La terreur pas si terrifiante du Centre

Une journée comme une autre se passait dans le centre médical de Polis. Une journée terriblement ennuyeuse en somme. Les murs et les cellules ternes un peu partout et le va et viens incessant des différents médecins et scientifiques tous en costumes immondes qui, au final, s'agençaient bien au décor assommant. Il était plutôt ironique que la pièce la plus vivement décorée était en fait l'une des cellules. Allongée sur son lit, Sierra fixait son ourson qu'elle avait assit sur son ventre. Les draps violets et les oreillers roses de même que la facture du lit laissait bien présager que l'on se souciait du confort de l'enfant. Il était cependant tout à fait probable qu'ils y ont mit autant d'efforts simplement pour éviter de petits incidents de sa part. Le reste de la pièce était somme toute très acceptable et pouvait même se comparer aux hôtels de bonne qualité. Plusieurs meubles de rangement richement décorés par la petite qui y logeait, de même que de nombreux dessins scotchés sur le mur repeint suite à de nombreuses demandes de Sierra en un mauve plus clair que le reste du violet. Sur une longue étagère au fond étaient alignées plusieurs peluches de toutes sortes et factures qui regardaient constamment en direction du plexiglas blindé qui servait de porte de cellule.

-Tu dis qu'il y a quoi dehors? Beuh, c'est nul... Le centre est peut-être pas si mal après tout... Tu crois? Et ça ressemblait à quoi avant? ... Non, je te crois pas! Tu m'a toujours dit que tu me mentirais jamais! Vraiment? Comme y sont stupides alors.

Il était toujours un peu étrange d'écouter la jeune Sierra entretenir une conversation avec ses peluches. Enfin, c'était un comportement qui demeurait somme toutes normal pour une enfant de son âge, surtout quand on a peu d'interaction intéressantes. D'ailleurs, c'était loin d'être ce qui rendait la sécurité le plus mal à l'aise, même si, étrangement, elle semblait apprendre de ces animaux rembourrés certaines informations qu'elle-même ne pourrait connaître. Elle soupira longuement en écrasant l'ourson sur sa poitrine. Encore était-il très tôt dans la journée qu'elle s'ennuyait déjà. C'est qu'elle aurait aimé avoir une fenêtre pour pouvoir regarder le monde au travers dans ces moments-là. Elle se leva pour faire une jolie grimace à la caméra qui l'épie en permanence. Les pieds nus, toujours en pyjama, elle se leva pour se diriger en direction de la salle de bain, marchant sur la pointe des pieds en raison du plancher de béton froid. Encore heureux qu'il n'y avait pas de caméra là. Elle se débarbouilla le visage avant de se brosser les dents. Elle s'habilla de ses vêtements usuels avant d'arranger ses cheveux. Après avoir terminé de se préparer, elle se dirigea en direction du mur de plexiglas, tapotant dessus du bout des doigts pour attirer l'attention de ceux de l'autre côté.

-Hé ohhh, je m'ennuie...

Elle soupira longuement en se collant la joue contre la paroi lisse. Avec un peu de chance, elle pouvait espérer tomber sur l'un des gardiens qui étaient sympathiques. Elle arrivait bien à s'amuser avec certains d'entre eux parfois. Elle n'aimait pas les scientifiques. Ils étaient tous tellement sérieux et ennuyants. Tout ce à quoi ils pensent, c'est l'observer et l'étudier tout en prenant des notes, ou encore lui donner des cours. Si elle les trouvaient pour la presque totalité vraiment barbants, elle en détestait carrément d'autres. Elle n'aimait pas leur façon de la regarder, de toujours rester distants avec elle, peu importe les circonstances. Le pire, c'était leur voix d'automate sévère. Gonflant les joues, elle se contenta de faire de la buée sur le plexiglas pour faire de petits desseins en attendant que quelqu'un se pointe le bout du nez.

Cette attente était carrément insupportable pour Sierra. Même si ce n'était que quinze minute, c'était une éternité à ses yeux. Il faut dire qu'à cet âge, la patience n'était pas nécessairement une vertu. Au départ rebutée de voir qu'il s'agissait d'une autre blouse blanche, elle était au moins contente de voir qu'il s'agissait au moins de l'un de ceux qui étaient sympathiques. Ils étaient en général tous si sérieux que c'en était assommant. Elle semblait bien abattue quand il lui annonça que c'était sa dernière journée ici. C'était toujours pareil, ils changeaient sans arrêt. Ce n'était pas qu'elle détestait voir ceux qu'elle n'aimait pas partir, mais cela englobait aussi ceux avec qui elle s'entendait bien. À croire que travailler avec elle était une punition...

-Mais pourquoi tu t'en vas?

En même temps, même s'il lui donnait carte blanche, elle aurait préféré de loin le voir rester. Elle réfléchit un moment à ce qu'elle voulait faire. Le cruel manque de jouets et de choses à faire mettait pas mal à l'épreuve l'imagination de la petite.

-J'imagine qu'on peut pas faire un tour à l'extérieur du centre...

Oui, même si elle ne détestait pas tant que cela le centre, il faut dire qu'elle n'a aucun souvenir de l'extérieur. Elle ne sait pas vraiment à quoi ça ressemble en fait. Possible qu'ils gardaient cela ainsi pour lui enlever toute envie de s'évader, mais cela ne faisait que la rendre plus curieuse encore. Comme elle savait qu'il n'y avait qu'une infime chance qu'il accepte, elle avait bien un plan B en tête.

-Sinon, on peut bien jouer à cache-cache ou bien quelque chose du genre.

Le simple fait qu'il n'ait pas immédiatement rejeté sa demande avait plutôt étonné Sierra. Après tout, la voir marcher librement en dehors du centre était la dernière chose que voulait la majorité du personnel ici. Ses yeux s'étaient un peu mis à briller en le voyant hésiter. La lèvre inférieure tremblante, elle lui faisait l'un de ces airs suppliants dont seuls les enfants avaient le secret. L'annonce seule qu'il verrait ce qu'il pouvait faire semblait suffire pour qu'elle semble être aux anges. Elle fixa l'espace d'un moment avec un air un peu hébété le cadeau qu'il lui apportait. Allait-elle apprécier cette pensée? C'est vrai qu'il avait un peu une drôle de tête avec ses yeux globuleux et son sourire idiot, mais c'était probablement un peu pour ça justement qu'elle le trouvait adorable. Elle le serra fort contre elle avant de faire un câlin à Doris en guise de remerciement.

-Merci Riri, c'est toi le meilleur.

Riri? Eh oui, si elle s'était retrouvée avec un surnom, pourquoi n'avait-elle pas le droit d'en donner aux autres. À ceux qu'elle aimait bien en tout cas. C'était une technique bien connue que d'offrir un cadeau à un gosse pour l'amadouer ou se faire pardonner quelque chose, mais toujours aussi efficace, pour peu que ledit enfant aime bien le cadeau en question. Par contre, son expression se transforma carrément quand elle remarqua José. Son sourire s'effaça, laissant place à une expression beaucoup plus neutre. Quand Doris s'en alla pour partir, elle le suivit jusqu'à l'entrée de sa cellule pour lui envoyer la main d'un air triste.

-Promi, je serai sage...

Puis, José lui rappela sa présence en lui proposant d'aller passer d'autres tests. Cette seule pensée la fit serrer les dents. Elle détestait tous ces tests, surtout ceux qui étaient douloureux. L'éthique était probablement l'un des seuls obstacles à la science (l'argent étant l'autre), cet homme faisait sûrement un excellent scientifique dans son genre. Elle détestait par-dessus tout ce regard qu'il lui lançait sans arrêt. Ce n'était pas que lui en fait. Beaucoup la regardaient toujours avec ce genre de regard. Quand elle sentait leurs yeux haineux se poser sur elle, des sentiments qu'elle ne pourrait décrire commençaient à faire surface. Se rappelant de sa promesse, elle se calma quelque peu.

-Oh! Une petite minute!

Elle faillit oublier quelque chose de très important avant de partir. Elle ne pouvait laisser sa nouvelle peluche sans un nom. Cogitant quelques secondes, son regard se ralluma d'un regard vif quand elle retourna dans sa cellule pour poser le lapin rembourré sur son lit avant de prendre toutes ses peluches pour les poser elles aussi sur son plumard. Ses énormes yeux globuleux l'avaient bien inspirée.

-Lui, c'est Globy, faites bien connaissance et soyez sages pendant que je suis pas là.

Elle reprit son air un peu morose quand elle revint auprès de José. Lui-même, avec son cerveau d'adulte, devait trouver idiot qu'elle s'adresse de la sorte à de simples jouets. Surtout qu'elle leur parlait pratiquement comme s'ils étaient de la famille ou ses propres enfants plutôt que des amis imaginaires ordinaires. Elle soupira un peu, laissant tomber ses épaules. Elle voulait en finir au plus vite avec ces tests débiles. Sans lui adresser la parole davantage, elle le suivit en silence.

Sanglée dans cette chaise, Sierra sentait qu'elle allait détester la suite. Naturellement, jamais rien de bien joyeux ne lui était arrivé quand elle était là, surtout avec ces électrodes froids sur sa peau qui laissaient présager le pire. Chamalows était peut-être tout mou, mais José était grinçant et franchement désagréable, pour ne pas dire méprisable. Elle se laissa quand même faire sans rechigner, surtout en raison de la promesse que lui avait faite Riri. D'accord, ce n'était qu'une possibilité, mais c'était mieux que rien au moins.

Franchement, elle ne comprenait pas grand chose à leur charabia. Qui c'était ce 90B? Tout ce qu'elle avait retenu de son discours, c'est qu'il était de un vraiment méchant, et de deux, qu'elle n'allait vraisemblablement pas se prendre de décharges électriques, ce qui était en soi une amélioration. Du moins, c'est ce qu'elle pensait. Elle se montra un peu interrogative quand il lui dit de décrire exactement ce qu'elle ressentait. Elle y arrivait toujours un peu mal en fait. Elle ne tarda pas à comprendre ce qu'il voulait dire par là quand il prit Fredo dans ses mains.

-NON! Pourquoi vous avez fait ça!? Pourquoi!? Il vous a rien fait!

Fixant d'abord la scène avec de grands yeux écarquillés, pas un son ne sortait de sa bouche entrouverte. Sa voix se brisait dans ses cris quand elle parvint enfin à dire quelque chose. Ce qu'elle ressentait, c'était bien simple en fait, elle avait envie de lui faire la même chose. Si la loi dit qu'un assassin devait être tué à son tour, alors il ne serait que justice qu'elle en fasse de même avec lui. Non, il n'était pas méprisable, il était monstrueux, et Sierra voulait lui faire payer son geste. Presque instantanément, l'air tremblait autour d'elle alors que son aura se réveillait. De couleur violette elle aussi, elle fluctuait avec la colère qui l'envahissait. Si son but était de déclencher ses pouvoirs, alors il avait très bien réussi. Par contre, une simple vitre en plexiglas allait-elle réellement le protéger?

Se débattant sur sa chaise, elle parvint enfin à se libérer quand les sangles avaient fondu. Avec tout ce feu, elle ignorait pourquoi elle ne se brûlait pas elle-même, mais ça n'avait pas vraiment d'importance à ses yeux. Toute la pièce était devenue une véritable fournaise infernale, de sorte que tout le monde de l'autre côté du plexiglas semblait s'être abandonné à la panique. Tous, sauf un. Elle pouvait clairement voir José. Ces flammes détruisaient tout dans cette pièce. Si elle parviendrait à détruire cette baie vitrée, la même chose adviendrait de celle où il se tenait. Malheureusement pour elle, avant qu'elle ne puisse frapper sur le plexiglas pour tenter de le briser, elle se prit un nuage de gaz anesthésiant en plein visage alors qu'elle était tout près du but. Elle recula en tentant de couvrir son nez et sa bouche, mais il était trop tard. Elle se rappelait bien de quoi il s'agissait quand elle se sentit perdre ses forces peu à peu. Les flammes perdaient en intensité à mesure qu'elle perdait approchait de l'inconscience.

À présent à genoux, elle avait du mal à garder les yeux ouverts. Elle tentait de combattre l'effet de l'anesthésiant, mais c'était peine perdue. Des résultats? Il avait tué Fredo simplement pour obtenir des données sur elle? Elle tomba la joue contre le sol, voyant toujours dans la salle de contrôle. Elle serrait les dents alors qu'elle le voyait sortir comme si de rien était, jetant son ami aux poubelles comme un vulgaire détritus. Tout devint noir par la suite, comme un sommeil sans rêve où tout était noir.

Ouvrant lentement les yeux, elle se releva d'un bond pour regarder en direction de l'étagère. Ses yeux s'étaient emplis de larmes quand elle eut la preuve que ce n'était pas qu'un horrible cauchemar. Elle sentait encore sa tête lourde, mais ce n'était pas en raison de l'anesthésiant. Un autre collier de contrôle se trouvait à son cou on dirait. Elle se sentait vidée de son énergie. Recroquevillée dans son lit, elle pleurait toutes les larmes de son corps en silence, la tête dirigée vers le mur. Imaginez que l'on tue l'un de vos amis les plus chers sous vos yeux, et vous comprendriez le deuil auquel elle était en proie.

Un bruit retint son attention. Ouvrant les yeux, elle pouvait voir toutes ses peluches rassemblés auprès d'elle. Comment elles avaient fait était un pur mystère, mais ça n'avait pas vraiment d'importance. Elle les avaient toutes prises dans ses bras pour les serrer aussi fort qu'elle le pouvait.

*José ne s'en sortira pas comme ça. On va venger Fredo. Tous ensemble...*

Elle ignorait combien de temps elle resta là, blottie contre ses animaux rembourrés. Son chagrin se transformait peu à peu en un désir de vengeance. S'ils croyaient l'avoir rendue inoffensive en limitant ses fluides, ils n'avaient pas prit en compte qu'elle n'était pas vraiment seule. Par contre, mieux valait attendre le meilleur moment pour l'instant. Se précipiter ne donnerait rien. Ce n'est pas les moyens pour la contrôler qui leur manque. Pour le moment, mieux valait pour elle de passer son deuil.

(HJ:Plus je me relis, plus je me dis que j'aurais dû l'appeler Kenny cette peluche là ^^)

Dans cette pièce, pas moyen d'avoir une idée du temps qu'il peut passer. Certes, Sierra sait (à peu près) ce qu'est une demie-heure mais ici pas moyen de lui donner la moindre horloge et les seuls repère qu'elle a, c'est quand on vient lui donner ses médicaments et de lui dire de se coucher... Ce qui est donc synonyme de soir.

Et en parlant de médoc', l'infirmier qui rentrera dans la pièce pour lui apporter, un petit nouveau, un jeune d'une vingtaine d'année, que Sierra n'a jamais vu n'est pas spécialement à l'aise, ayant surement eu vent de l'expérience d'y à plusieurs heure. Sierra a beau ne pas s'y connaitre sur le fonctionnement de Polis, elle sait que ses infirmiers ne sont rien d'autres que des "Domestiques", des gens de l'extérieur de la ville. Des larbins qui font des boulots de larbins car elle sait reconnaitre des taches de larbins quand elle en voit. La preuve: ce genre d'infirmier sert aussi de nounou au point que c'est eux qui donne à manger aux enfants du centre. Les scientifiques, eux, estiment que ce n'est pas de leur rang. Seul Doris a accepté de le faire une ou deux fois quand il avait le temps.

- Euh... Bonsoir Annie. C'est l'heure du repas du soir. Une soupe... J'espère que tu aimes.

Dans sa voix, c'est un mélange de crainte et de peur qu'il recent. Et quand on lui présentera les médicaments avec son verre lait et son repas, Sierra ne put que remarquer qu'il y en avait deux de plus. D'habitude, il n'y a que la pilule blanche et rouge et le petit cachet (dégelasse soit disant en passant) blanc. Enfin libre à elle de passer ses nerfs sur lui, les gardes le font bien eux.

En temps normal, Sierra était bien partante pour effrayer un peu les nouveaux quand ils tremblaient de la sorte en la voyant, mais elle n'en était pas . D'un autre point de vue, ce n'était qu'une fillette en train de pleurnicher en silence dans son lit. On ne pouvait pas dire qu'elle avait de quoi faire peur en tant que tel en ce moment. Il avait dû se faire gaver par les histoires et les rumeurs qui circulent sur elle. Quand il s'adressa timidement à elle, elle ne fit d'abord que bouger un peu dans ses draps sans se retourner pour le regarder pour autant.

-Je n'ai pas faim...

Ça aurait pu être un énorme gâteau double chocolat, elle n'en voudrait pas plus. Il était vrai qu'elle n'avait pas du tout la tête à manger. Par contre, ils allaient certainement la forcer à avaler les cachets si elle refusait aussi de les prendre. Encore là, elle préférait la manière douce à la manière forte. Dans ces temps-là, elle avait au moins une chance de pouvoir ne faire que semblant de les avaler. Elle se leva enfin en se tirant hors des couvertures. Son oreiller était mouillé, et ses yeux comme ses pommettes étaient rougis. Elle fixa un instant le plateau repas d'un air livide. Encore d'autres médicaments, elle en avait mauvais pré-sentiment. Elle se leva pour aller prendre les deux cachets habituels, les avalant un après l'autre avec une rasade de lait. Elle fit le même geste avec les autres, mais cette fois en les gardant sous la langue.

Elle ne prêtait pas vraiment attention au nouveau. Probable qu'il ait reculé quand elle s'était levée vu comment il avait peur d'elle. Ce n'était pas lui qu'elle avait envie d'être regardée d'un air terrifié. Non, celui qu'elle voulait voir dans cet état, c'était José. C'était lui l'enfoiré qui avait tué Kenny Fredo. C'était sur lui qu'elle voulait passer sa colère et non un infirmier. Elle laissa sa soupe comme elle lui avait dit qu'elle n'avait pas faim pour retourner se coucher. Après avoir tiré les draps sur elle à nouveau, elle dissimula les deux cachets entre le mur et le matelas. Voilà qui avait dû être une tournure des choses un peu sèche pour le jeune homme.

Soit il était bien soucieux de son bien être, soit il était un peu stupide. Ça ou il ne souhaitait pas perdre son travail parce que les sujets se laissent mourir de faim alors qu'il est celui qui leur apporte la nourriture. D'un autre côté, ce n'était pas comme s'ils avaient le bien être des "pensionnaires" ici à coeur. Tant qu'ils restaient en vie, c'était là l'important. Si leur état pitoyable leur permettait de recueillir plus de données, alors c'était pour le mieux pour eux. Le meurtre de Fredo était un bon exemple. Visiblement, elle n'allait pas bien si elle avait passé toute la journée au lit sans même prendre la peine de se changer, mais ça, ce n'était qu'une bonne chose pour les scientifiques si elle restait calme une journée ou deux.

-Je m'en fiche de ce que le "Docteur" dit. J'ai pas faim alors ça sert à rien d'insister...

Pour parler de lui comme ça devant elle, il ne devait avoir aucune idée de ce qui s'était passé plus tôt. Il n'aurait même pas osé évoquer son nom devant elle s'il tenait à la vie. Sa présence l'exaspérait un peu. Ne voyait-il pas qu'elle cherchait à rester seule? C'était quoi cette proposition de l'aider à manger? Elle n'a pas trois mois bon sang. C'était presque aussi insultant que de se faire agiter un trousseau de clés sous le nez. Elle se retourna pour lui faire face.

-Pourquoi vous tenez tellement à me faire manger? Vous avez juste à poser le plateau et vous en aller. Les docteurs ne vous tomberont pas dessus si c'est moi qui refuse d'avaler quelque chose.

Même s'il pourrait tenter de le nier, Sierra pouvait très bien voir à quel point il était inconfortable d'être en sa présence. Un peu plus et il tremblait de terreur. Malgré tout, pourquoi? Pourquoi se souciait-il autant à son égard? Il avait simplement pu déposer le plateau en entrant avant de repartir aussitôt s'il se croyait autant en danger.

L’infirmier n’insista pas, ce n’est ni dans son intérêt et il n’a aucune raison de le faire. Il laissa le plateau sur le meuble avec de sortir de la pièce. Si Sierra n’a pas accès à la moindre horloge, c’est surtout repérable avec les pas dans le couloir qu’elle peut se donner une idée de l’heure qu’il est. De plus, à ne pas avoir avaler le cachet faisant office de somnifère, elle aura bien du mal à trouver le sommeil au point qu’elle finit par se dire que ses peluches, lorsqu’elles murmurent que l’extérieur est plus interressant, n’avait enfin de compte pas si tord que ça : qu’est ce qu’on peut se faire chier au centre parfois !

C’est le lendemain que l’on viendra la réveiller : la promenade matinale dans la cour après le déjeuné (que Sierra est libre ou non de prendre, l’infirmier débarrassant ce qu’elle n’a pas manger la veille), une promenade digne d’un tolard avec cette grande cours, ses murs haut de dix mètres lugubre à souhait et où, ironiquement, ne gène aucunement des détenus qui se contentent d’un rien pour le peu qu’ils n’aient jamais vu l’extérieur. C’est aussi l’un des seuls endroits où le centre prend la peine de mélanger les détenus avec la séance « loisir et jeu » réservé à certains dont fait parti Sierra.

Ce matin, il y a plusieurs patients. Assise sur un banc seule comme d’habitude, il y a « Lili », le sujet #0808, c’est une petite brunette de 13 ans, une télépathe qui n’arrive pas à se contrôler plutôt asociale. Elle parle toute seule, en proie d’hallucination et craintive envers les hommes. Pas franchement stable celle-là mais pas méchante non plus. En fait à part le sujet #1008 que Sierra n’a jamais vu, ici les internés ne sont pas franchement méchants même si ils leurs arrivent de tuer parfois une personne du personnel…
Etrangement pas de trace du sujet #1034. Cette pensée ne put que faire froid dans de Sierra : Si José « s’amuse » avec lui comme il l’a sous entendu la veille, elle n’aimerait pas être à sa place.
Il y a le sujet #2019, pourquoi plus de deux milles ? Il est sujet au don psionique. Une mutation plus exactement. Ca tombe bien il a une tête de mutant… Une malformation au niveau de la boite crâniène et en plus d’avoir à peine 20 ans, cet humain est déjà chauve. Ici, il semble avoir la tête sur les épaules vu qu’il fait parti des patients auquel qu’il ne manque pas un grain… Et qui a déjà tenter de s’évader une fois. Depuis il a un collier différent… Un collier, selon ses dires, qu’il vaut mieux que personne se trouve dans les environs le jour où les scientifiques l’actionneront (bref, un collier à la Battle Royal…). Depuis ce jour il semble avoir perdu toute motivation d’évasion. Sinon à part les trois patients qui discutent dans un coin parce que un peu taré et violents sur les bords, il n’y a personne d’autres dans la cour.

Sierra peut se dégourdir les jambes même si elle est encore en deuil, qu'elle en profite!

(HJ: Une Brève présentation de quelques patients. Je me doute que mes premiers messages ne remuent pas trop et je m'en excuse un peu. Ton perso n'a pas (encore) de raison de s'enfuir, disons qu'au fil des jours je vais essayer de te mettre dans l'ambiance du centre et en partie dégouté Sierra. C'est un peu le but aussi.)

Tout était gris, tout était morne. Jusqu'à maintenant, elle n'y avait pas tellement prêté attention, mais tout cet endroit était franchement lugubre. Elle avait choisit de sortir elle aussi dans la cour. Même les gens y étaient aussi gris que les murs. Elle était sortie pour prendre l'air un peu et voir le ciel et le soleil, mais elle aurait peut-être mieux fait de ne pas y aller. Tout le monde ressemblait à des morts-vivants en train d'errer sans vraiment avoir de but. Le ciel était en soi plus intéressant à regarder que leurs visages creusés et ravagés. Le ciel était-il pareil partout, ou changeait-il tout dépendant de l'endroit où on se trouve. Elle avait beau essayer de se rappeler aussi fort qu'elle le voulait, elle n'arrivait pas à se souvenir à quoi le monde ressemblait à l'extérieur de ces murs. Faisaient-ils exprès justement? Avaient-ils peur qu'il lui prenne l'envie de partir une fois qu'elle ait vu le monde extérieur?

Elle essayait de marcher un peu, mais elle en était incapable. Elle avait l'impression que ses pieds étaient en plomb tant ils traînaient alors qu'elle avançait. Elle posa les yeux un moment sur Lily. Lui avait-on réservé le même genre de traitement pour qu'elle soit ainsi? Elle s'était réservée d'aller la voir. Elle savait qu'elle n'était pas bien méchante, et Sierra semblait capable de l'approcher plus facilement que les autres en général, mais elle savait qu'elle préférait être laissée seule quand elle le préférait. C'était plutôt ironique de pouvoir communiquer avec la pensée pour au final ne vouloir adresser la parole de personne. Combien de gens ici ont déjà vu le monde extérieur?

Instinctivement, elle releva la tête pour constater qu'elle n'était qu'à quelque pas de ce psion à la tête un peu déformée. C'était tout de même une bien meilleure pioche que les trois autres qui discutaient dans un coin. Une enfant comme elle n'intéressait malheureusement pas vraiment les adultes qui préféraient parler de trucs ennuyeux entre eux pendant des heures. Honnêtement, cette malformation ne la rebutait pas plus que cela, elle qui avait l'habitude de voir des phénomènes beaucoup plus dérangeants depuis qu'elle était toute jeune. Sa tête avait même vaguement la forme de l'un de ses bonbons préférés. Par contre, elle n'avait pas vraiment la tête à cela. Lui qui s'était déjà évadé, ou bien tenté de s'évader. Lui devait sans doute avoir déjà vu le monde extérieur. Elle était un peu hésitante dans son approche, car nombreux étaient ceux qui n'étaient pas très sociables par ici, mais il n'y avait pas raison pour que ça se passe mal, n'est-ce pas?

-Excusez-moi mais... Le... Le monde en dehors de ces portes, vous y êtes déjà allé? Ça ressemble à quoi au juste?

Elle brûlait de savoir. Si ce n'était pas lui qui lui dirait, elle n'abandonnerait pas pour autant. Elle avait conscience que ça pourrait être un sujet délicat avec lui, mais c'était un bien petit prix à payer.

Aller chercher divers livres pour lui? Personnellement, aller faire les commissions pour un autre ne l'enchantait pas plus que cela, mais elle pouvait toujours les prendre tout en passant en prendre un pour elle-même. À l'entendre, il devait connaître toute cette bibliothèque par coeur. À vrai dire, ça pourrait se montrer plus amusant que ça en a l'air en lui donnant un coup de main. Ce qui piqua son intérêt surtout, c'était sa façon de dire que parler du monde extérieur était chose dangereuse. Mystère et boule de gomme. Qu'est-ce qu'il y avait de si incroyable pour que l'on tente d'en garder si farouchement le secret, et surtout pourquoi ils étaient tous gardés ici. Était-ce vraiment simplement pour se servir d'eux comme cobayes, ou avait-il quelque chose de plus? Peut-être allait-il la renseigner si elle lui ramenait ses précieux livres. Elle n'avait rien à y perdre de toutes façons.

-J'ai pas l'habitude de sortir de genre de livre, mais je peut bien jeter un coup d'oeil.

Le son strident du sifflet la fit regarder par-dessus son épaule. La récréation était terminée. N'étant pas considérée comme un sujet prompt à la violence, mais surtout dangereux si on l'énervait vraiment, elle bénéficiait d'un accès un peu moins restreint aux commodités du centre. Elle se sépara bien assez vite du psion qui disparut de son champ de vision. Elle avait bien eu envie de lui poser une autre question, mais elle avait peur de la réponse en fin de compte. Plus encore que quand elle avait demandé si elle pourrait faire une ballade à l'extérieur des murs. Les pensionnaires rentrèrent sans trop poser d'histoires. Avec le temps, même le plus colérique et fier finissait par se plier à la longue, la plupart du temps en tout cas.

Elle s'immobilisa face à l'un des gardiens qui semblait un tant soit peu plus sympathique, c'est à dire à l'air moins dérangé. Naturellement, si elle avait accès à la bibliothèque, il était hors de question qu'elle puisse y aller sans être accompagnée. Les occasions où elle pouvait se juger hors de vue de toute caméra ou regard d'un gardien de sécurité étaient très rares.

-Excusez-moi monsieur, mais est-ce que je pourrais passer à la bibliothèque?

Demandé si gentiment, il ne pouvait pas lui refuser non?

Elle avait du mal à en croire ses yeux. Elle parcourra en vitesse les différentes photos. Elle s'arrêta sur l'une d'entre elles. Une longue chaîne de rocheuses qui s'étendaient à perte de vue. Il y avait un drôle de machin blanc qui les recouvraient, et plein d'arbres qui en pointaient. Il y avait aussi la photo d'un gros ours en encadré plus petit qui ressemblait un peu à Ivan. C'était peut-être un cousin. La deuxième en valait tout autant la peine. C'était la photo d'une plage avec une mer limpide qui semblait tout aussi infinie. Un coucher de soleil rouge et doré faisait briller l'eau. Le monde était aussi grand que ça? Était-il aussi joli que ça? Du bout des doigts, elle touchait le papier, presque comme si elle était en transe.

-Alors tu as fait ton choix Annie?

Sa voix l'avait fait tressaillir. Elle en bondit presque. Elle referma vite le livre. Même elle pouvait se rendre compte qu'ils ne voulaient pas que de telles images soient vues. C'est vrai, elle qui ne faisait que fantasmer un peu au sujet de découvrir l'extérieur, cet intérêt était lentement en train de devenir un obsession.

-Oui oui, j'arrive! Une petite minute.

Elle prit le livre sous le bras, mais elle se douta un instant qu'il trouverait suspicieux qu'elle emporte un tel livre. Elle regarda vite entre les rangées qu'elle connaissait davantage pour prendre un autre livre qui était plus de son type. Il s'agissait d'un livre à images avec des ours colorés comme Fredo sur la couverture. Elle redevenait un peu triste en revoyant son image, mais ce n'était pas le moment pour ça. Serrant les livres contre sa poitrine, elle s'assura qu'il ne pourrait voir que la couverture de celui avec les bisounours. Elle arriva avec un sourire un peu niais mais néanmoins adorable. Elle se sentait un peu anxieuse en ce moment, elle ne pouvait pas le nier.

-Ça va j'ai tout. Merci beaucoup m'sieur, z'êtes gentil.

Ça n'allait pas l'amadouer, mais au moins l'écoeurer assez c'elle pour qu'il veuille juste en terminer au plus vite avec elle et la laisser filer.

Voilà qui était une sacré chance qu'il n'ouvre pas les livres pour en inspecter le contenu. Elle pouvait se remettre à respirer quand il le lui rendit. C'était probablement parce qu'il ne la croyait pas assez intelligente pour tenter quoi que ce soit, mais elle pourra faire avec. Maintenant qu'elle y pensait, elle arrivait déjà à faire passer toutes sortes de petits tours de passe-passe. C'est fou ce qu'on arrivait à faire avec un peu d'habitude et de débrouillardise. Son coeur s'était remit à battre quand il la questionna sur le roman. Évidemment, les romans n'étaient toujours pas vraiment de son âge, surtout ceux du genre qu'elle avait sur elle. Autant éviter de sonner faux en essayant de sortir des mensonges à l'arrache, il ne semblait pas particulièrement vaillant de toutes façons.

-Heu, c'est 2019 qui m'a demandée de prendre celui-là pour lui si jamais je passais à la bibliothèque.

Elle le regardait d'un air innocent un peu hébété, comme si la question la surprenait par son manque d'importance. Dans le pire des cas, on lui confisquerait le roman. Voilà qui serait triste pour le psion, mais elle se doutait un peu que c'était en grande partie simplement un prétexte pour l'envoyer chercher cet autre bouquin. En tout cas, elle put ressortir avec son précieux butin. Rien ne pressait pour le moment avec le roman, elle pourrait aller le lui donner demain sans problèmes. Le plus important restait de mettre le livre en sécurité dans sa cellule.

Elle les déposa tous les trous sur son bureau, mais alors qu'elle allait s'en éloigner, elle se sentit retenue par une force invisible. Ça restait au sens figuré du terme, bien que c'était presque aussi efficace. Elle regarda le livre défendu, mais se rappela un instant des caméras. Elle ne pouvait pas les laisser même en entrevoir le contenu, et aller à la salle de bain avec serait louche. Elle sortit donc ses cahiers de calligraphie afin de s'exercer un peu et se changer les idées, et ça ne marchait pas vraiment. Elle n'arrêtait pas de jeter des coups d'oeil furtifs au livre en question, jusqu'à ce qu'elle le mette sous une pile de livres qu'elle avait déjà.

Elle recommença à tenter de s'exercer, jusqu'à ce qu'elle en ait assez de fixer une page blanche. Elle tenta la même chose avec un livre à colorier, mais c'était la même chose. Finalement, elle craqua et se saisit du livre. Sous l'angle mort de la caméra, elle inséra le livre en question dans l'autre qu'elle était allée chercher à la bibliothèque et s'était assise dans son lit pour regarder. Juste un petit coup d'oeil ne pourrait pas faire de mal...

Quand quelqu'un entra, elle fit carrément le saut alors qu'elle tenait le "livre interdit". Elle le referma très vite pour voir l'infirmier de la veille se pointer. Il avait l'air moins prêt à se vider les boyaux en l'approchant. Il faut dire que son attitude d'hier devait y être pour quelque chose puisqu'elle n'avait pas vraiment l'air d'une menace. Elle grimaça un peu en voyant le ragoût. Soupes, ragoûts, potages... C'était un peu trop de nourriture liquide à son goût. Sans doute cela était-il plus facile à faire en grandes quantités, mais là c'était juste trop. Encore qu'elle ne détestait pas nécessairement le poisson, on était loin de pouvoir dire que tous les cuisiniers du centre étaient de véritables cordons bleus. Enfin, la nourriture produite en masse, elle devait n'être que pour les "pensionnaires". Le personnel devait à coup sûr être mieux nourri.

Elle était un peu dubitative quand il arriva en disant avoir une bonne nouvelle, mais au final, elle avait du mal à en croire ses oreilles. Elle resta un bon moment plantée là à le fixer, un peu hébétée. C'est qu'elle ne savait pas trop quoi répondre à ça, ni comment réagir. D'un côté, elle était toujours terriblement en deuil de Fredo, et d'un autre, elle arriverait enfin à voir l'extérieur de ses propres yeux. Oh mais maintenant qu'elle y pensait, elle devait avoir une mine affreuse. Elle se le confirma en allant se regarder dans le miroir de la salle de bain. Toujours les mêmes vêtements qu'hier, cernes et une mine des plus ternes. Franchement, elle se faisait presque peur à elle-même. Elle ressortit pour constater que l'infirmier était toujours là.

-Ils vont venir mer chercher bientôt? Je peut pas y aller comme ça moi!

Pas une seconde à perdre. S'ils pouvaient au moins lui laisser quelques minutes, le temps qu'elle puisse se débarbouiller un peu la figure, enfiler des vêtements propres et arranger un peu ses cheveux tant qu'elle y est. Oh et pas question de ne pas emporter ses peluches non plus. N'ayant pas les bras assez grands pour tous les tenir confortablement, son sac à dos ferait au moins l'affaire. Elle ferait au moins la faveur à Ivan en le transportant dans ses bras. Même cette saleté de soupe tomates et champignons goûtait un peu moins mauvais que d'habitude... C'est en portant la cuillère à sa bouche qu'elle se rappela qu'il l'avait questionnée.

-Non, je suis jamais sortie du Centre avant. Je suis juste allée dans la cour jusqu'à maintenant, mais on voit rien avec les murs de béton...

Elle ne faisait que lui répondre par habitude que l'on lui avait inculquée avec le temps. Elle était bien certaine qu'il ne pourrait pas vraiment comprendre ce que c'est de vivre toute sa vie enfermée dans un bâtiment, tout comme elle ne pourrait pas comprendre ce que ça fait de vivre à l'extérieur, même s'il tenterait de le lui expliquer.

Sa réponse étant bien satisfaisante selon elle, elle profita de ce petit temps libre pour se préparer, voire même se ponponner. Des vêtements frais et propres faisaient changement de ceux d'hier avec lesquels elle avait même dormi. À défaut d'avoir le temps de prendre une douche, elle put au moins se débarbouiller le visage un peu. Voilà qui faisait franchement du bien déjà. Elle passa aussi un peu de temps à replacer ses cheveux et son ruban. Elle était déjà prête pour sortir avec ses peluches prêtes à mettre en sac. Elle pourrait passer la prochaine heure à tuer le temps pour ainsi dire. Les propos de l'infirmier l'intrigua quelque peu. Qualifier cet endroit de morne revenait un peu à qualifier le soleil comme étant brillant. Si le monde était réellement plus intéressant à l'extérieur, alors pourquoi les gens se donnaient même la peine de vivre ici? C'était le genre de choses qui échappait à toute logique selon la jeune fille.

L'écho de deux voix se faisait entendre. Elle reconnut au moins l'une des deux voix. C'était celle de Riri! Elle n'arrivait pas à comprendre ce qu'ils disaient avec la distorsion, mais elle pouvait au moins reconnaître sa voix. Sans même prêter attention à l'infirmier, elle se précipita à la porte pour regarder d'où venait le bruit. L'infirmier devait l'avoir appelée, ou demandée d'arrêter, mais elle n'y faisait plus trop attention. Elle se mit à courir pour aller rejoindre la source du bruit.

*Peut-être qu'il est revenu pour me dire au revoir, ou mieux, qu'il ne s'en va pas finalement. Peut-être que c'est lui finalement qui va me faire faire ce tour à l'extérieur du Centre...*

Pour une fois depuis longtemps, ses yeux étaient vifs et vivants. Elle courait en sa direction, espérant au moins le revoir une dernière fois si c'était possible. Après tout, il faisait partie des rares scientifiques ici avec qui elle s'était bien entendu, les autres la voyant presque tous comme rien de plus qu'un sujet d'étude, de la vermine, ou pire, un monstre. Les voix s'éclaircissaient à présent, plus que quelques mètres...