Tout le monde porte un masque

Je me permis de refuser poliment les comprimés que m'avais proposé l'ogresse. Ce n'était pas une question d'argent, j'aurais fait de même s'ils étaient gratuits. Je n'avais pas à me poser de questions par rapport à ces précautions, tous les junkies en ville devaient saliver rien qu'à l'idée de pouvoir faire un petit raid dans leur cabinet de drogues. Quant à moi, c'était bien le contraire. Des nouvelles mitigées en quelque sorte. De mon côté, je pouvais m'estimer content qu'elle soit à la fois dans l'incapacité de parler en ce moment et incapable de se servir de ses ailes dans un avenir proche. Elle ne pourrait donc ni m'énerver ou tenter de s'enfuir, même si elle allait certainement se remettre à parler une fois qu'elle sera réveillée. L'entendre parler de l'entretien de l'équipement qui lui avait servie à regarder l'état de Vii me donna une idée.

-Pas une amie, juste compagnon d'infortune. Au fait si vous avez besoin d'un technicien, je n'ai pas encore eu la chance de travailler de l'équipement médical, mais je n'ai pas de doute que je saurais m'y retrouver sans problème. J'ai aussi mes propres outils.

D'un coup d'épaule d'où mon sac de voyage pendait, le tintement métallique de mes affaires confirma la chose. Il y avait peut-être moyen de transformer cette infortune en profit pour tout le monde. Je m'attendais quand même à ce qu'elle me fasse payer, et probable que qu'ils aient déjà leurs propres techniciens, ou du moins des tiers partis, mais qui ne tente rien n'a rien après tout. J'allais avoir un problème après à faire transporter mon équipement d'ici. Après cette aventure avec l'autre dingue, j'étais très peu désireux de prendre l'offre de Brimstone. D'un autre côté, Oneye avait elle aussi demandé un véhicule, mais dans son état je pouvais rayer la chose à moins d'être prêt à attendre plusieurs semaines. Dans cette impasse, je pouvais toujours m'en remettre aux nomades, mais faire transporter de l'équipement fragile allait aussi être compliqué et coûteux. Décidément il n'y avait aucune bonne solution. Je ne pouvais pas non plus me permettre de m'installer ici. L'alchimie y était, mais l'équipement technique trop pauvre, sans parler que Vii allait se faire bien blasée de rester dans la ville à force de risquer de se faire vendre à tout faux pas.

-En parlant des autres blessés, comment va Valmer? Que je sache il s'était prit une balle aussi en plus de l'accident.

Du coup j'étais un peu embêté de devoir transporter Vii dans mes bras. Elle avait élu domicile dans mon sac de voyage, mais blessée et inconsciente, j'hésitais à l'y mettre. Je pouvais au moins lui permettre cela, et de la dissimuler au passage pour éviter que quelqu'un se fasse la mauvaise idée d'essayer de s'en prendre à moi.

-Je suppose que ce n'est jamais bonne publicité quand on voit des gens entrer dans un hôpital pour ne jamais en ressortir. C'est vous qui décidez à la fin, mais s'il y a quelque chose qui rôde en bas alors assurez-vous que ça ne décide pas de juste sortir se faire un petit festin.

Dans tous les cas au moins une seule personne était morte dans toute cette histoire, et ce n'était pas Vii ou moi. J'allais m'en sortir sans séquelles tant que je ne faisais pas l'imbécile, mais on ne pouvait pas dire la même chose pour les autres. Dans tous les cas ils n'étaient plus exactement mon problème, quoique... J'allais avoir besoin d'un endroit où rester, et autant que je n'avais pas envie de claquer tout mon argent durement gagné en hôtels, la fée n'allait pas apprécier de rester dans un squat potentiellement dangereux, et surtout crasseux. Si ça se trouve il y avait moyen d'avoir une situation gagnant-gagnant avec Valmer qui allait avoir besoin d'aide et moi d'un endroit où rester. Ça ne m'étonnait pas au final que la balle n'ait pas été mortelle, la personne qui nous avaient attaqués était une professionnelle, il n'y avait qu'à voir son modus operandi. Le seul hic, c'était qu'elle s'était trompée de cible. Ses techniques comme leur apparence ressemblait à quelqu'un qui faisait partie de l'Unité, ou du moins qui en sortait. Dans tous les cas, j'étais bien peu désireux de la pourchasser pour une quelconque revanche. Mieux valait rester hors des choses qui ne me regardait pas.

-J'aimerais bien pouvoir lui rendre visite si c'est possible.

HRP:

J'ai voulut corriger Farnass un instant quant au fait que la femme n'était pas mon amie, mais vu la situation ce n'était plus vraiment important, même si compagnon d'infortune était plus approprié. Sans grande surprise, je n'avais pas grand chose à dire en voyant Oneyes dans son état déplorable. Rien qu'à la regarder, ils avaient dû la droguer assez libéralement pour éviter qu'elle n'en souffre trop. Si on comptaient la prothèse, les frais aller sans doute être assez élevés. Elle avait perdu pas mal de sang à courir comme une dératée en plus. Probable qu'elle ait eu besoin d'une transfusion en plus. S'ils avaient accepté de la soigner, probable qu'elle avait l'argent restant pour payer. Ils n'auront pas pu faire grand chose de leur argent durement gagné à la chasse à la chimère, et le reste du butin avait brûlé avec ce qui reste de la carcasse du camion d'Ike. Leur poisse avait bien déteint sur moi, tant que je me demandais si je risquais quelque chose à me tenir ici. Vii y était tout de même allée un peu fort sur le rituel, elle même devait l'avouer, quoiqu'elle ne pourrait pas dans son était encore plus végétatif.

-Je passais juste te dire que le vieux va s'en tirer. Ike par contre n'a jamais eu une chance. Je vais aller le voir histoire de pouvoir rester ici quelques jours avec un toit sur la tête alors tu sauras où me trouver si t'as besoin de quelque chose.

Difficile à dire si elle allait même comprendre le sens de la phrase dans son état. Inutile de m'éterniser ici, elle n'avait plus qu'à se reposer. D'ailleurs il était clair qu'elle ne pouvait pas me sentir alors on ne pouvait pas dire que la visite allait être bien plaisant pour quiconque. Une autre visite à Valmer allait s'imposer, bien que je préférais d'abord faire un tour à l'extérieur du bâtiment afin de changer un peu d'air. J'avais vu assez de gens malades, mourants ou tout bonnement morts pour une journée.

-Ils en avaient contre Brimstone. Nous n'étions que des dommages collatéraux j'ai l'impression.

Simple et précis. On ne me connaissait pas exactement pour mon tact après tout. Je ne pouvais pas dire en savoir vraiment plus que cela. Dans l'état où cette femme se trouait, je doutais qu'elle serait en mesure de prendre beaucoup plus d'informations à la fois. Mieux valait garder cet échange bref comme l'avait conseillé Farnass. Tout ce qu'il y avait à savoir, c'était qu'ils n'étaient pas après nous, raison pour laquelle nous avions survécu.

Je m'arrêtai complètement quand elle me proposa de rester chez elle si je n'avais aucun autre endroit. Sûrement je devais avoir mal entendu, ou alors cette morphine était vraiment de la bonne. Je n'avais pas vraiment d'autres explications autres que cela pour ce changement soudain. Il y juste quelques heures de cela elle considérait pourtant de me mettre une balle derrière la tête. Et puis merde, même si elle changeait d'avis plus tard c'était déjà ça.

-Je vois... D'accord dans ce cas. En passant, je suis désolé pour ton ami...

En refermant la porte derrière moi, clefs en mains, je n'arrivais qu'à me demander pourquoi je lui avais rendue visite en premier lieu. Trop de temps avec cette maudite fée était en train de me rendre de plus en plus illogique. Je ne devrais pas trop la laisser déteindre sur moi. Sur cette pensée, l'air toujours frais de la nuit était toujours vivifiant. Si je faisais vite, je pourrai me rendre jusqu'à l'appartement en question avant le lever du soleil. Me retrouver ici n'était pas bien sorcier, je n'étais pas vraiment étranger à Los Angeles, la soi-disant ville des mages, pour ce que ça veuille dire de nos jours. Je repensais à mon équipement qui devait toujours se trouver dans un entrepôt des nomades. Je devrais faire vite pour le récupérer si je ne voulais pas avoir à payer une fortune simplement pour le reprendre, mais d'abord j'allais devoir trouver quelque part où mettre tout cela. Un grand alambic en cuivre n'était pas quelque chose qui se transportait très facilement, surtout avec des côtes fêlées. Non, j'allais devoir me mettre à autre chose pour passer le temps. Il n'y avait qu'à espérer que le travail de Farnass allait me donner de quoi tenir ces prochains jours.

Enfin, encore me restait-il à trouver cet appartement d'abord, et voir à quel point c'était le bordel à l'intérieur comme Oneyes l'avait indiqué. Faire du ménage dans la maison d'une inconnue n'était pas ce que j'appelais passer du temps de qualité, mais quoiqu'il en soit c'était une opportunité de me défaire de ces pièces d'armure qui se faisaient franchement lourdes depuis. Avec Vii toujours dans le cirage et une nuit passée à l'hôpital, je ne serais définitivement pas contre un peu de repos. Un simple canapé suffirait, je n'irais pas pousser l'audace jusqu'à dormir dans un lit qui n'est pas le mien. Beaucoup de travail m'attendait plus tard et m'y mettre de suite ne donnerait rien de bon. J'avais une nouvelle hypothèse à approfondir...

Génial, à peine entré que je me retrouvais au sol à pousser une série de jurons. Si je n'avais pas trop peur pour le bas du corps, une douleur vive secoua mon abdomen toujours meurtri. Je me relevai lentement tout en me tenant les côtes, étudiant bien les alentours pour éviter de glisser sur une autre mine. Alcoolique ou juste bordélique? Bonne question, peut-être un peu des deux en fait. Pourtant j'aurais juré ne pas l'avoir vue boire grand chose pendant l'expédition. D'une façon ou d'une autre elle avait au moins la décence d'éviter de faire un travail bourrée. L'état des lieux étant inacceptable, je pris au moins le temps d'enlever toutes les canettes du chemin, là où je ne risquerais pas de me casser autre chose que seulement mes côtes. Je pris un moment pour observer la pièce principale occupée en bonne partie par un canapé. La présence de tableaux sur les murs était pour le moins une surprise, à moins qu'ils ne soient juste là pour couvrir les dégâts aux murs derrière, ou un peu des deux. J'étais trop fatigué pour vérifier, ou même pour en avoir quelque chose à foutre. J'aurais pu être étonné de voir son établi, mais un mercenaire qui se présente comme un tireur se devait au moins s'en connaître un peu plus en armes que la brute épaisse moyenne. Je n'avais pas vraiment la tête à prendre de la lecture, d'autant que je doutais apprendre quoique ce soit de ses notes. Tout ce que je voulais vraiment en ce moment, c'était le repos qu'il me fallait pour être lucide. Avec Vii qui allait être dans les vapes encore quelque temps et personne d'autre à l'horizon, j'étais au moins libre d'enlever mon masque avec le reste des pièces d'armures que je portais pour être un peu plus confortable avec ce poids en moins. Je m'y installai après avoir retiré mon manteau et mon plastron en-dessous en prenant une grande inspiration. Enfin j'étais livré à moi-même, libre de réfléchir en silence tandis que le sommeil me prenait.

Un silence qui ne dura pas longtemps, du moins qui ne parut qu'un instant après avoir vu l'heure. J'ignore à quelle heure je me suis endormi, je savais juste que c'était bien trop tard pour toujours avoir la tête dans le cul à ce point. Le bruit me réveilla en sursaut, mais une fois que je me rendis compte que je n'étais en aucun danger immédiat, la fatigue se fit vite ressentir à nouveau. Je me massai le visage et les tempes avant de me relever d'un pas un peu mou. Encore heureux que j'avais pris la peine de retirer les canettes du chemin pour éviter une autre chute. Rien que par précaution, je pris la peine de vérifier si j'avais bien verrouillé avant de m'endormir. Je me tentai d'aller tester la cuisine pour voir s'il y avait eau courante ici. Un peu d'eau froide au visage histoire de se débrouiller les idées me ferait le plus grand bien. Malgré une faim naissante, j'avais quelques réserves à me servir comme ça chez une inconnue. Puis merde, ça attendra bien. Je retournai vers mes affaires pour prendre connaissance de Vii. Je ne me risquerai pas à la réveiller, mais autant voir si elle dormait toujours. Cet endroit peu propice pour le travail, autant rendre une nouvelle visite à l'hôpital maintenant que je connaissais le chemin. Je me doutais que Oneyes m'avait fait cette proposition sous le coup de la drogue et quand elle se rendra compte de ce qu'elle a fait, elle voudra ravoir ses clefs. Je suppose que je pouvais aussi m'enquérir de l'état de Valmer, possible qu'il soit réveillé depuis son opération lui aussi. Renfiler mes protections prit un peu plus de temps que prévu, principalement à cause du plastron qui n'était pas chose simple à mettre dans mon état présent. Autant dire que Farnass n'allait toujours pas me laisser faire ce travail qu'elle m'avait proposé hier pour en finir. J'en étais toujours à un impasse à ne plus avoir de quoi transporter le matériel que je venais d'acheter. Camion ou pas, je préférais éviter ce Brimstone dans le futur pour ma propre sécurité. Disons qu'en ce moment, j'avais plus envie de le désassembler pièce par pièce pour l'étudier, et pas seulement pour la science.

Les remerciements étaient toujours un peu inconfortables, mérités ou non. Il n'y avait pas grand chose à dire là-dessus. Je lui avais probablement sauvé la vie ce soir-là, probablement. L'autre mercenaire aurait elle aussi possiblement terminé ici dans un pire état qu'elle ne l'était déjà. Dans tous les cas ce n'était pas comme si j'avais bravé tous les dangers pour ce faire, je m'étais tout simplement contenté de passer après la tempête pour ramasser les morceaux. C'était la solution la plus sensée après quoi. Nos agresseurs n'en voulaient pas après nous spécifiquement, nous n'étions que des dommages collatéraux dans cette histoire. Pour autant que cela me frustrait d'avoir eu atteinte à ma vie comme ça, je préférais en rester là. Sa remarque m'étonna un peu. Sans doute qu'une autre personne serait restée couchée après tout, mais pas moi.

-Je n'ai pas pour habitude de rester au lit bien longtemps. Cet attentat a un peu bouleversé mes plans je dois dire. Si ça se trouve je vais devoir mettre une croix sur port-poussière pour m'installer ici. Tu aurais une idée d'où je pourrais m'établir sans trop de soucis?

À voir si j'allais me faire rabrouer là-dessus. Le vieux n'était probablement d'humeur à se faire demander ces choses alors qu'il était encore sur son lit d'hôpital, mais si ça se trouve il pourrait trouver qu'il m'en doit une juste assez pour me rendre la pareille. Idéalement j'aurais préféré m'installer aux Sables pour la facilité à trouver des matériaux. Contrairement à l'alchimiste moyen qui s'affairait surtout à ses potions, la machinerie m'intéressait davantage, et il y avait de quoi faire son bonheur là-bas. Qui plus est je ne suis pas un "magicien" dans le sens propre du terme, donc il y avait de quoi me faire laisser tranquille. Avec un peu de chance, la femme mercenaire serait en état elle aussi d'ici quelques jours et pourrait me filer un coup de main là-dessus. Elle s'était elle aussi procurée un véhicule avec l'argent de la chasse après quoi. Elle ne le ferait pas pour mon bel oeil encore intact c'est certain, mais avec compensation il pouvait y avoir moyen de s'arranger quelque chose. Dans tous les cas je pouvais tirer un gros trait rouge sur le cyborg. Mon regard se dirigea malgré moi sur sa jambe qui avait reçu la balle. Lui qui avait déjà du mal à marcher, il devait être bien servi.

-Et au fait, je ne suis pas un expert en médecine, je m'y connais assez en robotique et mécanique pour donner un coup de main là-dessus s'il le faut. Bref, je te dérangerai pas plus longtemps, je vais voir comment va l'autre femme mercenaire.

Vu toute la morphine qu'ils lui avaient filée hier, je ne serais pas surpris que j'allais devoir attendre un peu avant de la revoir éveillée. Dans tous les cas elle m'avait filé la clef de son propre appart, alors espérons qu'elle s'en souvienne ou alors j'allais avoir un problème.

D'accord, je n'étais pas un canon de beauté moi-même, mais au moins j'avais la décence de cacher ce qui choque. C'était la première fois que je voyais un troll obèse de ma vie il me semble, normalement ils étaient plutôt maigres il me semblait. Comme quoi je découvrais toujours de nouvelles choses, quoique certaines choses sont mieux de rester un secret. Tout compte fait elle pouvait continuer à lire son livre, je ne le lui reprocherai sûrement pas. Départ dans deux jours, c'était parfait. Ça me laissera le temps de faire charger tout ça et m'occuper du boulot du docteur. J'aurai au moins quelques fonds en arrivant aux Sables comme ça. Je ne risque pas de m'y atteler maintenant, ou en tout cas par moi-même avec mes côtes toujours un peu souffrantes. Dans tous les cas le marché tenait. Vivement que je trouve un endroit où me poser avec tout ça. je remerciai la trollesse pour son temps avant de retourner à mes affaires.

Curieusement, Vii était restée silencieuse tout ce temps. Peut-être dormait-elle toujours, ou alors choisissait-elle de se taire puisque des alchimistes, il y en avait à chaque coin de rue par ici. Une fée pure dans son genre, quoique j'utilise le terme pure très vaguement, vaut une fortune après tout. Dans tous les cas ça m'arrangeait. Elle n'allait pas choisir de rester ici encore bien longtemps avant de se mettre à râler, voir de préférer partir, quitte à ce que je ne sois plus là pour intimider ceux qu'elle emmerde, chose qu'elle ne peut pas se passer très longtemps tout compte fait. C'est embêtant, le vieux Simons n'allait pas ressortir de l'hôpital avant demain. Il semblerait que j'allais dormir sous la belle étoile pour au moins un soir, pas que je n'avais pas l'habitude. Non parce que vu ce que l'on disait du Shark, c'était presque mieux de trouver un squat. Bon, peut-être qu'avec un peu de chances les deux cinglés qui tiennent l'église seraient d'humeur charitable s'ils constatent que je suis blessé. Je n'avais besoin que d'un coin pour moi-même, possiblement avec assez d'espace et de lumière pour travailler sur mes notes de notre expédition. Possible que j'aie à faire part d'un peu de connaissances théologiques pour qu'on me laisse entrer, mais avec mon éducation à l'Alcatraz, c'était chose qui pouvait s'arranger, quoique j'étais rouillé.

Bonne nouvelle, j'étais assuré de ne pas être seul ici, et je savais sa position approximative. Mauvaise nouvelle, cette chose n'était clairement pas amicale à en juger aux restes de l'exterminateur, et elle aussi savait à présent qu'elle n'était pas seule. Il y avait de bonnes chances que ça aime la chair humaine, tout comme ces rats devaient s'être contentés des restes. Plus d'un se seraient contentés de tourner les talons et fuir pour aller se plaindre au doc de leur avoir menti. Moi, par contre, j'anticipais quels genres de matériaux je pourrais extraire, quelles données je pourrais compiler de cette créature. Je n'allais fort probablement pas pouvoir la capturer, ni la persuader de ne pas m'attaquer, mais il y avait toujours quelque chose à faire d'une dépouille en bon état pour un alchimiste. Ce n'était pas magique, le compteur me l'avait affirmé. C'était donc fort probablement un mutant qui se terrait ici. Une créature qui avait survécu et muté. Qui sait, une personne qui avait subsisté sur les cadavres de ses compagnons d'abord, et puis sur des rats et d'autres bêtes. Qui sait, peut-être avait-il développé un esprit de ruche. S'il y avait quelque chose à savoir avec ces mutations dues aux radiations, c'était que ce que nous pensons normalement impossible n'est limité que par l'imagination.

Dans tous les cas, ça s'appelait avant tout grenade lacrymogène. Je ne pensais pas qu'une telle chose allait suffire à pacifier l'intrus, mais cela me laisserait du moins un peu d'espace vital pour pouvoir réfléchir un peu à la situation une fois face à face. Dur à dire si cette chose allait même être affectée, si elle avait même besoin de respirer de façon normale. Je n'aimais pas en rester aux folles conjectures. Vivement que je la trouve. Les bruits venaient de la chaufferie, et la voie y serait normalement dégagée. Elle ne pouvait avoir bien loin où fuir à présent. La nature des mouvements et des bruits pourraient m'aider à me forger une idée sur ce qui allait suivre, s'ils étaient rapides et agités, ou lents et lourds. Il n'y avait jamais de mal à tendre l'oreille.