Lol, immigration illégale

La PETA était le moindre des soucis de Cat. Après tout, elle n'était pas une chienne, elle n'allait pas se faire euthanasier pour son "bien-être". La petite TI était 100% adoptable et en bonus, elle était bien propre, ne mordait pas et ne quêtait pas de la nourriture à table. Le problème, c'était qu'elle semblait être sortie d'une ruelle de Rio.

Vêtements propres et petites culottes secs, déterminer à sortir de cet univers, la jeune femme passa au travers du territoire de l'hôpital. L'atmosphère était morte, comme à son habitude, avec quelques patients dans un état catatonique. Elle resta un moment pour en observer un, son visage lui disait quelque chose. Elle était certaine d'avoir déjà vu cet homme dans les couloirs de Sanitaville… mais en beaucoup plus pourri. Peut-être que son esprit lui jouait des tours. Elle continua son chemin, elle ne voulait pas tarder plus longtemps dans ce monde.

Elle traversa Maple Drive et 50 mètres plus loin, là où était supposé avoir un entrepôt, elle ne trouva qu'une falaise. En regardant en bas de celle-ci, elle n'y vit pas le fond, qu'un épais brouillard blanc. Blanc comme une feuille de papier d'imprimante. Comme si rien n'avait été "écrit" plus loin que Maple Drive.

Prenant tout son courage, Cat sauta vers l'inconnu. Elle passa au travers des nuages blancs, qui changèrent rapidement du au gris puis néant. L'IT tomba pendant plusieurs minutes, se demandant si elle avait fait le bon choix. La descente était trop longue… et si elle était prise dans la noirceur pour le reste de ses jours, à tomber vers l'infini. Puis, comme si elle ne faisait que flotter, elle sentit en sol sous ses pieds, mais tout restait noir autour d'elle, se demandant même si elle avait les yeux fermés. Elle les ferma et les rouvrit.

Elle était encore dans un bureau, elle le reconnaissait. En face d'elle, l'administratrice lui souriait en signant les mêmes papiers que la première fois. Car regarda de nouveau par la fenêtre, le même décor qu'elle avait vu, les mêmes petits oiseaux. L'administratrice lui adressa la parole en espagnol et lui passant ses papiers.

" Voilà mademoiselle Vialpando, vos papiers administratifs sont prêts. Avez-vous des questions? "

L'administratrice plaça son index sur sa bouche, réfléchissant. Lorsqu'elle trouva sa réponse, son index en l'air, elle exclama joyeusement sa trouvaille.

" Oh oui, dans le bâtiment communautaire. Nous avons une petite bibliothèque avec quelques ordinateurs que les patients plus sains peuvent utiliser. C'est le bâtiment C, mais vous n'avez pas besoin d'y aller, vous avez internet dans votre bureau et dans votre appartement. "

Souriant à pleine dent, l'administratrice se leva, tirant sa chaise.

" Je peux vous escorter jusqu'à votre bureau, si jamais vous avez des questions en chemin. "

Elle marcha jusqu'à la porte de son bureau et l'ouvrit, invitant Cat à la suivre.

"Votre bureau se trouve dans le bâtiment B, aile E. Ne vous inquiétez pas, les patients n'ont accès à ce bâtiment qu'à certaines heures, les heures de loisir. Elles sont de 14h à 16h. Après, c'est l'heure du lunch. Nous vous avons aussi préparé une chambre dans le bâtiment D. Ce bâtiment n'est que pour le personnel sur place, il faut cette clé pour y entrer."

Elle sortit de sa poche une carte magnétique, cette scène était trop familière pour la jeune goule.

"Votre chambre est la chambre 2-34. Deux est l'étage et 34 le numéro de votre chambre. Nous y avons laissé la série de Rosetta Stone pour l'anglais. Il y a un ordinateur, une cuisinette, un petit frigo et une télévision pour votre plaisir. Votre clé sera à votre bureau. J'espère que vous allez rester avec nous longtemps… cette fois-ci."

Cat figea, ce n'était pas dans le script.

" Alors, vous venez? "

À sa grande surprise… ou pas, le bureau n’avait pas changé. Déposant les affaires de Cat sur le bureau, l’administratrice se retourna vers Cat en s’approchant d’elle. Elle replaça une mèche de la goule derrière son oreille et lui donna deux douces tapes affectueuses sur la joue gauche, toujours en souriant.

" Je ne pense pas que j’ai besoin de vous faire la visite, après tout chaque bureau se ressemblent, non ? J’espère que vous avez compris que vous allez rester très longtemps avec nous. Bon ! J’ai du boulot à faire, je vous laisser. Si vous avez des questions, n’hésitez pas ma chère ! "

L’administratrice quitta la pièce, fermant la porte derrière elle, laissant Cat seule.

La salle des serveurs semblait des plus normales… semblait. Habituellement, ce genre de salle était très bruyante et surtout, froide. Cat ne sentit pas ce froid, en même temps, elle ne sentait aucun changement de température dans ce lieu. Mais c’est le bruit, ou plutôt l'absence de bruit, qui attira son attention. Pourtant, en observant, tout semblait à sa place. Les boîtes contenant des SSD en RAID fonctionnaient (en même temps, ce n’est pas les SSD qui font du bruit), mais en observant celles-ci, elle vit que les ventilateurs des serveurs et des boîtes de RAID ne bougeaient pas. Elle ouvrit les petits tiroirs contenant les SSD et vit qu’ils étaient vides. En ouvrant les serveurs, elle remarqua la même chose, rien à l’intérieur, même pas une carte-mère. Et tout fonctionnait, les lumières en avant des serveurs s'allumaient… de manière tout à fait illogique. La salle des serveurs était une coquille vide, digne d’une exposition dans un IKEA ou un épisode de CSI. Il lui restait encore un peu de temps avant l'appel pour l'internet sans-fil.

Les serveurs vides n’étaient pas ce qui était de plus troublant, après tout elle se trouvait dans l’équivalent du pays de merveilles. Sauf que le merveilleux devait avoir manqué l’invitation à la fête, car tout était plus étranges qu’autres choses. Alors que la petite technicienne ouvrait le premier serveur, la sonnerie du téléphone retentit dans son bureau.

- Bonjour mademoiselle Vialpando! Il semblerait que votre connaissance, madame Natasha, ait de la difficulté à se connecter à l’intranet. Vous vous connaissez, pas vrai? Vous savez, elle ressemble un peu à un pitbull, avec le même caractère. Je ne pense pas que je dois vous dire où se situe les soins intensifs.

L’administratrice narguait la latina. Catarina ne sentait plus trop de la peur, mais de la colère. Comme un chat, cette folle jouait avec ses proies avant de les achever. Il avait un silence, mais en se concentrant bien, l’IT pouvait encore entendre les chuchotements. Ils étaient frénétiques, effrayées. Elle pouvait comprendre quelques mots, dont vivante, torture et mort mais, surtout des plaintes. Puis, les chuchotements arrêtèrent et Catarina cru entendre les aboiements d’un chien avant d’être interrompu par l’administratrice.

- Cette fois-ci, n'essayez pas de vous pisser dessus!

L'administratrice raccrocha, laissant la ghoule apprécier la symphonie de murmure mixé avec le long bip d'une ligne téléphonique coupée.

La nouvelle confiance en soi de la petite hispanique eu un effet amplificateur au courage et la volonté que la petite mexicaine. C’est le torse bombé qu’elle arriva au bon bâtiment. Elle fut accueilli encore par Natasha, mais Cat savait où se situation la borne wifi, l’escabeau et la salle du patient fou. Elle alla tout de suite vers le placard l’ouvrit et alors qu’elle le prenait entre ses doigts, elle sentit un liquide puis quelques goûtes vinrent arrêter leur course sur la main de la ghoule. Levant les yeux, elle vit la tête du beau médecin, coupée de manière très précise à la base. Un fil RJ-45 passait entre ses orbites vides, pour retourner s’accrocher aux tuiles.

La seule réaction de Cat fut de rester de glace, prendre l’escabeau et fermé le placard, en mode “je m’en foutisme, c’est pas réel de toute manière”. Sa réaction impressionna la ghoule elle-même.

Et pourtant, Cat pouvait se demander si la quantité de fer dans le sang, comparé à la quantité de liquide, ne pouvait être que mauvais. Oui, l'oxydation du fer ne conduit pas l’électricité mais c’était une très mauvaise barrière contre cette énergie. D’ailleurs… le fer dans le sang n’était-il pas déjà oxydé? Bon, elle pouvait philosopher sur ce sujet plus tard, la TI était déjà rendu à la salle redoutée de Mr.Sourire. La latina ouvrit la porte et vit Mr.Sourire, comateux, tenant le root entre ses doigts couverts de sangs. Ce n’était pas l’utilisation normale de l’équipement informatique de l’établissement et sûrement considéré comme du vandalisme.

Un autre jour, un autre dollar… mais avait-elle un compte de banque dans ce monde parallèle zarbi? On pouvait bien se demander si la personne qui contrôlait ce monde pensait à ces petits détails. Oh… et avait-il eu un IT avant elle? Pourtant elle n’avait vu aucune trace de celui-ci dans son bureau ou ses appartements. Ni même mention de la part du feu docteur sorti tout droit d’un soap opéra ou de la pitbull. Traitement hardcore ou non, les doigts de Jeff el Asesino était dur comme du roc. Au moment où elle pensait avoir gagné contre la main droite Jeff ouvrit les yeux et pris le poignet gauche de Cat, vomissant des plaintes avec ses tubes dans sa bouche, la surprenant.

"Tue-moi, maintenant. Ça va recommencer et recommencer et recommencer. Toujours. Comme la dernière journée. Les bombes vont tombés, encore et encore."

Cat essaya de se défaire de l’emprise de Jeff le killer. Celui-ci gardait emprise sur le poignet de la jeune IT, la suppliant de mettre fin à jours et autres phrases et mots sans queue ni tête pour la jeune latina. Le sang sur les doigts du malade s’imprégnait sur les bordures des manches de Cat. Si ce n’était pas de la pisse, c’était du sang sur ses vêtements.

Les yeux de Jeff le killer s’ouvrirent, s’instillant. Cat ne pouvait imaginer le nombre de fois qu’il devait avoir essayer de se tuer avant que les « bombes » ne tombent. Le jour J lui avait laisser une cicatrice profonde dans l’esprit. Ce n’était pas tous les jours que l’apocalypse arrivait. Pourtant c’était la réalité dans ce monde. Jeff préférait mourir et mourir encore pour éviter de revivre cette journée.

- C’est simple, réveille-toi! La dame ne veut pas qu’on se réveille. On ne peut pas se réveiller quand notre carcasse a été mangé par les rats! Réveille-toi, tue-moi!

Jeff se tut et serra la couverture du lit d’hôpital.

- Elle mange notre essence, petit peu par petit peu. Notre peur, elle aime ça. C’est un mauvais rêve. Ce n’est qu’un mauvais rêve. Elle va te briser!

Cette révélation cependant donna des sueurs froides à la Latina, elle sentit son cœur se serrer. Son essence… ce n’était pas son âme? Sa seule et unique âme qui devait rejoindre son seigneur dans l’éternel? Elle ne pouvait pas rester ici. L’antre de l’administratrice était sa damnation.

- Il faut se débar…

La respiration de Jeff devint irrégulière, les machines qui monitorait ses signes vitaux commencèrent à faire une cacophonie. Il cherchait son souffle, ne réussissant qu’à faire un faible sifflement lors de ses tentatives de prendre un une bouffer d’air. Le blanc de ses yeux prenant une teinte rouge sang. Il se griffa le corps, tentant de débrancher les fils et tube sur son corps. Cat se mit à regarder partout pour trouver une source à ce qui tuait son pote Jeff. Elle remarqua un tube à la gorge de l’homme, une trachéotomie. Suivant le tube pour trouver son origine, elle trouva une valve au mur… et une main sur la valve. Elle sentit quelque chose lui toucher l’épaule, la faisant sursauter.

- Catarina, évitez de parler avec les patients. On ne veut pas une visite de l’HIPAA, non? Seul le personnel autorisé peut avoir contact avec les patients. Sinon Natasha m’a confirmé que le wifi était revenu. Bon boulot!

Cat avait des sueurs froides, l’administratrice ayant son grand sourire joyeux au visage alors que Jeff se battait pour sa vie. Les machines bippaient de plus en plus vite puis un seul long bip hanta la pièce.

- Oh non, je vais avertir Natasha. Je vous invite à retourner dans votre appartement mademoiselle Vialpando. Vous… vous devez être sous le choc!

Ajouta-t-elle en poussant Cat vers la porte de la chambre. Les derniers mots de Jeff lui résonnèrent dans son esprit. Il fallait se débarrasser de quelque chose et Cat se doutait très bien de qui devait partir…

La dernière fois que Cat avait marché d’un pas aussi déterminé était à sa Quinceañera lorsqu’elle demanda à la victime de son béguin de danser avec elle. Fière d’elle, elle ne l’avait pas lâché de la soirée et parlait déjà de mariage. C’est avec les années qu’elle réalisa qu’il n’a accepté que parce qu’elle était LA Quinceañera. Ça lui a pris 50 ans à réaliser ça, la honte qui l’avait empêché de dormir toute la nuit.

Elle arriva rapidement à son appartement avec qu’une idée en tête, éliminer l’administratrice. Dans ce monde, elle savait que c’était l’autres folles qui le contrôlait. Impossible de trouver une arme un peu plus traditionnelle mais il devait bien avoir quelques choses d’utiles dans ces pièces. Elle devait trouver une solution avant la fin de la journée ou sinon tout ses efforts allaient être remis à zéro le lendemain matin. Elle pensa tout de suite à la cuisine, il devait bien y avoir des couteaux de cuisine. Sa déduction était exacte, elle trouva un socle avec de nombreux couteaux, incluant un de chef. Il était bien coupant mais peux discret. Elle pensa aussi à la salle de bain, il y avait un miroir. Avec un objet contondant, elle pouvait faire un couteau avec le verre brisé. Beaucoup plus discret que le couteau de chef.