentait pour le moment si impuissante, et elle voulait changer ça.

-Tu sais ce que ça fait, quand ils te regardent de haut dans ta cellule, avec cet air qu'ils ont? Comme si, à leurs yeux, tu ne devrais même pas exister? T'as pas envie de leur rendre la pareille toi?

Elle ne bougea pas un muscle quand il vint la flanquer contre le mur. Elle avait franchement peur sur le coup. C'était un moyen efficace de lui rappeler qu'elle ne se trouvait plus dans son petit coin de paradis. Elle retint même son souffle quand il vint pour étudier rapidement le collier qu'elle portait. Cet affreux collier dont elle souhaitait tant se débarrasser. Avait-il peur qu'ils puissent les écouter à travers cette pièce de ferraille? Elle ne se rappela que trop tard que des caméras et des micros, ils pouvaient en mettre absolument partout. Elle en avait trouvé quelques-uns dans sa cellule déjà, mais nul doute qu'il devait lui en rester d'autres à trouver encore. Elle massa son pauvre derrière de tête qui s'était cogné contre le mur quand il l'avait poussée. Elle n'en comprenait pas vraiment plus à ce truc de magie et de psionisme dont il parlait, mais il avait l'air de savoir de quoi il parlait.

Elle n'aimait pas trop le ton qu'il empruntait alors qu'il s'adressait à elle. Il ne ferait certainement pas autant le malin si lui-même se faisait plaquer contre le mur par une personne beaucoup plus imposante que lui. On dirait que tout le monde ou presque aimait bien aimait bien se passer les nerfs sur quelque chose de plus petit que soi, et malheureusement, il y avait difficilement plus petit qu'elle-même dans les environs, ce qui faisait d'elle une cible de choix. Une fois de plus, si ce n'était de cette saleté de collier... Par contre, il se mit à l'intéresser quand il se mit à parler d'étudier ces colliers. Elle releva la tête pour le regarder droit dans les yeux.

-... Et tu pourrais retirer ce collier? Comme dans parti pour toujours et moi qui pourrait faire tout ce que je veut?

Un sourire se mit à naître sur son visage à ces paroles. Pas le genre de sourire mignon qui met en confiance, mais plutôt un qui en disait long sur ses intentions une fois qu'elle serait libérée de cette saleté d'anneau de métal qu'elle avait autour du cou. Un regard légèrement dérangeant quand on se disait qu'il venait d'un enfant. Elle hocha la tête au nain.

-Une gentille petite fille comme moi, ils n'auraient aucune raison de penser que je ne suis pas redevenue bien docile et obéissante comme je l'étais...

Ses doigts parcouraient toujours le métal froid du collier alors que le nain regardait dans la direction du couloir. Elle-même ne regarda pas vraiment. Elle avait autre chose en tête. Elle écouta bien quand il lui parla de la télépathe. Sans doute parlait-il de celle qui se tenait souvent seule dans son coin dans la cour. Qu'elle n'apprécie pas qu'on l'approche n'était pas nouveau, mais si alors elle était dans un état encore pire que d'habitude... Enfin, elle était bien certaine qu'une personne comme elle ne lui ferait pas bien peur, même si elle ne savait pas réellement comment s'y prendre afin de s'adresser à elle. Elle n'avait rien de méchant, mais n'étant pas bien sociable, elle avait bien cette impression de la déranger chaque fois qu'elle tentait. Elle pouvait bien aller vérifier par elle-même si ce qu'il disait était vrai, car de toutes les personnes vivant ici, elle pouvait considérer cette personne comme étant l'une de celles lui ressemblant le plus, si ce n'était que par leur situation.

Elle commença seulement à démontrer un peu d'intérêt pour ce qui était en train de se produire dans la cafétéria bien après que le nain ait tourné les talons pour y aller lui-même. Elle laissa ses mains défiler le long du mur alors qu'elle marchait tranquillement en direction de la source de tout ce grabuge. Peu importe ce qui se passait, il allait y avoir des gens qui allaient en baver. Bien consciente des éventuels dangers que cela pourrait représenter, elle se gardait bien de trop approcher, mais la curiosité la gagnait lentement pour la traîner vers la source. Il n'y avait pas de mal à regarder d'une distance sécuritaire après tout.

Si elle pouvait encore avoir quelques doutes sur les gens dirigeant ce Centre, elles s'envolèrent toutes en les voyant se servir de l'un des pensionnaires pour en tuer d'autres. Ces gens étaient de véritables monstres, pires que ceux dans les histoires qu'on lui avait racontée. Elle ne pouvait qu'en être plus en colère contre eux, et contre son impuissance, rejetant le blâme Elle ne pouvait s'empêcher d'avoir pitié pour le #1034, qui semblait se battre en vain contre quoique ce soit qu'il avait sur la tête. Elle pouvait bien se tromper puisqu'elle n'avait pas une vue terrible de là où elle était, mais il semblait en douleur à ses yeux. Avant de pouvoir voir de plus près, elle se fit brutalement intercepter par le nain qui lui dit de s'en aller au plus vite. Ce ne pouvait pas vraiment être une mauvaise idée au final. Elle n'allait jamais à la cafétéria, et la voir ici pourrait bien être louche. Elle recula donc de plusieurs pas avant de se retourner, et se mettre à courir. S'il y avait au moins un bon point à être aussi petite qu'elle, c'était qu'il arrivait bien souvent qu'elle passe inaperçue sans même trop de difficultés.

Avec l'agitation et l'attention totalement portée sur la cafétéria, elle saisit sa chance pour s'éclipser. Elle se mit à courir dès qu'elle avait pu prendre un peu plus de distance, et courut, et courut davantage. Elle courut aussi vite que ses petites jambes pouvaient le lui permettre, et faillit même tomber à une ou deux reprises. Elle se rendait jusqu'à la cour. Elle avait un grand besoin d'air frais pour digérer ces évènements. Elle put enfin reprendre son souffle une fois arrivée. Elle avait déjà été confrontée à la mort en raison de ses crises, mais à chaque fois, ça avait été totalement accidentel de sa part, et elle s'en foulait un peu à chaque fois depuis tout récemment. Maintenant, c'était tout le contraire, elle se disait même que ce n'était pas assez. Elle souhaitait pouvoir leur faire si peur qu'ils ne voudraient que la laisser partir, bien que ce ne serait probablement pas la marche à suivre. Maintenant qu'elle était légèrement plus calme, elle se mit à regarder aux alentours en se rappelant la demande du nain. Au-delà de tout ce qu'il avait pu dire, elle s'en faisait surtout pour elle. Si déjà elle était mal dans sa peau, le pire étant à craindre s'il lui avait avouée qu'elle était dans un pire état qu'à l'habitude.

Il lui faudra donc user de ruse et de patience pour arriver à ses fins. Voler le passe de l'un des gardiens de sécurité serait sans doute bien difficile, voire pratiquement impossible, surtout du fait qu'ils ont l'habitude de prendre leurs distances et rester sur leur gardes. Là où elle aurait le plus de chances d'en chiper un, ce serait avec le personnel. Il y avait d'abord le larbin qui passait la voir à tous les jours afin de lui apporter de quoi manger. Si elle parvenait aisément à lui faire croire qu'elle prenait ses cachets, alors prendre son passe ne devrait pas être trop dur pour elle. Ce n'était pas vraiment une lumière après tout. Même chose pour les scientifiques qui venaient parfois la voir, mais encore une fois, eux aussi savaient prendre leurs distances afin de se garder en sécurité. C'était doublement vrai depuis les récents évènements. Par contre, il était certain que la carte d'un scientifique du Centre dépassait grandement celle d'un employé au bas de l'échelle en importance, mais ce ne serait qu'à l'opportunité.

Dans n'importe quel des cas et opportunités qui se présenteraient à elle, elle espérait pouvoir se débarrasser de ce truc au plus vite. Si ça continuait ainsi, elle allait sans doute se retrouver avec une sale marque au niveau du cou. C'était au moins une maigre consolation que de pouvoir toujours se rendre dans la cour au moins. Il faut dire qu'elle n'avait pas vu de gardiens là où elle était. Peut-être pourrait-elle y arriver déjà si jamais elle se dépêchait. Cependant, l'annonce qui retentit dans le Centre tout entier l'en empêcha. C'était à prévoir. Ce sera donc pour plus tard. Le nain lui laissait du temps pour y arriver après tout, et peut-être se montrait-elle un peu trop pressée. Pour le moment, tout ce qu'elle pouvait faire, c'était se montrer bien gentille et obéissante, de sorte qu'ils baissent leur garde envers elle, mais pas trop afin de ne pas sembler davantage louche au contraire. Bien apprendre ses lettres et ses lectures pendant ce temps, se montrer polie, mais sans excès, elle pouvait le faire.