Journal de Karl Kessler

Au loin, du sable. D'un côté, du sable. De l'autre, surprise! Du sable... Franchement, une fois qu'on a vu un désert, on les a tous vus. On grille la journée et on se les gèle la nuit. Enfin, pas quand on a du feu. Dans le cas de Karl, ce n'était pas tellement pour se réchauffer, puisqu'il y a du bon à être une chauffrette sur pattes. Non, c'était plutôt pour éloigner la faune locale et éviter qu'un rachnard ou deux viennent se faire un casse-croûte pendant qu'il dort. Lui même était en train d'en grignoter les restes de l'un d'eux qu'il avait dégommé plus tôt. Pas très apétissant certes, mais c'était mieux que de crever de faim. Un petit repas cuit avec un feu composé de quelques débris inflammables. Pas facile de trouver du bois et faire un feu comme au bon vieux temps par ici. C'était déjà pas trop mal pour nourir une seule personne, même si ladite personne mange comme deux ou trois...

Grugeant ce qui restait de rattaché à un os, il le jeta dans le feu. Après un repas quelque peu frugal dirons non, mais ne nous plaignons pas quand on a de la viande fraîche, un astiquage de son vieux copain Garand s'imposait. Franchement, il ne sait pas trop ce qu'il aurait fait sans ce bout de ferraille de l'avant-guerre. N'empêche que, malgré ce que l'on pourrait en dire, ça reste vachement utile. Les morceaux enfin nettoyés il remonta l'arme en un seul morceau, visa au loin pour s'assurer que la mire était bien alignée, puis le reposa près de lui.

*C'est calme, mais c'est chiant ici... Si au moins y'avait quelque chose à faire dans ce trou pourri. Je ferais mieux de pas trop y penser, vu ma chance incroyable...*

Karl soupira avant de se jeter par terre pour regarder au ciel. Une belle nuit étoilée comme les autres. C'était au moins ça de pas trop repoussant à voir dans les terres désolées. L'une des seules choses qui n'a pas changé, mis à part toute la stupidité que les gens sont capables de faire preuve. C'était tout de même pas trop mal comme ici et maintenant. Auparavant, les gens pourchassaient toute leur vie pour avoir un confort qu'un simple feu tout bête pouvait procurer. Un éclair lui traversa l'esprit en pensant à cela. Se relevant d'un bond, il ouvrit son sac à dos pour en sortir une canette de bière. Un doux nectar capable de faire oublier tous les maux, ou presque... Buvant d'une main, il déplia sa pelle de l'autre pour se mettre à creuser son trou pour dormir en paix. Certes, ce n'était pas trop utile puisqu'il n'est plus en guerre. C'était davantage une question d'habitude, et il est difficile de se défaire des habitudes. Cette foutue taraxine en était la preuve. Connerie de machin...

Le sol était dur et sec. Rien de très agréable à creuser avec un e-tool. Avec n'importe quoi d'autre d'ailleurs. Le feu continuait de brûler lentement. Il luisait dans la nuit comme un phare en mer. La plupart des animaux étaient effrayés par le feu. La fumée éloignaient les moustiques. La danse des flammes avait quelque chose de hypnotisant.

Karl s'arrêta un instant pour s'essuyer le front. Il ne faisait pas chaud mais l'exercice physique et le temps passé près du feu avaient suffit à réchauffer son organisme. Des bruits de déplacement se firent entendre. Le feu effrayait les animaux mais pas les hommes. Souvent le plus grand danger. Les bruits se rapprochaient mais dans la nuit noir , sa vision nocturne affaiblit par la lueur du feu , Karl ne pouvait pas voir ce qui venait à lui.
Une voix perça la nuit avant qu'il ne puisse percevoir quelque chose. Il s'agissait d'un homme. La race était difficile à définir."

"Tout doux ma belle... Hola étranger. Je ne suis pas un danger pour vous. Ni un pillard , ni un gangster. Je suis juste un voyageur s'étant laissé surprendre par la nuit. Peut être accepteriez vous de partager un peu de votre feu avec moi."

L'homme s'avança dans la lumière. Il était monté sur un Tussock , lézard géant vivant dans le désert pouvant être apprivoisé à l'instar des chevaux. Les écailles du reptile reflétés les flammes mourantes du feu de Karl. Ses yeux jaunes en chat d'aiguille observant les alentours. Le cavalier avait des airs de cow boy , comme dans les films d'avant guerre. Chapeau à large bord , long en manteau brun qui avait vu trop d'intempérie. Il semblait humain pour ce que la lumière du feu permettait de voir. Le cheveux et la barbe grisonnant. Une moustache de biker fournie. Il mâchouillait un morceau de bois.

"Alors ?"

Regardant longuement l'homme sur sa monture, Karl ne lui répondit pas tout de suite, retournant le sol de quelques mottes de terre de plus. Il réfléchissait s'il devrait vraiment accepter. D'un côté, même avec son allure de cowboy, il avait l'air quelque peu louche avec ce lézard géant. D'un autre côté, la nuit comme ça dans le désert, le froid pourrait très bien le tuer avec des températures allant près du point de congélation. Bon, c'était pas comme s'il avait l'air d'un danger public après tout. Si cet homme avait vraiment voulut le dépouiller, il aurait attendu qu'il s'endorme pour aller faire le sale boulot.

-Ouais bon, d'accord, considérant que si vous auriez été un pilleur, vous seriez pas venu me demander gentiment. Quoique... C'est peut-être seulement moi, mais la racaille se fait de plus en plus sournoise ces temps-ci.

Laissant le reste de son travail pour un peu plus tard, il planta sa pelle dans le sol pour retourner s'asseoir près du feu, tout en ouvrant un peu sa veste afin d'éviter d'avoir trop chaud. Voyant le "cowboy" faire de même, il fouilla dans son sac pour y prendre quelque chose. Une autre canette de bière, sa dernière. Il pouvait au moins faire preuve d'un peu de courtoisie, quelque chose qui était assez rare ces temps-ci. Il la lança en direction de l'homme de l'autre côté du feu.

-Maintenant qu'on est deux, ce ne serait pas une mauvaise idée de faire des tours de garde. Si le feu éloigne les animaux et les moustiques, il rameute bien souvent les gens. Si ça vous dérange psa, je crois que je vais prendre le premier tour de garde pendant que je termine de creuser mon pieux.

Karl se releva pour se rendre au trou à demi achevé. Prenant une grande inspiration avant de se remettre au boulout, il retourna quelques pelletées avant de se retourner en direction de l'étranger.

-Au fait, si c'est pas trop indiscret, vous vous rendiez où comme ça?

Après lui avoir lancé la canette en plein visage, Karl eu un léger mélange de malaise et d'amusement. Il s'était retourné pour continuer à creuser. Comme ça, si au moins il aurait rit, ça n'aurait pas été juste devant lui. Continuant son travail, il écouta l'homme parler. Il ne pouvait qu'acquiesser à ces mots. Il continua à creuser tout en répondant avec son même accent Anglais. Accent qu'il n'était pas arrivé à se défaire en plus de cent ans. C'était tout de même amusant de voir la réaction de certains quand il parlait avec cet accent. En tout cas, si ce n'était pas assez clair déjà avec le petit drapeau du Royaume-Uni sur l'épaule droite de son uniforme...

-Ouais... Faut croire que le sens du partage est une qualité qui s'est perdue depuis la Grande Guerre. Enfin... Elle était pas très présente avant non plus faut dire. Saletées de bombes...

Le vétéran avait enfin terminé le creusage. Se redressant, il s'étira tout en faisant craquer un peu son dos. Il s'essuya le front tout en prenant une grande respiration. Une forte odeur de tabac lui emplit les narines. En se retournant, il vit l'homme lui offrir un cigare. Il hésita un peu, mais le prit tout en remerciant cet homme. Après tout, il n'avait pas vraiment à se soucier de sa santé à long terme. Par contre, pour ce qui était à court terme une fois en manque de taraxine... Karl rit un peu quand le cowboy lui désigna les restes de son repas.

-Ce qu'on ferait pas pour sauver quelques rations en chemin... Au fait merci bien pour le cigare. Je suis franchement désolé pour ce qui est de la canette... Sans rancune j'espère. Accessoirement, je n'avais pas vraiment de destination pour le moment. Je S'ils ont besoin d'un peu d'aide aux Sables, je peux toujours jeter un coup d'oeil et voir ce que je peux faire.

Karl retira son sac pour le jeter dans le trou qu'il venait de creuser. Ça fera un excellent oreiller improvisé. Plus confortable qu'une pierre en tout cas. Il replia sa pelle avant de s'installer dans son trou. Il se demandait s'il pouvait vraiment faire confiance à l'animal de cet homme. Enfin... Il ne pourrait pas refuser si pour une fois il pourrait dormir en paix. Il prit cependant une dernière précaution en placeant son couteau de combat pas trop loin, sait-on jamais...

-Aussi bien éteindre le feu pour ce qu'il en reste. Ça ne ferait qu'attirer des visiteurs indésirables. Me faire égorger dans mon sommeil, très peu pour moi. Enfin, si vous dites que votre Boulimi nous alerterait en cas d'intru, alors tant mieux.

Il gigota encore un peu afin d'avoir une position idéale. Il entendit un bruit de chaussure remuant un peu de terre. Sûrement le cowboy qui avait éteint le feu de camp. Il laissa le sommeil l'emporter peu à peu alors qu'il regardait en direction du ciel. Honnêtement, il n'aurait peut-être pas tenu le coup si ce n'aurait pas été de ces chères 88 constellations...

-Aller bonne nuit. Même si nous partons chacun de notre côté je crois que nous aurons tous les deux pas mal à faire demain...

-Un géant de feu hein? On peut jamais se dire avoir tout vu dans cette connerie de désert... Ah, si, j'ai bien quelque chose sur moi pour écrire. Ça devrait faciliter les choses.

Karl fouilla un peu dans ses affaires avant d'en sortir un callepin noir. Celui-ci avait l'air vieux, plus vieux que l'homme qui se tenait devant lui en fait. Il le feuilleta jusqu'à ce qu'il tombe sur une page blanche avant de la déchirer et lui passa même son stylo pour qu'il puisse l'écrire. Avec ça en main, ce sera à la fois plus facile et rapide de se faire prendre. Qui sait, peut-être pourra-t-il se faire une belle petite somme comme milicien, même si ça ne l'enchantait guère d'être sous les ordes de quelqu'un une fois de plus.

*Tant qu'à devoir tirer du flingue pour survivre, autant le faire en étant payé et en ayant un but autre que sauver sa propre peau j'imagine. En plus, je pourrais bien avoir besoin d'une visite dans un labo. Je commence à être à court de taraxine...*

Karl remercia le cowboy pour le billet, puis s'endormit. Il avait un peu dormi à moitié. laissé sa vie entre les pattes d'un lézard géant, c'était tout de même un peu stressant. Enfin, il parvint finalement à s'endormir au bout d'une heure environ. Les premiers rayons du soleil vinrent tirer Karl peu à peu en dehors de son sommeil. Il se leva un peu péniblement afin de s'étirer longuement. Ce n'était pas le meilleur des sols pour dormir, mais il l'avait au moins eu sa nuit de sommeil. Il prit son temps pour manger quand l'homme lui offrit un peu de sa propre nourriture, histoire de pouvoir durer le plus longtemps possible sans avoir à s'arrêter pour manger. Décidément, s'il y avait un peu d'espoir dans ce monde pourrit, il était entre les mains de gens comme ça. Il salua l'homme qui partait au loin, un peu comme ces vieux héros de films westerns. Comme quoi, le temps lui-même était un peu détraqué dans les terres désolées, si on oubliait qu'il avait un reptile comme monture bien entendu.

-Au fait, c'est Karl Kesler. Au plaisir de vous revoir en un seul morceau un de ces quatres.

Karl le regarda s'éloigner à l'horizon, puis se décida à se mettre en route en prenant avec lui son sac à dos. Il prit en vitesse son téléphone portable pour consulter sa carte GPS. Une fois la ville trouvée, il l'éteignit afin d'économiser les batteries. Son Garand à l'épaule, il restait un peu sur ses gardes tout en marchant en direction des Sables. Si ce qu'il disait était vrai, peut-être y aurait-il déjà des pillards dans la région prêts à attaquer la ville.

Lorsque Karl alluma son portable , il se réjouit une fois de plus que ce vieux machin marche encore. Avant la guerre ils avaient une durée de vie souvent inférieur à deux ans et le sien avait plusieurs décennies. L'entretien qu'il avait du payé dessus lui avait déjà couté un petit paquet mais c'était un exploit en lui même qui valait le coup.

Malheureusement , personne n'avait pu entretenir de la même façon les satellites en orbites. Plus personne ne savait comme envoyer des fusées pour en lancer de nouveaux. Aussi la carte GPS de son mobile fut totalement inutile n'ayant plus rien en commun avec la géographie actuelle des terres dévastées de Californie.

Karl se demandait pourquoi il persistait à utiliser cette carte plutôt qu'en troquer une nouvelle. Heureusement qu'il y avait des bons jeux sur son portable !

Abraham avait dit que les Sables n'étaient pas bien loin. En suivant le semblant de chemin et en s'orientant grâce au soleil , Karl estimait être sur la bonne route. Après 3 heures de voyages , il vit apparaître la ville à l'horizon. Il en avait encore pour un bon moment de marche.

Sur sa droite , un 4x4 apparut dans son champ de vision. Il était encore à bonne distance mais se dirigeait clairement dans sa direction. Par habitude , Karl examina ses alentours. Le décor n'offrait pas beaucoup de cachette et le 4x4 serait sur lui dans moins d'une minute. Seul un creux dans la dénivellation pouvait offrir un abri sommaire en supposant que les gars du 4x4 ne l'ai pas déjà vu.

Le soleil se faisant fort sur la zone, Karl eut à plisser les yeux afin de distinguer le véhicule. Une fraction de seconde seule lui avait suffit à se rendre compte qu'il se dirigeait droit sur lui. Prit de court, il s'accroupit afin d'être déjà un peu moins visible. Profitant de la dénivelation du terrain, il se dissimula juste derrière une petite dune. Il faut dire que même si ses vêtements noirs étaient utiles pendant la nuit ou en ville, il avait un peu l'air d'un sapin de Noël en plein jour au beau milieu du désert...

*Ça me rappelle cette fois où ils nous avaient envoyé dans un désert avec des habits de camouflage vert forêt... Franchement, on avait davantage peur de notre propre équipement que de l'ennemi.*

Karl secoua énergiquement la tête. Pas le temps de sombrer dans la nostalgie des vieux souvenirs. Un véhicule non-identifié se dirigeait à toute allure en sa direction et le rejoindrait d'ici peu. Jusqu'à preuve du contraire, il était hostile. Il s'avança un peu afin de mieux voir, puis posa ses lunettes sur ses yeux pour éviter que la poussière que soulève le 4x4 ne l'aveugle. rajusta son cache-nez pour éviter de la respirer. En attendant, c'était plutôt lui qui ressemblait un peu à un bandit. Enfin, c'était même si des bandits n'iraient pas vraiment jusqu'à porter des treillis de combat de l'armée d'avant-guerre. Il retira lentement la courroie de son Garand de son épaule. Même s'il ne visait toujours pas le véhicule suspect, il gardait l'arme contre lui, prêt à se défendre si jamais ses craintes s'avéraient fondées. Il gardait cependant l'esprit ouvert au fait qu'il pourrait probablement tomber sur une autre personne sympathique dans ce désert en si peu de temps. Dans le meilleur des cas, on ne l'aurait pas vu et il pourrait continuer son chemin. Si jamais il passerait son chemin, il serait bien tenté de sortir ses jumelles afin de voir de qui ou quoi il s'agissait au juste.

Le sable et la poussière levée par le véhicule tomba sur Karl. Bien qu'il avait ses lunettes pour protéger ses yeux, il en était maintenant couvert. Toujours planqué là où il était, il réprima un juron quand il entendit la voix s'adresser à lui. Il frappa à quelques reprise le sable de son poing. Étrange tout de même que tout le monde se présente en disant qu'ils n'étaient pas des pillards. Ce devait être devenu une mode ou quelque chose du genre. Enfin, le cavalier s'était présenté de la même façon et cela s'était avéré vrai. Alors qu'il allait sortir de sa cachette, il s'écrasa derrière aussitôt qu'il entendit les cliquetis caractéristiques d'armes. Plutôt nerveux pour une patrouille ceux-là. Des mercenaires à la gachette chatouilleuse, ou juste un peu de zèle à la tâche. Mieux valait ne pas leur donner une raison de tirer. Karl mit son Garand en bandouillère derrière son dos, mais ouvrit tout de même l'étui de son pistolet, sait-on jamais. Si jamais ils viendraient à l'attaquer, il devrait certainement s'occuper de l'orc assit comme passager, puis de l'homme de petite taille à l'arrière, ne sachant pas trop s'il s'agissait d'un nain ou tout simplement d'un petit humain. Le conducteur était rarement la première préocupation dans ce genre de situation. Karl leva les mains dans les airs, là où elles seraient visibles et sortit lentement de sa position.

-Vous savez que vous présenter en disant que vous n'êtes pas des pillards, ça rassure raremenr les gens? Enfin... Je me nomme Karl, j'ai entendu dire qu'il y a eu de la casse du côté des Sables et qu'ils cherchaient des gens pour assurer la protection contre d'éventuels bandits qui y verraient une cible facile. J'ai rencontré un de vos coursiers alors qu'il était en chemin. Un certain Abraham.

Il restait à espérer qu'ils connaîtraient cet homme. Ils ont bien dû en toucher un mot aux patrouilleurs qu'il y aurait certainement un arrivage de gens venus les aider. Enfin, les aider, se faire un peu d'argent facile plutôt. Dans le cas contraire, ce ne serait qu'un peu plus long avec eux. Qui sait, peut-être l'emmèneront-il jusqu'à la ville? On peut bien espérer un peu non? Se rappelant qu'il était toujours recouvert le sable. Il posa ses lunettes sur son front et se mit à se dépoussiérer un peu. La vue du treillis militaire devrait peut-être les rassurer au moins un peu.

-Au fait, elle crache la poussière votre bagnole.

Pendant un instant, Karl avait eu la vive envie d'accepter sa proposition de venir avec eux. C'était un peu comme faire partie une fois de plus des escouades. Son cache-nez dissimula bien ce petit sourire qui naquit quelques instants à cette pensée. C'était le bon vieux temps, mais maintenant, c'était loin. Il regarda au loin en direction des Sables quelques secondes tout en se frottant les sourcils du pouce tout en réfléchissant à leur offre. Au final, il se trouva un peu ridicule d'être toujours aussi méfiant. Après tout ce temps à agir seul, il arrive de devenir un peu paranoïaque.

*S'ils auraient voulut me tuer, ils auraient tout de même fait ça l'instant que je suis sortit de mon trou. Ils sont mieux armés et plus nombreux. Peut-être pas plus forts, mais ça, ils ne le savent pas...*

Karl accepta finalement leur offre pour s'avancer et prendre place à l'arrière. Il reverma l'étui de son pistolet un instant alors qu'il était hors de leur champ de vision et grimpa à bord. Il s'assied face à l'homme de petite taille et posa son Garand sur ses genoux. Valait mieux être prêt au cas où. Peu de chances qu'il se passe quelque chose, mais c'était toujours quand on se sent un peu trop à l'abri que les choses explosent.

C'était une balade pour le moins mouvementée. Même en se tenant à tout ce qu'il pouvait pour éviter de se faire éjecter, il peinait au début à rester stable. Chose que le nain à bord devait probablement trouver bien drôle, mais Karl en faisait peu de cas. Tout ce qu'il voulait, c'était se rendre au plus vite aux Sables afin de commencer à travailler. Enfin, il ne pouvait pas se plaindre maintenant qu'il pouvait enfin se reposer un peu les jambes. Avec un peu de chance, il pourrait même se faire un bon montant relativement facilement. Il était un peu fauché ces temps-ci il faut dire... Après un moment, il commençait un peu à s'y faire, trouvant peu à peu un peu plus d'équilibre malgré la conduite erratique du chauffeur. Il avait surtout surprit Karl au début avec un tel départ. Il regarda un peu la vue pour se désennuyer, mais se raidit quelque peu en voyant quelque chose au loin. Sortant ses jumelles, il vit quelque chose qui ne tarda pas à énerver les autres avec qui ils se trouvaient.

-Je crois qu'on a de la compagnie, et je doute qu'ils soient venus dire bonjour...

Karl rangea ses jumelles juste à temps, car la conduite de son hôte changea très vite avec cette nouvelle. Il les auraient certainement échapées sans ça et il n'aurait pas vraiment apprécié perdre ses jumelles. Des Skulls... Quelles étaient les chances de tomber sur eux comme ça? De quoi penser que Dieu n'était peut-être pas une invention parfois. Peut-être... Empoignant son Garand, il s'installa sur le toit du véhicule afin de prendre appui et éviter de perdre l'équilibre, ce qui n'était pas facile. Il visait longuement en direction du véhicule, attendant la bonne occasion pour tirer vers les pneus afin de mettre un frein à cette poursuite. S'il en avait l'occasion, il pourrait peut-être aussi viser le chauffeur du véhicule devant eux. Bien que tuer ne l'enchantait plus vraiment, il ne portait pas vraiment les Skulls dans son coeur. Ça ne l'avait jamais vraiment enchanté plus que ça d'ailleurs de prendre des vies.

Karl se mit en position de tireur alignant les pneus du véhicule des Skulls. La conduite de Sam rendait le tir plus qu'aléatoire. Le véhicule ennemi eut le temps de se mettre en route et démontrer que son allégement de carosserie le rendait beaucoup plus rapide et beaucoup plus léger que le lourd pick-up des patrouilleurs.
Le chef de patrouille Artuk canardait comme un taré en direction du véhicule sans avoir l'air de faire mouche pour un sous.
Une fenêtre de tir s'ouvrit enfin pour Karl qui pressa la détente lorsqu'il se sentit bien en position. Si la voiture avait été plus consistante , il l'aurait sans doute touché , mais son tir fut un échec et la balle alla se perdre plusieurs kilomètres plus loin.

Sans demander plus de détail , Karl aligna le chauffeur pour essayer de l'abattre , c'était une cible bien plus grosse que le pneu du tout terrain. Son tir fut encore vain et cette fois Karl pouvait maudire la conduite saccadée de Sam. Artuk grogna lorsque son chargeur fut vide.
Le nain qui manipulait un fusil à lunette tira son premier coup et fit mouche. Le conducteur tomba du véhicule tout en s'agrippant au volant , forçant le véhicule à tourner brutalement vers la gauche. Cela provoqua un accident spectaculaire dont Karl doutait qu'il put y avoir un survivant.
Lorsque le pick up s'arrêta près de l'accident , le conducteur était mort d'une balle dans le torse et la nana avait salement morflé , son visage était ravagé et son coup prenait un angle étrange.

"Bordel , bien joué. On pouvait pas les laisser filer ses enfoirés. Ils vont savoir comme ça qu'il y a encore des défenses aux Sables. Bon on se casse. "

Voyant le nain le doubler en termes de précision, Karl se sentit légèrement humilié en son fort intérieur. Surtout s'il était lui-même un excellent tireur, même dans un véhicule en mouvement comme ça. Après tout, dans un avion, il y en a sacrément du mouvement. En tout cas, ce qui était certain, c'était que ce nain était de bien meilleur qualibre que les deux autres s'il était parvenu atteindre sa cible comme ça. Une question qui le tiraillait un peu restait pourquoi il trainait avec eux et pourquoi il était le type silencieux qui obéissait sans rien dire au lieu de demander les ordres. Rien qu'à le voir, il devait au moins être tout aussi habile, sinon plus, même s'il avait du mal à l'admettre. Karl pouvait toujours blamer l'absence de lunette de visée de son arme, mais le résultat était tout de même là: ces éclaireurs étaient hors d'état de nuire. C'était le moins qu'on puisse dire en voyant leur véhicule. Rien qu'à voir, le tas de ferraille qu'était devenu leur véhicule. Si l'alléger l'avait rendu plus rapide, c'était probablement ce qui les avaient tué en fin de compte. Ce n'était pas un spectable bien joli. Aussi horribles et cruels ces gens auraient pu être de leur vivant, c'était tout de même une sale façon de partir.

N'écoutant qu'à moitié ce qu'Artuk racontait, Karl sauta de l'arrière du véhicule pour aller voir les pillards. Il avait mit son fusil en bandouillère, mais ouvrit l'étui de son pistolet, sait-on jamais. Il soupira un peu à les voir comme ça. Pas besoin d'être médecin pour voir que l'homme était on ne peut plus mort. C'était une sale scène à voir avec le sang, même pour lui qui y était assez habitué. C'était tout de même toujours difficile de voir les jeunes mourir comme ça de leurs conneries. C'était à la fois attristant et enrageant de les voir faire parfois. Surmontant ce léger début de chagrin, il ne tarda pas à fouiller sommairement le véhicule et ces gens pour trouver quoi que ce soit d'intéressant. Des ordres, des munitions, des provisions, quoique ce soit qui puisse valoir la peine de prendre avec lui. Il évita cependant de trop tâtonner les corps. Ils avaient au moins le droit au respect que l'on laisse aux morts. Il chercha un peu le poulx de la femme, histoire de savoir si elle était réellement morte, même s'il y avait peu de chances. Finalement, il ferma les yeux des morts qui fixaient dans le vide. Il se releva pour faire reprendre place à bord avant de, les yeux regardant un peu au loin. Aucune trace de joie, de peine ni rien d'autre, le regard vide du soldat.

-Ouais... Bien joué... Ils y repenseront à deux fois avant de retenter leur chance.

Cette fois, il s'accrocha fermement d'une main pour éviter de risquer de tomber quand il se décidera à partir. Il décrocha son téléphonne pour chercher un peu dessus. Il le replaça quand un très vieux titre, When the Wild Wind Blows, se mit à jouer dans ses écouteurs. Pas assez fort pour ne pas entendre ce que les autres disaient autour de lui, mais il faisait mine de ne pas les entendre.

Le pick-up s'arrêta devant une hutte en terre cuite de modeste facture. Elle n'était pas bien grande et ne pouvait être la maison que d'un être solitaire. Devant cette hutte , une table. Deux chaises étaient posés derrières. Sur ces chaises , respectivement de droite à Gauche , une jeune orc qui écrivait tout ce que lui disait de noter l'elfe se tenant sur l'autre chaise.
L'elfe était un grand homme aux traits fins et à l'allure jeune de prime abord. Son visage était creusé par des sillons de souci. Ses cheveux blonds , coupés court mettaient en valeur ses longues oreilles pointues typique des membres de sa race. Son regard était couleur cuivre et dénotait une certaine sagesse.

Une file d'attente faisait la queue devant la table , visiblement pour des réclamations. Lorsqu'il vit Artuk , il fit un mouvement de la main les enjoignant à venir près de lui.

""Est-ce que c'est une nouvelle recrue avec vous ?"

""Ouais , il a l'air volontaire et il a de l'énergie à revendre. Il dit qu'il connait un certain Abraham. Il faudrait l'inscrire sur le registre de la milice. Il nous faut votre approbation puis après on ira trouver le capitaine Trump.

"Bien sur , bien sur. Quel est votre nom jeune homme ? Vous avez donc vu Abraham. Comment va-t-il. J'espère qu'il fera vite pour délivrer le message. C'est notre meilleur courrier. Bref. Parlez moi un peu de vous. Pourquoi vous voulez devenir milicien ? Vous avez de l'expérience ?"

C'était un soulagement de retrouver un rythme de voyage plus calme avant d'arriver ici. Son répit avait été de courte durée. Karl se leva pour mieux voir l'ampleur des dégâts. Abraham lui avait bien dit que ce monstre de feu avait fait un sacré foutoir, mais il était loin de s'imaginer que ce serait d'une telle ampleur. Bien entendu, il avait déjà vu bon nombre de villages et villes incendiées et ravagées, mais cette fois, ça n'avait rien à voir. Le cauchemer de ces gens devait être plus grand encore que ce que Karl avait enduré avec les salves de mortiers et d'artillerie, les bombes tombant du ciel et les cris des blessés, les corps déchirés et démembrés... Il secoua énergiquement la tête pour éviter de trop repenser à tout cela. Ces années étaient loin derrière lui. Les douilles un peu partout sur le sol étaient un autre témoin silencieux de l'affrontement qu'il y avait eu lieu ici. Est-ce qu'une seule bestiole était vraiment capable de causer un tel massacre? Karl eut un frisson rien qu'en y pensant. Il était préparé à combattre n'importe qui, mais pas un tel monstre. Son petit fusil ne faisait tout simplement pas le poids. Ce qui laissait vraiment croire que l'endroit était dans un sacré bourbier, c'était sans aucun doute de voir en grande partie les jeunes et les femmes travailler à la reconstruction et non les jeunes hommes des Sables. Très probable qu'ils soient pour la plupart six pieds sous sable déjà. En tout cas, s'il en restait assez pour en enterrer...

-Pas étonant que vous ayez besoin d'un peu d'aide avec tout ça. Même encore, j'ai peine à croire que ce soit vrai.

Pas étonant que les patrouilleurs soient sur les dents aussi. Sa main se resserra sur le barreau qu'il tenait avant pour se maintenir en place à bord du véhicule. C'était enrageant de voir une telle catastrophe tomber sur ces gens. Certes, ce n'était plus son genre de travailler sous les ordres d'un autre, mais pouvait-il vraiment tourner le dos à ces gens? Refuser de protéger femmes et enfants? Qui sait si cette chose n'allait pas revenir d'ailleurs? Il n'aurait qu'à se fermer la gueule et obéir le temps que les choses se replacent et que l'endroit soit enfin à nouveau sécuritaire. Pas trop difficile pour un ancien soldat en fait. Qu'est-ce qu'il racontait? Un soldat ne prend jamais sa retraite. Qu'il ait une arme ou un bébé dans les mains, il restera toujours ce qu'il est. Artuk et les autres patrouilleurs menèrent Karl jusqu'au doyen. Il regarda longuement les gens faisant la file pour faire des réclamations. Leurs visages semblaient ravagés par tant de pertes. Il revint au doyen quand celui-ci s'adressa à lui. Karl se tint droit, les mains jointes derrière le dos, les jambes écartées et le regard tout aussi droit devant lui. Vieilles habitues qui faisaient surface à nouveau. Se rappelant le papier que lui avait fait Abraham, il lui tendit en guise de preuve qu'il l'avait bel et bien rencontré.

-Karl Kesler, monsieur. J'ai rencontré votre coursier en effet. Il allait très bien la dernière fois que je l'ai vu. J'ai beaucoup d'expérience pour être franc. Je ne m'en cacherai pas, il y a un salaire à la clef et je compte bien le percevoir. Toutefois, Artuk que voici m'a montré l'ampleur des dommages. Je compatis pour vous et je trouve injuste une telle situation. Je peut vous jurer sur mon honneur d'ancien officier que je ferai tout ce que je pourrai pour rendre cet endroit plus sécuritaire.

Il lui demandait de parler un peu de lui, mais Karl doutait qu'il pourrait croire qu'un humain aurait fait les guerres d'il y a là presque quatre-cent ans. Ramenant son casque écouteur autour de son cou, il abaissa son cache-nez et retira sa tuque. Le fait qu'il se découvre ainsi devant quelqu'un en voulait dire pas mal. D'une part parce qu'il lui faisait confiance et tentait de lui donner confiance en lui, mais aussi qu'il prenait le risque de se faire reconnaître. Il n'avait aucunes craintes avec les humains, mais il était beaucoup plus prudent avec les races douées d'une longévité beaucoup plus longue. Encore maintenant, il avait du mal à recoller tous les morceaux et s'il ne connaissait pas Zemil, le contraire n'était pas impossible s'il a vécu assez longtemps. Les chances étaient assez minces par contre, surtout si celui-ci avait l'air aussi jeune. Karl fit un pas en avant afin de tendre la main pour la lui serrer.

Karl se sentait un peu offusqué que cet homme insinuait qu'il semblait appartenir à l'Unité. Par contre, il ne pouvait pas trop lui en vouloir de le penser. L'Unité est la seule organisation militaire ou presque existant dans le désert. Il lui était arrivé à plusieurs reprises que quelqu'un puisse penser qu'il en fasse partie à cause de son treillis, même si le drapeau du Royaume-Uni sur son épaule devrait tout de même éloigner un peu l'hypothèse. Il lui était même arrivé d'être confondu pour un Skulls une fois à cause de son cache-nez.

-Disons que c'est une longue, très longue histoire... Quoi qu'il en soit, jamais je ne m'abaisserait à servir l'Unité. Ces gens ne sont rien de plus que des nazis à mes yeux. Des déchets humains et un affront pour ce qu'ils sont supposés représenter. Ça ne m'étonerais pas qu'ils préfèreraient me voir mort en fait.

Malgré tout ce qu'il pourrait dire, il se sentait tout de même un peu petit dans ses bottes. Déjà, son employeur était un elfe, sans parler de cette jeune orc et le nain avec qui il avait patrouillé tout à l'heure. Il n'avait pourtant pas menti. Il détestait l'Unité et même s'il avait l'air totalement normal aux premiers abord, il était quand même une chauffrette ambulante et possédait des yeux qui luisaient dans le noir. Malgré tout, il comprenait parfaitement les suspiscions dont il était l'objet. Il replaça sa tuque et son cache-nez, son regard était un peu dévié au sol cette fois. Décidément, le genre humain était très mal représenté parfois. Il aurait préféré être né elfe ou orc parfois. Les choses auraient probablement été plus simples. Il était au moins soulagé de constater qu'on lui accorderait sa chance. En fait, il était surtout content de ne pas s'être fait lyncher sur place par ces gens croyant voir là un xénophobe dégénéré. Il ne leur en voulait pas pour autant, c'était justifié. Il accompagna Artuk en silence. Il eut les poings qui se serrèrent en entendant son récit. Son regard triste de tout à l'heure devint vite chargé de haine.

-Ces gens sont pires que les Skulls. Je les tueraient bien jusqu'au dernier si j'en avait la chance!

Arrivant devant le capitaine, il parvint à adopter un air un peu plus neutre. Bien entendu, il jaugea Karl du regard à son arrivée. Un réflexe quand un perdreau tout frais arrivait. On regardait s'il tiendrait le coup, s'il était qu'une lavette tentant d'avoir l'air d'un dur à cuir. La couleur de ses yeux était pour le moins intriguante. Se pourrait-il qu'il y ait d'autres gens comme lui toujours en vie, ou n'était-ce là qu'une légère mutation qui lui avait donné cette couleur peu commune? Karl préféra ne pas lui poser la question. À peine était-il arrivé devant lui qu'il le bombardait de questions. Décidément, il n'aimait pas perdre de temps.

-Karl Kesler, tireur d'élite et commando. Faire péter quelques cervelles de Skulls ne serait pas de refus non plus. Je n'ai pas trop de préférences pour ce qui est de l'assignation en fait. Je ne sais pas si ce sera utile, mais je sais aussi très bien piloter, que ça roule, flotte ou vole. C'est un non catégorique pour ce qui est de la magie.

Même s'il déteignait encore un peu, Karl s'efforçait d'adopter une posture un peu plus décontractée que tout à l'heure. Les gens n'aiment pas l'Unité par ici et que le maire ait ses soupçons était déjà assez mauvais pour lui. Il n'avait pas trop envie de se balancer au bout d'une corde par les gens qu'il désire défendre. Il se sentait un peu mal à l'aise de faire à nouveau partie d'un corps armé, bien que ce ne soit qu'une milice. C'est que ça ramenait quand même des souvenirs tout ça.

"Kesler , hein ? Commando ? Tu viens d'où ? D'avant guerre ? Dit il avec un sourire narquois qui soulignait parfaitement l'ironie de sa dernière question. Il ne pouvait pas douter que son "humour" tapait en plein dans le mille.

"Je sais pas où tu as trouvé ça comme nom mais du moment que tu fais ton boulot correctement , je m'en tape royalement. J'ai besoin d'un mec qui aide Cassie à enquêter. Il désigna du menton une femme rousse. Grande , effilée , les joues creuses , le regard intelligent. Elle était en plein investigation d'un petit tas de cendre au milieu de ruine. Les restes d'un feu de camp d'après Karl.
Mais comme tu n'y connais rien en magie , tu ne serviras à rien dans ce domaine. On a pas mal de poste de libre de toute façon. Tu peux bosser avec les patrouilleurs , sous les ordres de ton copain d'orc Artuk. Tu peux aussi jouer les shériffs et éviter que cette ville parte en bordel monstre. Tu peux faire partie des messagers aussi , ils ont du boulot en ce moment ou si ça te branche plus , on a besoin de gars qui sont aux courants du bordel des sables et qui s'infiltrent chez les Skullz le temps qu'on se renforce. Je sais pas ce qui te branche le plus , mais dans tous les cas , va y avoir de l'action.
Il s'arrêta de parler. Il prit quelques notes sur un carnet jaune. Ses yeux revinrent sur Karl.

"je suppose que l'enfoiré de Zemil t'as rien dit pour la paye. Les miliciens gagnent 500 dollars par semaines , nourris et logés. Ce que tu trouves pendant tes missions en dehors de la ville t'appartient. En ville , ça appartient à la milice. ça évite un peu les abus. On fournit peu d'équipement à moins que tu sois vraiment en chien. Normalement , on donne un gilet de protection qui fait office d'uniforme mais la en l'occurrence on est un peu à court. Alors , hum. On file des lunettes de soleil maintenant. Tiens , prends celle la."

Il fouilla rapidement ses poches. Il en sortit des lunettes de soleil à verre noir. Il les jeta sans ménagement dans la direction de Karl qui les reçu sur la poitrine. Il les rattrapa par réflexes. Les branches étaient un peu tordues. La forme rappelait celle des Ray-ban d'avant guerre. Pas en parfait état , mais toujours fonctionnel. Il aurait l'air d'un vrai shériff avec ça.

À la blague du capitaine, Karl ne put s'empêcher de grimacer un peu sous son cache-nez. C'était un peu difficile pour lui de dire son âge réel aux gens. S'il pourrait tenter de se faire passer pour un elfe en couvrant son visage sous une tuque et un cache-nez, c'était surtout sa musculature qui le trahissait là-dessus. Il écouta sans broncher les propositions que le capitaine Trump lui faisait. Il regarda la femme que le capitaine désigna tout en parlant. Une Sherlock Holmes en herbe on dirait. Quelque chose qu'il n'appréciait pas trop en fait. Ce n'était rien contre elle, mais c'était surtout parce que c'était un risque de plus que l'on découvre qui il était. Son regard revint à Trump quand il lui dit que sans magie, il pourrait oublier ça. Il ne voyait pas trop pourquoi, mais bon, ce n'était pas une déception. Personellement, faire le coursier n'était pas vraiment quelque chose qui le branchait. Les patrouilles pourraient se montrer intéressantes en quelque sorte, surtout s'il pourrait garder les trucs intéressants qu'il pourrait trouver. Faire le shériff ici s'était un peu profilée comme option, mais le plus urgent, ce serait certainement de protéger les gens des Skulls avant de les protéger d'eux-mêmes. Il leva un sourcil en l'entendant parler d'un poste d'infiltrateur. Il était un peu incrédule face à cela. Laisser des miliciens avec peu ou pas d'expérience faire un tel travail?

Karl soupira en secouant la tête en entendant le montant auquel il était supposé être payé. Franchement, c'était un peu nul pour un travail du genre. Il était facile de se faire presque autant sinon plus en travaillant comme mercenaire pour d'autres. Enfin, c'était au moins une paye stable et il serait nourrit et logé en plus. Il ne put s'empêcher de rire un peu en recevant les lunettes de soleil. Il les retournait un peu dans ses mains pour les regarder et les mettre dans ses poches.

-Coupures de budget hein? C'est pas grave pour ce qui est de l'équipement, je suis pas mal couvert en fait. Quoique j'aurais pas craché sur un fusil à lunette peut-être.

Il joignit le geste à la parole en soulevant un peu le treillis pour laisser voir un gilet pare-balles. S'il s'y connaissait un peu, il pourrait aussi y voir les plaques de céramique qui offraient une protection de plus. D'accord, son gilet était plus vieux que la plupart des gens ici, mais il était toujours en très bon état. Encore capable d'arrêter une balle de fusil de précision et s'il avait de la chance, l'arrêter sans lui briser de côtes.

-Sinon, il faut dire que 500 par semaine, c'est pas énorme si vous envoyez des gens tenter d'infiltrer les Skulls. Je doute que vous ayez des miliciens qui aient la motivation ou les compétences qu'il faut. Enfin, si vous êtes vraiment dans la dèche, je peut vous dépaner en faisant le sale boulot. Je peut tenter de faire un peu de sabotage, histoire de les clouer à leur camp. À moins que ce soit d'un agent double dont vous ayez besoin. Vaut mieux prévenir que guérir comme on dit. Par contre, il me faudrait peut-être un petit "relooking" pour ça, parce que le treillis, ça risque un peu d'éveiller les soupçons.

En fait, même si c'était de loin le pire boulot qu'on pourrait offrir aux miliciens, Karl était impatient à l'idée d'une petite infiltration. Ça rappelait toutes les missions d'infiltration et de sabotage dont il se rappelait. Ces missions qui se montraient parfois essentielles, que ce soit pour sauver des vies lors d'un assaut ou tout simplement le remporter. S'il y avait au moins une chose que Karl savait, c'était que quand l'équipement pète quand on en a le plus besoin, ça peut vouloir dire la mort. Il faut dire aussi que s'il travaille en dehors de la ville, ça lui aidera à ne pas passer pour un traître venant de l'Unité qui l'espionnerait aux yeux de Zemil et quelques autres personnes. Sans parler qu'il pourrait agir en solo sans avoir quelqu'un au-dessus de lui pour lui dire quoi faire.