En route pour Polis

Alan fait un léger sourire amical, sans surplus de conviction.

*Les humbles travaux, la simplicité de la vie, les modestes joies qu'on se tisse au fil du temps qui passe, tout cela définit le bonheur.
Voici une belle démonstration que la simplicité de la vie n'est autre que le signe de la vraie prospérité.*

Tranquillement assis son regard traverse la vitre pour se poser sur les dunes et autres herbiers secs qui se succèdent.

Le ronronnement du moteur, ainsi que le tremblement du véhicule rendent l'épuisement d'Alan encore plus pesant. Malgré la musique qui n'est propice au repos, Transience bercé par l'état paisible dans lequel il se trouve, se laisse allé malgré lui à fermer les yeux, jusqu'à ce que, très vite, le sommeil le gagne.

Assez désorienté, Alan a le goût du sang dans la bouche, tout en essayant de comprendre la situation, il sort un mouchoir de sa poche pour cracher discrètement dedans et s'essuyer rapidement les lèvres avec.
Transience pense tout d'abord à s'excuser pour s'être assoupi ainsi, mais vu la gravité et la tension de la situation, il se garde de prendre la parole, se contentant pour le moment d'analyser la situation.

*Nous sommes suivis ; nous cherchons une solution pour s'arrêter avec un risque moindre...*
Ses yeux sillonnent rapidement l'intérieur du véhicule, Shérazade stressée sur sa carte, Abass à la conduite tendue et l'homme à l'arrière dont on ne sait ce qu'il fait.
*Pas de question inutile. Shérazade parle de buttes... *
Quelques secondes de reflexion et Alan prend la parole :
"Nous pourrions nous arrêter au milieu de deux dunes assez hautes et proches pour que celles-ci nous cachent à longue et à moyenne distance de nos poursuivants. Alors, même s'ils nous tombent dessus, nous gagnerons l'avantage de la surprise, et nous pourrions repartir tout de suite, en profitant du temps qu'ils improvisent leur assaut. Surtout que nous, on peut préparer notre défense, une défense dissuasive, en montrant qu'on les attendait."
*Je n'ai aucune expérience de ce genre de problème, et je me permets de proposer une solution... qui pourrait tous nous coûter la vie. Mais, qu'est ce que je suis en train de faire...*

Alan sent le stresse monter en lui et il entend les battements de son coeur raisonner avec de plus en plus d'intensité.

Les ordres qu'il entend l'afflige :

*'Vise le motard, je ne tiens pas à avoir ce pot de colle au trousse.' Comment peut-on parler de meurtre aussi facilement, comme une sorte de préférence plus accommodable qu'une autre...*

*'remplace juste Abass ou Samy si ils sont blesser ou mort.' L'éventualité que son frère ou leur ami meurt, abordé comme une variable si crédible et presque admise qu'elle fait parti du plan...*

Avant même l'action, Transience se trouve désemparé, comme déjà victime du contre-choc qui n'a pourtant pas encore eu lieu.

Incapable de bouger, l'esprit d'Alan reste bloquer sur le comportement de ceux qui l'entourent et s'agitent.
*Je suis un spectateur de la banalité et de la résignation d'une vie de violence. Une vie qui m'est inconnue. Et dont je ne pourrais réussir à en être acteur.*

Avec effort, Transience réussit à sortir de cette léthargie, pour reprendre la parole dans ce silence de tension pesante :
"On ne mise pas sur la confrontation. Il faut repartir dès que le moteur aura un peu refroidi !"

Transience, met la main sur la poignée et ouvre la porte.
"Pendant ce temps, je vais descendre et remettre de l'essence."
Sans prendre le temps d'écouter la réaction de ses compagnons, Alan sort de la voiture, jette un oeil rapide au dessus des dunes, et sans perdre d'avantages de temps, se dirige vers l'arrière du véhicule afin d'y récupérer un bidon de carburant.

De cette initiative, Alan se convainc :
*Plutôt mourir tel un inconscient que d'avoir du sang sur les mains.*

Crispé une seconde, lors de la détonation des coups de feu, Alan court aussi vite qu'il le peut à l'avant du véhicule.
Pendant qu'il entend quelques balles cribler la carrosserie du 4X4, il ouvre la porte et se jette à l'intérieur, balançant le jerricane à l'arrière.
Transience claque la porte, et ayant toujours la scène de la chute des motards en tête, il somme de ne pas se livrer à une tuerie :
"Il faut viser les pneus ! Uniquement les pneus !"

Il tourne la tête pour voir l'état de leur assaillant, à ce moment là, la toux le reprend, sans doute à cause de sa course et de sa respiration plus rapide...

Alan s'approche de l'homme près de lui qui semble si souffrir, il l'aide à se mettre sur le dos. Il lui dégrafe la chemise, afin qu'il puisse s'oxygéner au maximum.
Quand il voit sa blessure, le sang de couleur noir qui en ressort ne laisse aucun doute : Les poumons sont touchés et c'est à présent une question de temps.
Transience presse la chemise sur la plaie de l'homme, devant son supplice et le sang qui se déverse sur ses mains, il s'écrit d'une voix empreinte de panique et d'angoisse : "Vous avez de la morphine ou quelque chose dans le genre ?"
Alan sait que trop bien que le sang va venir jusqu'à la bouche, et que l'homme crachera bientôt ce sang noir.
D'une main Transience lui lève la tête en la plaçant sous sa nuque et il regarde son visage sans pouvoir faire d'avantage, désolé et catastrophé par les circonstances.
Alan voudrait parler, être rassurant, mais les mots ne viennent pas, il sait que cet homme va mourir...

*Désolé, je suis désolé... je ne peux rien.*
Impuissant devant la dramatique situation, Alan est plongé dans un état d'accablement.

A la vue du stimpack, Alan reprend un peu d'espoir.
*Il reste une chance...*
Il s'approprie rapidement la boîte de secours d'Abass, il ne peut laisser la balle qui risquerait de tout compromettre si la régénération des cellules se faisent convenablement. Mais s'il s'occupe en priorité de la balle, le temps qu'il la retire, il sera peut être trop tard pour la vie de l'homme...

Il doit faire un choix, un choix qui risque de côuter une vie. Mais pas le temps d'analyser la situation plus longtemps.
-"Tiens sa tête levée." lance t-il à Abass.

Puis, il s'empare de la seringue pour l'enfoncer au dessus de la plaie afin que l'action localisée soit plus rapide et efficace.
A mesure que le liquide s'introduit dans son corps, Transience jette un regard au visage du blessé.
*Il faut espérer que l'effet du stimpack soit assez puissant pour consolider les tissus du poumon.*
Mais il sait que rien n'est moins sûr et que les chances restes minimes.
Dès qu'il est au bout du piston, il la retire et il se saisit des aiguilles dans la boîte de secours.

Versant rapidement un peu d'eau pour nettoyer la plaie et permettre d'y voir un peu mieux, Il rentre deux aiguilles par l'orifice de la blessure pour retirer la balle, la santé critique et la régénération des tissus pressant sur ses actions.
Faisant preuve de concentration maximum, au bout de la tige d'acier, il sent qu'il touche la balle. Mais le plus dure reste de la retirer, ce qu'il s'efforce d'essayer de faire en la saisissant entre les deux aiguilles...

"Nous avons encore un stimpack ?"
Si c'est le cas, Transience fait une dernière administration.

Ensuite, Alan prend ce qu'il trouve dans la trousse de soins pouvant servir de bandage, puis le passe autour du buste du blessé.

Enfin, voyant Abass désemparé, ne sachant que faire devant la fatigue du blessé qui ferme les yeux, Alan lui donne la consigne :
"Vérifie sur son froid sa température. S'il est froid, empêche le dormir tant qu'il ne s'est pas réchauffé."
"Sinon, s'il est assez chaud, il a le droit à un repos bien mérité."
"Dans tous les cas, couvre-le d'une couverture."

Après toute cette opération, Transience souffle, sa crispation commence enfin a s'atténuer.
Il s'essuie les mains tâchés de sang dans un chiffon, avec un regard vague.
*Ce n'est pas mon sang, cette fois...*
*Si je n'étais pas là, tout cela ne serait jamais arrivé, cette homme ne serait pas dans cette état et je ne pense même pas aux vies de nos assaillants...*
*Mes intentions sont-elles réellement bonnes ?*
Transience reste à l'écart, encore sous le choc des événements, perdu dans ses pensées. Il ne dit aucun autre mot.

Transience écoute attentivement les propos de Shérazade, tout en observant leur futur destination dans les jumelles.

Enfin, il lui les rend, en ajoutant d'un ton calme et assez mélancolique :
"Shérazade, excuses-moi de te demander ça, mais... Ta vie te plaît-elle ?"
Avant qu'elle n'est le temps de répondre, il justifie une telle question :
"Je veux dire, prendre autant de risques pour acheter ou vendre des objets pour en tirer ne serait-ce qu'un bon pécule. Trouves-tu que cela en vaille la peine ?"
"Aujoud'hui, il a fallu qu'on tue des gens pour mener à bien notre voyage, et d'ailleurs nous avons bien failli perdre nous aussi un de nos compagnons. Chose que je n'aurais jamais pu me pardonner. C'était ma responsabilité, j'ai voulu qu'on s'arrête à ce moment là. J'espérais qu'on reparte avant qu'ils nous tombent dessus, mais je n'ai pas assez mesuré les conséquences d'un tel choix..."
Les yeux toujours fixés loin devant lui vers la ville, Alan continue :
"Enfin..." Il soupire.
"Je n'arrive pas à y trouver de raison valable. Nous partons négocier d'après ce que j'entends avec d'ignobles individus..."

Il tourne la tête avec une expression déconcertée :
"Je sais que j'arrive dans un monde où les règles me dépassent et que les besoins demandent certainement des sacrifices convictionnelles. Mais n'existe-il pas de meilleurs alternatives ?"
"Je vois bien que ton frère et toi êtes des personnes dotés d'un réel bon fond..."
Transience s'arrête pour laisser place à un sincère sourire, tout en retenu, puis reprend :
"...mais d'un jour ou l'autre, il peut vous arriver quelque chose."

Alan conclut enfin d'une voix effacée :
"Penser qu'on peut risquer de si belles vies aussi facilement... Je n'arrive pas à le tolérer."

Alan fait un léger hochement de tête en guise de compréhension.
"Soit. C'est donc le prix à payer pour cette liberté."

Puis il fixe de nouveau la ville illuminée et mystérieuse.
"J'admets que partir à la découverte d'autres horizons est une aventure très enrichissante et merveilleuse...
Mais je pense aussi que le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux..."

Comme résigné, Transience se retourne pour prendre la direction du 4x4. En passant près de Shérazade, sans lever la tête, il lève les yeux vers son visage, juste un instant pour saisir son expression face à ces questions.
*Tu es en bonne santé et malgré cela tu peux mourir demain, avant moi...
Il suffit que cette fois, tu aies un peu moins de chance...
Ce serait un énorme gâchi.*

Alan arrive jusqu'au véhicule et rentre à l'intérieur afin de reprendre la route.

Shérazade soupira, clair qu'elle en avait trop vu et cela devait surement faire quelques temps qu'elle pensait à "prendre sa retraite. Elle reprit le volant, regardant son frère se diriger vers le 4X4.

"Je le sais... Ca fait quelques années que je pense arrêter, il faut juste que je saisisse la bonne occasion."

Abass monta devant, puis le véhicule repris la route. Le groupe finit par arriver une heure plus tard.

(Suite Campement)