Seule au Monde

Deux jours c'était passé depuis l'accident. Bien grand mot, mais le concept de meurtre était étranger pour la petite Leï. Elle savait qu'il y avait des personnes méchantes qui voulaient blesser les autres… mais tuer? Impensable, la vie n'est-elle pas la chose la plus précieuse au monde? Sa mère était toujours "couchée" dans le lit, l'effort pour la traîner jusque-là avait été gargantuesque.

Quant à la petite Leïanne, elle s'était couchée à côté du corps de sa mère. Elle dormait là depuis "l'accident". Ayant peur de dormir seule dans son petit lit de fortune. Elle ouvrit les yeux et vit sa mère. Elle commençait à dégager une odeur nauséabonde, le sang sur son front était sec, son corps raide et froid. Sa peau était blanche, les yeux ouverts, vitreux, fixant toujours le plafond. Sa bouche, grande ouverte, laissait échapper une odeur de décomposition. La chaleur de New Vegas empirait cette odeur, envahissant la pièce. La fillette essayait de la tolérer du mieux qu'elle le pouvait, plus difficile à dire qu'à faire.

Elle se glissa jusqu'au pied du matelas et descendit de celui-ci. Elle chassa quelques mouches et sortit de la pièce, enjambant le cadavre du gangster. Celui-ci dégageait aussi une odeur, dont d'urine et de vieille merde. Les trous de balle avaient une coloration verte. Des mouches y entraient et sortaient à volonté. Leï avait essayé de le déplacer, ce n'était pas chez lui. Il était beaucoup plus lourd que sa mère. Elle se boucha le nez et traina les pieds jusqu'au mini frigo. Il ne fonctionnait plus et servait surtout comme armoire à nourriture. Il n'y restait qu'une saucisse hot dog. La jeune fille la prit et la dévora. Regardant le frigo vide, elle se dit que maman et elle devraient aller faire des courses… Ou elle toute seule, le temps que maman se remette sur pied. Peut-être qu'en fouillant la maison, elle trouverait de l'argent.

Au plus grand chagrin de Leï, personne ne répondit à ses commentaires. Elle s'en foutait un peu, se parler à elle-même la rassurait. En fouillant le petit trois-pièces qui lui servait de maison, la petite trouva un paquet de tampons suivis d'un paquet de "ballon allongé en caoutchouc", sur la boite il y était écrit "Durex". Peut-être que maman préparait son anniversaire et avait acheté des ballons pour l'occasion. Elle trouva dans les tiroirs de la chambre de sa mère 32 dollars en petites coupures, des 5$ et des 1$. En fouillant le méchant malfrat, elle trouva un paquet de cigarette et 60$ en billet de 20$. Ne connaissant pas trop la valeur de l'argent, elle jugea que c'était assez pour s'acheter quelque chose de bon et peut-être même des friandises. Si maman le permettait bien sûr! Dans sa chambre, elle trouva un sac en toile et y plaça ses petits trésors.

Son petit cœur battait rapidement lorsqu'elle marcha vers la porte. Avec sa main tremblotante, elle tourna la poignée et ouvrit la porte. Elle fut aveuglée par la douce lumière du matin, la pauvre petite était restée dans le noir de sa maison depuis l'accident. Les fenêtres de l'appartement étaient couvertes de contreplaqué, la lumière naturelle étant bloquée par le bois. Essuyant ses yeux, Leï passa la tête au travers de la porte pour mieux observer.

L'entrée se trouvait dans une ruelle, il n'y avait personne. À gauche, quelques mètres plus loin, il y avait un cul-de-sac. L'orpheline pouvait y voir des sacs poubelle noirs et des rats se faufiler entre. À droite, elle commençait à voir la rue piétonne. Elle se souvenait que sa mère allait au marché en passant par cette tue, cependant elle ne se souvenait plus du chemin. Prenant tout le courage que son minuscule corps contenait, la petite fit ses premiers pas vers l'extérieur, tenant fermement son sac près de son cœur. Elle marcha jusqu'à la rue, il y avait déjà quelques personnes qui s'activaient, mais rien d'intéressant. Un vieil homme était couché sur des cartons sous les vitrines d'un prêteur sur gages, une bouteille de moonshire vide à ses pieds. Une voiture s'arrêta dans la rue et une jeune femme bien pompeuse en sortie, toute décoiffée. À peine sortie, la voiture démarra, abandonna la jeune femme dans la rue. Elle s'alluma une cigarette, replaça un peu ses cheveux et resta à la même position, elle semblait attendre quelqu'un ou quelque chose.

La petite hésita à aller vers la gauche ou la droite, elle savait que le marché n'était pas très loin. Le problème, elle ne savait pas où il était précisément.

La femme prit un certain temps pour remarquer la petite fille, elle fit un petit "uh" curieux et l'observa. Elle se mit à regarder partout et à tenir son sac à main près d'elle. Elle lui répondit, la cigarette au bec.

" Si toi et tes petits copains voulez faire les pickpockets, j'suis pas née de la dernière pluie. Dégage maintenant, les clients aiment pas quand des marmots cours autours. "

Ce n'était pas la réponse que Leï espérait. Elle ignorait ce que la jeune femme voulait dire par lui faire les poches.

Les yeux ne fonctionnèrent pas sur la prostituée. En même temps, quand cela fait des années qu'on a des serpents à un œil dans la bouche, y'a plus grands yeux qui font effets. La larve humaine devra donc se débrouiller, sûrement trop polie pour réveiller l'homme totalement ivre qui s'était uriné dessus.

La gauche était son choix et un bon choix. En tournant, la petite ne trouva pas le marché, mais elle trouva une boutique d'arme, un bar et étrangement, une autre boutique de prêteur sur gage. À l'autre bout de la rue se trouvait un petit entrepôt.

La gérante regarda la petite avec de grands yeux surpris. Elle prit l'arme et l'observa longuement. Elle ouvrit le barillet et remarqua qu'il était vide. Elle redéposa le pistolet sur le comptoir, gardant sa main dessus.

"Tu ne devrais pas prendre les armes de ta mère petite, tu pourrais te blesser! Encore heureuse qu'il était déchargé dans ton sac, la sécurité était retirée! "

Elle glissa le pistolet en direction de la petite.

" Retourne chez toi, ta mère sera en colère si elle voit que tu as joué avec une arme! "

La gérante vit clairement que la petite ne savait pas utiliser une arme, elle se mordit la lèvre, se demandant qu'est-ce qu'elle devait faire. Elle se demanda aussi si la petite puce lui mentait, elle avait commencé par parler d'emprunter le fusil et maintenant, elle disait que sa mère l'avait confié.

" Petite, je ne sais pas si c'est mon job de te montrer comment charger une arme… ça serait plutôt le job de ta maman… "

La gérante soupira et passa sa main dans ses cheveux. Elle ne pouvait pas quand même laisser la petite avec une arme sans savoir l'utiliser, elle serait un danger public. Elle reprit l'arme, sortit une boite de calibre .38, ouvrit le barillet et rechargea le revolver.

" Vient avec moi en arrière, je ne vais que te montrer qu'une fois! "

Leï hésita, certes elle voulait savoir comment recharger et tirer, mais dans l'arrière-boutique, elle serait à la merci de la gérante de la boutique.

L'arrière-boutique était en fait une petite salle de tire improvisée. Un homme était assis sur une chaise, fumant dans un drôle de petit vase. En voyant la petite passer la porte, il se leva d'un saut, crachant un nuage de vapeur blanche. Il avait les yeux rouges, comme s'il avait grandement besoin de sommeil.

" Mais bordel Bibi, qu'est-ce que tu ramènes? Une morveuse? Merde, tu veux l'utilisé comme cible ou quoi? "

" Ta gueule Rog', je lui apprends comment tirer! "

" À tirer? Mais qu'est-ce qu'une demi-portion fait avec un revolver? "

" Ssshhh…"

La gérante tira trois balles, expliquant à Leï comment tenir l'arme. Les règles normales, tenir à deux mains, viser droit et ne pas faire comme les gangsters. Elle passa l'arme à la petite et la fit grimper sur une chaise pour qu'elle puisse viser la cible sur le mur de béton. Malheureusement, en pesant sur la gâchette, le recul la surprit et reçut le canon du revolver sur le menton, se mordant la langue par la même occasion. Une petite incisive de lait tomba. La petite eut les larmes eux yeux, cela faisait très mal, mais elle pourra vanter à sa mère qu'elle avait perdu sa première dent de bébé. La p'tite souris allait lui ramener un dollar ou même un bonbon.

La gérante soupira alors que le certain Rog' riait. Elle prit la petite dent de la jeune fille et lui mit dans les mains. Lui prenant le revolver.

" C'est trop pour toi petite, ramène le à ta maman au plus vite ou sinon, je te le rachète 100$, d'accord? "

Lorsque Leï lui demanda de lui montrer comment de tirer avec le pistolet, encore avec la morve au nez de ses pleurs un peu plus tôt, Rog' se mit encore plus à rire.

" Oh bordel, la morveuse commence une collection d'arme! C'est fou pas vrai Bibi! "

La Bibi ne trouva pas se retournement de situation bien drôle. Elle prit le pistolet, proposant 75$ pour et l'escorter chez sa mère.

" Mouais… "

Bibi se frotta la racine du nez avec deux doigts, se fermant les yeux. Elle soupira, elle savait que la petite essayait de se donner des raisons pour son échec. Bien qu'elle fût mignonne, le comportement de la petite l'énervait. Elle avait l'impression qu'elle mentait comme un politicien.

" Petite… je t'ai déjà montré pour une arme, je n'ai pas dix milles balles à gaspiller. Retourne chez toi, à moins que tu veuilles faire business, je t'invite à quitter ma boutique et retourner chez toi… danger public… "

Le bar était presque vide à l’exception de quatre hommes qui jouaient aux dominos sur une table et du barman. L’atmosphère était calme, une chanson de rock douce jouait en toile de fond, venant du petit radio sur le bar. Le barman était sur le planché, nettoyant une flaque de sang avec une serpillère, reste d’une bataille de la nuit dernière. Il y restait encore un peu de verre brisé au sol, que Leï évita. Malgré ses petites chaussures, elle ne voulait pas prendre la moindre chance de se couper. Les quatre hommes à la table se tournèrent vers la petite, elle ne les remarqua pas l’observer, mais elle les entendit chuchoter, ne comprenant pas ce qu’ils racontaient.

Un des hommes, le plus petit et le plus jeune, se leva. Il plaça sa main sur l’épaule de Leï, lui souriant.

le jeune:

"Ça va mec, on s’en occupe. T’es la marmaille Lynda? Pas vrai? Fait un moment qu’on ne l’a pas vu. Elle t’en envoyé faire les courses, bonne p’tite. Faut prendre soin de ses parents. C’est pas tout le monde qui a la chance d’avoir une maman."

Il lui caressa les cheveux, dans sa grande naïveté, Leïanne vit en l’homme et ses trois copains de bons samaritains. Le barman haussa les épaules, occuper à remettre son établissement à neuf, prêt pour la prochaine bataille de bar. Les trois autres hommes se levèrent. Un homme basané avec une énorme cicatrice au fond, il semblait naturellement blasé. L’autre était un homme blanc qui ressemblait à un has been et un homme noir aux dreadlocks.

l’homme à la cicatrice:

le has been:

l’homme aux dreadlocks:

"M’ouais, le marché n’est pas près, y’a un bout de chemin à faire."

Rajouta le has been.

"On t'y conduit sans problème"

Répondit le jeune en lui prenant la main, la conduisant vers l'extérieur. Le jeune homme marcha avec elle vers une voiture stationnée dans une ruelle devant le bar, un VUS. Il l'aida à s'asseoir au siège du milieu de l'arrière du véhicule et attacha sa ceinture, le jeune se plaça à droite d'elle, le has been à gauche. L'homme basané ira au siège passager avant et l'homme noir se placera u siège conducteur, démarrant le véhicule. Ce fut la première fois que la petite rentrait dans une voiture, elle était tout émerveillée. Elle eut un peu peur lorsque le VUS avança, quittant la ruelle, secouant un peu. Leïanne revint sur ses pas, passant aussi devant la ruelle qui servait d'entrée à son taudis qui lui servait de maison. Elle repassa devant l'homme ivre qui dormait sous une vitrine, la prostituée n'était plus à sa place. Les portes de la voiture se barrèrent, le has been prit le sac de toile des mains de Leï, la surprenant. Il fouilla dedans et y sorti le revolver en premier, l'observa et le vida des balles qui restaient, il en sortit après le pistolet. Il ouvrit la bouche, incrédule.

" Mecs, c'est le pistolet de Jorge! "

L'homme basané se tourna et observa le has been avec le pistolet, il en sortit un identique et l'observa de nouveau, comparant les deux.

" Boooooordeeeeeeeel! " Hurla l'homme basané, les larmes qui commencèrent à lui couler sur les joues. " Jorge… ! "

L'homme tenta d'attraper le chandail de Leï mais fut empêché par le jeune qui lui rappela qu'il fallait suivre le plan. La petite commençait à avoir peur, dans son désir de faire bonne action en allant au marché, elle avait oublié le premier conseil qu'on donne à un enfant… ne jamais faire confiance à des inconnus. La voiture s'arrêta quelques minutes plus tard, cette fois-ci ce n'était pas le jeune qui semblait vouloir s'occuper d'elle mais monsieur has been qui la prit par le collet de ses vêtements, l'obligeant à sortir du VUS, la soulevant sous son bras. Il la traina jusqu'à un bâtiment dont les portes étaient blindées par des plaques de métalliques. En rentrant, elle y vit brièvement des salles de jeu, mais les has been monta des marches sur deux étages. Au second étage, il la mena vers une pièce qui semblait servir stockage, surtout des bouteilles d'alcool. Le has been rentra en premier avec Leï, le jeune suivit et le noir bloqua l'accès au basané.

" Non Ross, tu surveilles la porte, mec. T'es encore sur le choc. "

Et il ferma la porte derrière lui. Le has been déposa la petite sur une chaise et la tenait par les épaules pour la garder assise.

" Alors p'tite, pourquoi t'as le flingue de Jorge? "

Fuir? La petite ne fut même pas capable de se lever dans la chaise où les hommes l'avaient obligé à s'asseoir, le has been la tenant par les épaules. De toute manière, la seule issue était la porte gardé par Ross, l'homme à la cicatrice. La pièce était sans fenêtre et la seule autre issue possible était la bouche d'aération au plafond, un peu plus à l'arrière de la pièce.

" Whoa petite, tiens-toi tranquille et on ne te fera pas de mal. Alors, répond à ma question, pourquoi t'as le flingue de Jorge? "

L'homme noire fit un soupire, il n'avait jamais enlevé une enfant avant… ou tout simplement eu de conversation avec une.

" Tes affaires? Elles sont à nous maintenant tes affaires! "

Dreadlocks fit un rire bien gras. Le jeune et Has Been le regarda étrangement.

" De toute manière" Rajouta le jeune " On a encore besoin de toi. Y'a de l'argent en jeu! "

"Alors p'tite, si tu veux partir, faudra être très gentille, qu'est-ce que ta mère a fait à notre pote Jorge? "

L'homme en face d'elle plaça sa main droite sur son visage et soupira. Cela ne servait à rien de négocier avec une enfant de 7 ans, négocier avec un terroriste serait plus productif.

"Petite, tu ne comprends pas la situation. C'est ta maman qui est l'enjeu."