La Petite Mort

Le voyage n’avait pas été facile. Durant tout le trajet, Kind, Diego et Andrew eurent des maux de cœur. Il faut dire que l’odeur que dégageait le moteur n’aidait pas. L’ange avait eu la bonne idée d’utiliser son pull comme filtreur, se le montant jusqu’au nez. Étant malade, l’ange trouva que le temps passait trop lentement. Andrew, habituellement un peu plus joyeuse, était silencieuse. Elle aussi souffrait de léger empoisonnement aux radiations, mais quelque chose d’autre la troublait, l’ange le sentait. Quant à Diego, il était couché sur la banquette arrière, geignant et se plaignant comme s’il allait mourir, se tenant le ventre.

Au loin, elle put voir Vegas à l’horizon, au moins, ils étaient rendus. L’ange donna du mieux de ce qu’elle pouvait les directions pour se rendre à la planque de Mañana, car Diego venait de vomir sur la banquette arrière et ne semblait pas trop dans un état pour donner les directions. Las Vegas était déjà beaucoup peuplé qu’à l’habitude, des réfugiés arrivaient en masse. Certains malades comme l’était Kindness. Après une quinzaine de minutes de recherche, l’ange reconnut l’endroit et demanda à Andrew de s’arrêter.

" J’resterai bien pour être avec vous… mais je dois chercher mon frère. "

Elle aida Kindness à descendre Diego et repartit, faisant un signe de la main à l’ange. Diego se plaint qu’il n’était pas capable d’avancé, mais remarqua un moto-cross à l’entrée de l’égout… et son état devint miraculeusement mieux.

" Oh Beezee est là ! Ça doit être lui qui va s’occuper de ton cas ! "

Diego semblait aimer ce « Beezee ». Ils descendirent dans les égouts et furent accueillis par une Mañana qui prit encore Kindness dans ses bras, écrasant encore une fois l’ange entre ses seins. Si elle continuait à faire ça, l’ange pensait qu’elle allait commencer à apprécier d’avoir la tête entre ces deux ballons. Lorsque la Latina lâcha Kindness pour offrir le même traitement à Diego, l’ange remarqua un homme au physique étrange. Ses longs cheveux blonds cachaient une partie de son visage, mais elle vit son iris jaune à la pupille fendue alors qu’il baissa son regard lorsqu’il remarqua que l’ange l’observait. Ses mains étaient énormes et griffues, elle remarqua aussi qu’elles étaient couvertes d’un poil ras brun et il tenait l’enfant qui avait besoin du lait en poudre. Mañana lâcha enfin Diego et mis sa main sur l’épaule de l’ange.

Spoiler:

" Je suis tellement heureuse de vous voir en vie ! Quelle chose horrible ! Des radiations d’origine inconnue ! J’espère que vous avez pu trouver ce qui nous fallait. Oh! Je suis impolie, laisser-moi vous présenter. Bienveillance, Beezee. Beezee, Bienveillance. C’est lui qui a fait le remède pour t’aider à combattre ta dépendance, ma belle. "

L’homme étrange, acquiesça timidement et continua de bercer l’enfant qui dormait. Il tentait de regarder l’ange de manière discrète, mais celle-ci remarqua sa tentative.

Mañana prit le livre et le feuilleta, les pages s'étaient un peu jaunies avec le temps. Comme un automatisme, elle alla à la table des matières et passa son doigt sur l'encre. Il donna un petit coup de doigt lorsqu'elle trouva ce qu'elle cherchait et eut un petit sourire en coin, tournant les feuilles à la bonne page. Elle plia le coin de la page et déposa le livre sur une petite table ayant déjà une montagne de bouquin.

"Mais c'est parfait, ma belle. Confucius disait bien quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre à pêcher que de lui donner un poisson! "

La belle Latina tourna le dos à Kindness et fouilla dans un petit sac accroché à un porte-manteau, elle y sortit des billets. Elle fit de longs pas rapides et passa comme le vent à côté de Diego, lui mettant les billets dans la main.

"Sois un chou et va me chercher du lait et des vitamines, s'il te plait. "

"Eh? Pourquoi tu ne demandes pas à sa m- "

Beezee leva la tête en entendant Diego, Mañana plaça son doigt rapidement sur la bouche de l'adolescent, lui chuchotant.

"Elle partit, elle l'a abandonné ici, chut."

"Hva?! Tu m'avais dit qu'elle était partie faire des courses!" S'exclama Beezee dans un accent que l'ange ne reconnut pas. Il roulait beaucoup ses R et prononçait de manière très claire ses T.

Discrétion manquée, l'étrange homme l'avait entendue. Elle oubliait parfois qu'il avait une meilleure ouïe que la moyenne de la population. La Latina se retourna en donnant un coup de talon, elle semblait malaisée. Elle fit signe de main à Diego de partir, ce qu'il fit en marmonnant qu'il n'allait pas bien et ne devrait pas faire autant d'effort physique.

"Bee, je ne fais ça que pour te protéger. Je sais que ce genre de sujet te touche un peu trop."

"Me touche un peu trop?" Dit-il en haussant la voix. " Si je la retrouve, je lui arrache l'utérus! "

Kindness remarqua aussi que ses J se transformaient en Y. Elle commençait d'ailleurs à être elle aussi un peu mal à l'aise. Dans son état, elle aurait aimé être autre part et non entre ces deux personnes. En observant l'homme, elle remarqua aussi que lorsqu'il avait, il avait les dents extrêmement pointues, lui donnant des frissons dans le dos. Le poupon commença à faire des couinements. Mañana s'approcha de l'homme et prit doucement l'enfant de ses bras, il ne rechigna pas et ne fit que soupirer.

" Belzéb-" Mañana s'arrêta dans son élan et regarda rapidement Kindness avant de se reprendre. " Beezee, nous avons une invité et elle a besoin de toi, ce n'est pas le temps de dire ce genre d'horreur! "

"Eeerrrr… Désolé…"

Beezee regarda le sol, levant rapidement les yeux pour regarder Kindness. Il se tourna, prit un vieux sac de plastique et un masque à gaz militaire. Il fit signe à l'ange de le suivre à l'arrière, au même endroit où la mère du nouveau-né lui avait donné la vie. Il ferma une porte derrière Kindness et plaça une serviette mouillée au pied de celle-ci. Il pointa un lit de fortune et mit le masque à gaz.

"Enlève tes vêtements et va te coucher, je prépare tout cela... désolé pour mes commentaires déplacés"

Manana hocha la tête, la mère était bel et bien en vie. Elle fit un signe de "choo" avec ses mains pour pousser Kind à suivre le grand blond. Malgré leur petite dispute, elle semblait avoir une grande confiance en cet homme. Beezee s'assit les jambes croisées et sortit du sac en plastique un petit poêle à gaz de camping, des galets et des ingrédients pour sa concoction. Bienveillance, en s'assoyant sur le lit, put voir une bouteille d'eau, des plantes vertes et un drôle de petit flacon ayant une poudre vert pastel. Au travers des verres du masque à gaz, en observant les yeux, l'ange put voir que l'homme souriait.

"Mon traitement? Oh… j'ai tendance à combattre le feu… par le feu. Mais à ma propre manière! Dans mon pays, on utilisait beaucoup aussi cela pour se purifier… avec plutôt d'huiles essentiels que de mescaline!"

Heureusement qu'elle ne savait pas ce qu'était de la mescaline. Il mélangea les ingrédients secs dans un bol et plaça les galets dans un autre bol en sur le feu. Il attendit quelques minutes, mélangea l'eau avec les ingrédients secs et versa le drôle de liquide sur les galets bien chauds. Rapidement, la salle se remplit de vapeur, Kindness comprit rapidement pourquoi le grand blond portait un masque à gaz, il ne voulait pas être victime de son propre traitement.

"Fais de beaux rêves ~♫"

Presque aussitôt, l'ange commença à se sentir léger. Ses paupières étaient lourdes et ressentaient une sensation de chaleur dans ses poumons. Elle essaya de résister, mais la concoction était plus forte qu'elle et elle s'endormit. Malgré une certaine frayeur, elle se sentit étrangement en paix.

Lorsqu'elle se réveilla, elle entendit une vache meugler. Elle était couchée dans un lit de paille. Kindness se leva d'un bond et regarda autour d'elle. Elle était dans une petite pièce qui lui semblait bien particulière. À quelques mètres d'elle, un homme était assis à une table rustique, il mangeait du saucisson. Elle le connaissait, c'était son grand-frère. Le seul membre de sa famille qui lui restait. Elle avait un autre grand-frère, il était parti en expédition dans la marine il y a plus de 2 ans et depuis, elle et son grand-frère n'avaient plus de nouvelle. Elle croyait fermement que le pire était arrivé.

La pièce était en fait sa maison. Une simple maison de campagne d'une pièce faite de bois et de pierre des champs. C'était son père qui l'avait construit avant la naissance du plus vieux de la famille, celui qui avait disparu en mer.

Elle soupira, ses parents lui manquaient beaucoup, ils étaient morts d'une étrange maladie lorsqu'elle avait 12 ans. Elle aussi l'avait eu, mais elle avait survécu et se sentait très coupable de ne pas avoir eu le même sort que ses parents.

"Oh. Tu es réveillée? Bonjour petite sœur!"

" Hum… heure… il devrait être autour de la mi-journée… Oh ! Ne t’inquiète pas, j’ai trait les vaches pour toi. Je ne trouvais pas le courage de te réveiller pour tes taches ce matin. "

Son frère avait toujours été très protecteur avec elle, surtout qu’il n’avait qu’elle et elle, elle n’avait que lui. Ses parents avaient quitté leur Bretagne natale, peu avant la naissance de leur plus grand-frère, pour fuir l’influence des Anglais. Il fallait aussi avouer que le climat de Toulouse était plus agréable pour l’élevage de bovins. Se frottant les yeux, elle observa un peu plus son frère. Un homme svelte au visage fin, à peine 11 mois plus vieux qu’elle. Ses cheveux étaient de la même couleur que les siens et ses yeux tous aussi francs. Un nom lui vint à l’esprit, Éloi.

Bienveillance remarqua qu’Éloi semblait songeur, lui qui était habituellement beaucoup plus jovial. Elle remarqua, près de la porte, qu’il avait sorti ses armes et une armure de cuir avec du tissu bleu, blancs et doré avec un casque métallique. Son frère était garde à Toulouse pour ramasser un peu plus de pièces pour la famille, mais elle ne l’avait jamais vu porter qu’une simple protection de cuir. Jamais elle n’aurait pensé qu’il porterait les couleurs de la France. Son frère remarqua le regard de sa sœur sur son équipement.

" Nous avons affaire à parler, toi et moi. Demain, je pars pour la frontière avec l’Espagne au nom du Roi avec d’autres hommes de la région… "

Elle était choquée, son frère n’était pourtant pas un soldat!

Éloi se leva et prit la sœur par les épaules, la secouant un peu pour qu'elle reprenne ses esprits et avoir son attention.

"Calme-toi, p'tite sœur! Je ne vais pas sur le champ bataille. Je me suis proposée comme éclaireur. Il y a eu un traité entre les Anglais et notre bon roi et il faut surveiller les Espagnols, tout simplement. Ne t'inquiète pas, je ne me battrai pas. Je ne serai parti que quelques semaines. "

Son frère fit de son mieux pour faire son sourire le plus réconfortant, mais la jeune femme remarqua que quelque chose d'autre le traquait. Il lâcha les épaules de sa sœur et baissa les yeux, son sourire avait disparu.

"J'en ai profité ce matin pour aller faire une petite visite au prêtre. Je lui ai donné ma bénédiction de te marier si tu trouves un homme décent… Je ne fais que prendre des précautions… "

Il donna une petite tape sur le dos de Bienveillance. Cette dernière révélation était surtout cela qui lui faisait mal. Partir en reconnaissance pour le royaume de France n'était qu'une tâche de plus pour lui. Laisser sa sœur derrière était plus que douloureux, c'était déchirant.

" Bon aller, nous n'avons pas que ça à faire, je n'ai toujours pas fauché le foin et je vais avoir besoin de ton aide. Tu me le rendras comme ça! Ce soir, nous allons prévoir pour demain. "

" Je te le promets, sœurette. Je sais que tu ne peux vivre sans moi. Tu es littéralement accro à ma présence, pas vrai? Je te le promets sur la tête du Roi! "

Sur la tête du Roi, Éloi ne pensait pas réellement avant de parler. Au moins, elle pouvait reconnaître son frère. Ces paroles réconfortantes ne e qu'un petit effet à Bienveillance, elle savait qu'elle ne pourrait pas s'occuper de la ferme toute seule. Un bon homme, ça ne se trouvait pas en une nuit, de plus c'était son futur époux qui allait être propriétaire des terres et elle n'aurait aucun mot à dire sur sa gestion. Au moins, avec son frère, elle pouvait lui tenir tête.

Bienveillance ravala sa salive, elle avait un goût amer dans la bouche. Son frère se dirigea en direction de la porte, elle le suivit. À l'extérieur se trouvait une petite caisse en bois, Éloi l'ouvrit et sortit deux fauches. Il en jeta une dans les mains de sa sœur, qui la rattrapa en vol. Son frère faisait souvent cela pour essayer de la surprendre depuis qu'elle était petite, mais à 16 ans, elle connaissait maintenant la routine.

La famille Du Guer avait la chance d'être propriétaire de leur propre terre. Elle était peut-être petite, mais l'après-midi passé, le travail n'était pas terminé. Essuyant des goûtes de sueur qui perlait son front, Éloi arrêta de faucher et observa sa sœur à côté de lui.

"C'est assez pour aujourd'hui! " S'exclama-t-il. " Tu feras le reste demain matin… il faut qu'on rentre. Je commence à avoir faim! "

Kindness regarda son frère, inquiète. Elle aurait espéré que cet après-midi ne se termine pas. D'ailleurs, sous l'annonce de la nouvelle, la jeune femme n'avait pas pensé à manger avant de travailler et ce n'était que maintenant que la faim se manifestait. Ils retournèrent dans leur modeste maison en pierre des champs, rangeant leurs outils. En rentrant, Bienveillance se plaça à table et Éloi sortit une miche de pain, en coupa des tranches. Il les mit sur la table avec un petit pot en argile contenant de la confiture de fraise.

" Tiens, puisque tu as manqué le petit déjeuné. "

Éloi s'assoit et commença à mettre de la confiture sur une tranche de pain.

"Tu sais… je peux te réveiller demain matin, on se rejoint tous à Toulouse au lever du soleil pour. Au moins, tu pourras faire le chemin avec moi et me dire au revoir… "

" Venir avec moi? Mais c'est une mission dange… "

Éloi ne termina pas sa phrase, se bourrant la bouche de pain pour se la fermer. Tout en mâchant, il se reprit une tranche de pain et mit de la confiture.

" Tu peux te faire passer pour un garçon, car t'as pas de formes. Arrête de manger comme un moineau, tu t'en trouveras des formes et un bonhomme s'intéressera peut-être à toi… sinon il y a toujours les sœurs. "

Il termina sa seconde tranche de pain et se leva pour aller chercher son équipement. Il laissa ses armes et son bouclier au mur. Une cotte de mailles bien simple, un plastron et des bras en cuir et une tunique ayant les couleurs du royaume. Bienveillance remarqua que tout était ajusté à son frère et que si c'était ajusté pour lui, ça lui ferait.

" Il faudra que tu m'aides par contre. Tu sais, moi et m'habiller, je n'ai pas la flexibilité pour tout ajuster. "

Kindness s'exécuta, suivant les instructions de son frère. Il garda ses habits de fermier sous la cotte de mailles, expliquant à sa sœur que c'était plus confortable comme cela. Elle l'aida à fermer le plastron en cuir épais et les avant-bras. Elle attacha la tunique sur les côtés et Éloi lui montra comment bien attacher sa ceinture. Il fléchit son bras droit, montrant ses muscles.

" Alors, comment tu me trouves? Avoue, le plus bel homme que tu as vu plus beau que le poète ambulant qui traine dans les tavernes de Toulouse, non? "

Les doux mots de sa sœur réchauffèrent le petit cœur d'Éloi. Les compliments, qu'il espérait être sincèrement qu'ils soient sincères, lui faisaient toujours un grand bien. Certes, il aurait préféré que sa sœur soit aussi douce dans ses paroles que dans ses gestes, ce coup sous la table, il l'avait bien senti. Il caressa les cheveux de sa petite sœur, souriant. Il lui donna un petit baiser sur le front.

" Tu es tellement comme maman. Bon, trêve de nostalgie, tu m'as demandé de mettre mon nouvel équipement, tu m'aides aussi à l'enlever. C'est lourd cette cotte! "

Bienveillance ne pouvait dire non, elle lui avait bien mis et s'il n'était pas capable de le mettre, il était sûrement incapable de tout enlever par lui-même. Cette tâche était beaucoup plus facile, cependant. Une fois l'équipement enlevé, Éloi s'étira et bougea un peu les épaules.

"Fais du bien! Demain matin, tu devras m'aider à la remettre, alors souvient toi de toutes les étapes, on ne voudrait pas être en retard. D'ailleurs, il faut se coucher tôt. "

Kindness pourra profiter de la nuit pour se faire un plan. Éloi dormait toujours au pied du lit, sur un petit tas de paille, la maison n'en ayant qu'un et son frère, en grand gentleman, exigeait que ça soit elle qui le prenne.

" Parti longtemps ? Deux ou trois mois, je ne sais pas réellement. Je sais que le recruteur m’a dit que le salaire en valait la peine. "

Éloi montra sa couverture à Kindness, il n’allait qu’utiliser celle qu’il utilisait déjà pour les nuits plus froides.

" On m’a aussi dit que la bière et la bouffe allait être fournis par les villages près de la frontière. Sinon, je ne suis que le seul du village qui a été choisi. Peut-être parce que je suis le seul célibataire. "

" Je te le promets, je vais être prudent… aller, va dormir, il faut se lever tôt demain… "

La jeune femme ne dormit pas. L'annonce la troublait énormément. Malgré les belles promesses de son frérot, l'idée de perdre le seul membre de sa famille restant assombrit ses pensées. Pourtant, elle savait qu'Éloi lui avait bien dormi, il ronflait comme un porc. Le matin se leva, le coq chanta et Éloi se réveilla. Il s'approcha de sa sœur et hésita. Il s'éloigna de sa sœur et alla prendre ses affaires et ouvrit la porte de leur demeure.

Éloi commença à fermer doucement la porte derrière lui, tentant d'éviter de faire trop de bruit. Il fut à son plus grand désarroi pris sur le coup par sa sœur, il rouvrit la porte en soupirant, mais resta au pas de la porte. Il ne portait pas son équipement, ce qu’il était évident qu'il allait demander à ses compagnons de route de l'aider à lui mettre.

" Huum… bon matin soeurette… "

Dit-il en essayant de jouer l'innocent.

" Si tu as mal dormir, tu devrais peut-être aller te recoucher, je vais me débrouiller… "

" Heeeuuuu… ce n'est pas ce que je comptais faire… "

Tentative d'humour ratée, Éloi aurait préféré que sa petite sœur ne se réveille pas. Il tenait ses biens près de lui et baissa les yeux vers le sol, laissant échapper un soupir. Tournant le dos à sœur, il l'empêcha de prendre son équipement.

" Pour être sincère, je ne souhaite pas que tu me suives. Je… je ne veux pas que tu me vois partir avec les autres hommes au cas où… "

Il s'arrêta dans sa lancé, cette pensé lui donnait des frissons dans le dos.

" Désolé sœurette, ça sera pour une prochaine fois. Prend soin du bétail… "

Du papier, une petite fortune. En allant le chercher, Vivianne tomba sur un gros galet qu'elle avait gardé comme souvenir de la première fois où elle avait réussi à faire des ricochets avec son défunt grand-frère, hésitant de le prendre avec elle. Le dessin était simple, rien de trop complexe mais pour une paysanne, il était d'un niveau avancé, malgré son manque de perspective.

Plus qu'elle pensait au départ de son frère, plus elle se disait qu'il était injuste qu'elle puisse perdre son dernier membre de sa famille. Le dernier Du Guer, sachant qu'elle ne passerait pas le nom de sa famille. Elle se disait qu'une femme pouvait être toute aussi bonne guerrière qu'un homme, après tout, elle-même maniait mieux la fauche que son frère et sa mère avait toujours été la meilleure archère dans la famille, pouvant tuer un loup en mouvement pour protéger le bétail alors que son père était incapable de ramener un sanglier immobile qui fouillait la terre.

Elle serra la feuille avant de la donner à son frère, qui l'observa quelques instants, un sourire en coin. Il déchevela sa petite sœur avec sa main, se mettant un peu plus à sa hauteur.

" T'inquiète, je vais revenir. Allez, viens me faire la bise avant que je ne parte. "