Enfer et Damnation!

Il n’avait pas compris au début pourquoi les mecs ne voulaient pas continuer leur chemin vers la Floride. Après tout, ils venaient à peine de franchir la frontière de l’état du Nevada et étaient maintenant en Arizona. Ils auraient très bien pu se rendre au Grand Canyon et se trouver un endroit plus confortable pour la nuit qu’à côté d’une antenne radio, à la vue de tout le monde et tout danger. Le chef de la bande, un homme très charismatique et ayant un certain surpoids nommé Joël, lui avait donné l’excuse bidon que c’était le paradis des goules. S’il avait pu rouler les yeux, ils l’auraient bien fait, mais il s’est contenté de soupirer et d’accepter la décision du groupe. Ils allaient dormir ici, au beau milieu du désert, en Arizona à une cinquantaine de kilomètres du Grand Canyon National Park, un endroit plus sécuritaire et seulement à deux heures max de route.  Ils s’arrêtèrent donc à côté d’une vieille antenne radio, mangèrent et se couchèrent.

« Plein de goule, mon nul ouais…» Dit-il en regardant l’horizon, vide. Son masque pendait à son cou.

Il était déjà presque midi et ils étaient tous partis. Tous, sans lui. Ils l’avaient laissé derrière et pour être certain qu’il ne se réveille durant leur fuite, ils avaient drogué sa bouffe, profitant du fait qu’il ne peut plus rien goûter. La bande avait tout pris sauf un de ses sacs, son VTT, sa vieille guitare et une gourde remplie d’eau. Ils avaient même pris son second sac contenant ses outils de voyage et son matériel de chimiste. Pour rajouter du sel à la plaie, les voix n’arrêtaient pas de répéter continuellement que c’était de sa faute, qu’il était remplaçable et qu’il ne valait pas mieux qu’une botte trouée. Quoique qu’il pensait vraiment que c’était de sa faute...

Deux jours plus tôt, un homme habitant près de la ville de Reno les avait convoqués pour un service bien payant. Il voulait que lui et les autres trouvent sa fille dans les Everglades. Leigh n’avait jamais été en Floride et était très excité d’y aller pour la première fois. Tellement excité que le disque dur dans son cerveau a malheureusement lâché pendant quelques minutes et cela non sans conséquence. Dans sa crise, il blessa un de ses compagnons et avait presque décapité l’homme leur ayant donné le contrat avec sa machette. Les autres de la bande avaient réussi à le maîtriser avant que cela n’arrive. Ils prirent donc chemin vers la Floride et s’arrêtèrent à leur camp de base à New Vegas avant de repartir vers le lieu de leur mission.

« Au moins vieux, se dit-il à lui-même à haute-voix, tu ne feras pas d’autres crises avant un petit moment… faut voir le bon côté des choses, eh. Et s’ils pensent qu’ils allaient se débarrasser de moi sans que je me venge? Ah! Idiots! »

Il allait retourner au camp de base à New Vegas, prendre ses trucs et faire tout exploser. Ça leur apprendra à être des salauds qui poignardent dans le dos comme des femmelettes. Il roula son sac de couchage, plia la toile qui lui servait de tente et prépare son sac. Avant de monter sur son véhicule tout-terrain, il mit son révolver à sa ceinture, à porter. Il plaça son sac dans le compartiment de transport de son véhicule, tourna les clés, fit ronronner le moteur et parti en direction de New Vegas.

Si Kindness n'avait jamais eu peur des hauteurs, la situation se trouvait un peu différente qu'à l'habitude. Ses ailes lui faisaient horriblement mal, de sorte à la faire se tordre de douleur tandis qu'une longue chute s'annonçait. Les nuages n'étaient pas ici ce qui allait arrêter sa chute, elle se contenta de piquer au travers et pouvait dès lors en voir le sol. Elle tenta de battre des ailes pour avoir plus de contrôle, mais il fallait qu'elle se rende à l'évidence qu'elles ne lui répondaient plus. Elle tourbillonna dans les airs et put voir ses plumes se détacher pour tomber à sa suite tandis qu'elle pouvait voir le sol se rapprocher dangereusement vite. Ses ailes lui avaient été donnée pour accomplir sa tâche de gardienne, mais selon ces mêmes règles, y déroger faisait en sorte qu'elle pouvaient les perdre ainsi. Elle avait eu recours à sa magie de l'air pour tenter de se ralentir, mais le mieux qu'elle était parvenue à faire était de se redresser tout simplement. Elle s'était doutée que la magie dans ce monde allait être beaucoup moins présente, mais elle ne s'attendait pas à si peu. Même au meilleur de ses efforts, elle allait déjà trop vite et la gravité était trop forte pour qu'elle arrive à s'arrêter en se servant de sa propre magie.

Plus elle s'approchait de la terre ferme, plus ses appréhensions devenaient grandes. L'idée de la mort après être simplement traversée de l'autre côté commençait à germer dans son esprit. Après s'être exilée elle-même de la sorte, cette éventualité avait de quoi faire encore plus peur. Malgré son contrôle et tous ses efforts, elle eut au final un mouvement de panique où elle en hurla un bon coup avant de se protéger de ses bras et ses jambes, bien que ce n'était pas comme si cela allait faire une différence à cette vitesse. Elle ferma les yeux tout en continuant de se servir de sa maîtrise de l'air, jusqu'à ce qu'elle se sentit arrêter de bouger, en plus d'avoir entendu ce qui pouvait ressembler à une explosion. Elle eut peur d'ouvrir les yeux durant un moment, mais quand elle le fit, elle se rendit compte avec étonnement que non seulement elle se trouvait sur le plancher des vaches, mais qu'en plus elle était toujours en un seul morceau. Ce n'était après coup qu'elle se rendit compte de la présence du bouclier lumineux qui l'entourait. Il se dissipa lentement, et elle pouvait se sentir légèrement revigorée après avoir dépensé autant d'énergie à ralentir sa chute, bien que toute cette histoire de chute libre l'avait laissée un peu tremblante. Elle posa sa main sur sa broche d'où était venue cette magie en repensant à Sagesse qu'elle venait de laisser derrière, de même qu'à son expression paniquée quand il tenta de la rattraper. La chose qu'elle craignait le plus était qu'il la suive ici, mais il était suffisamment posé pour éviter de faire une telle chose, du moins elle l'espérait.

Elle s'agenouille pour prendre une poignée de terre dans sa main et la regarder s'écouler entre ses doigts. Elle poussa un soupir en constatant à quel point cet endroit était désolé. Elle avait pu sentir la souffrance des humains, mais de toute évidence elle avait sous-estimé l'ampleur des dégâts. Très peu de fluides circulaient ici, une quantité infime par rapport à ce qui se trouvait chez elle, c'était à peine suffisant pour permettre la vie. La pire des guerres de l'humanité n'aura pas été sans conséquences tout aussi graves après tout. À quel point la vie avait dû être difficile pour les mortels de ce monde? Il était difficile d'en imaginer l'ampleur exactement, raison de plus pour avoir désobéi. Elle avait peut-être rompu un voeu par rapport aux siens, mais elle avait conservé celui par rapport à son devoir en tant que vertu, et le referait probablement si jamais ce serait à recommencer, bien qu'il était peut-être trop tôt pour décider de cela.

Elle sortit enfin du cratère et leva la tête au ciel pour voir que les plumes qui constituaient autrefois ses ailes continuaient à tomber. Ce qui restait de celles-ci étaient demeurés au font du trou qu'elle avait laissé derrière elle. Elle scruta les alentours, mais il semblerait qu'elle soit tombée au milieu de nulle part. Sans aucune carte ni moyen de savoir où elle se trouvait au juste, difficile de trouver la trace d'une ville ou d'un village quelconque, bien qu'avec un peu de concentration, elle saurait sans doute en trouver un. Une idée lui traversa la tête quand elle retourna dans le cratère pour se saisir de quelques plumes. Il y avait toujours quelque chose d'utile à faire avec celles-ci, la broche qu'elle portait et qui venait tout juste de lui sauver la vie en était un exemple. Avait-il eu une idée de ce qui allait se produire? À voir son expression, il devait avoir au moins espéré qu'elle n'allait pas le faire aussi vite. Alors qu'elle se trouvait toujours dans son trou, elle entendit un bourdonnement étrange approcher en sa direction. Elle se releva tout en tendant la main vers l'avant. Elle se trouvait au moins toujours capable d'appeler ses armes à elle au moins. Rapière en main, bien qu'elle se trouvait toujours dans son fourreau, elle en sortit pour regarder à l'horizon. Quelque chose s'approchait d'elle à vive allure, mais relevait trop de poussière pour arriver à bien discerner ce qui s'approchait d'elle. Elle posa sa main au-dessus de ses yeux pour les protéger du soleil. Elle n'avait jamais vu ce genre de monture auparavant, mais un être vivant se trouvait dessus, l'un des mortels de ce monde. Elle fit signe de la main quand elle l'aperçut, il semblait l'avoir vu.

Le début de son voyage de retour se résumait à penser aux mille et une façons de se débarrasser de l’ancienne planque de New Vegas et aux endroits qui pourraient être dignes d’un mécano comme lui et moins fièrement, un dealer comme lui. Brûler avec de l’essence n’était pas une mauvaise idée, le C4 aussi. Il avait pensé aussi à des feux d’artifice, mais avant, il fallait qu’il en trouve. En plus de foutre en feu, ça fait un joli spectacle coloré. Tout le monde aime les feux d’artifice de toute manière. Leigh riait déjà de ses anciens compagnons, il les voyait déjà revenir à New Vegas après leur petite escapade en Floride et voir leur QG n’être que des ruines… s’ils revenaient. Les cheveux au vent, il continua sa route, fier de sa future vengeance sur ces Judas. Ses rêveries s’arrêtèrent brusquement lorsqu’il boule lumineuse déchira le ciel au-dessus de lui. Il freina et la regarda tomber pas trop loin de lui, deux ou trois kilomètres maximum selon ses calculs. Quelques secondes après l’impact, il sentit l’onde de choc, un vent plus ou moins fort. Il regarda l’horizon et tourna son volant en direction du cratère, pensant que finalement ce jour était son jour de chance.

Et si c’était un satellite d’avant-guerre? Il pourrait prendre les morceaux qui n’étaient pas trop endommagés et les bricoler un peu. Ou un météore? Les métaux que ces trucs contenaient pouvaient valoir un tas de pognons. Le moteur à fond, il se dirigea le plus rapidement possible en direction de l’objet céleste en sifflant « Wish Upon A Star » pour son plaisir, pour une fois qu’un de ses vers d’oreille était approprié pour la situation. Il espérait être le premier sur les lieux, il ne voulait pas se battre pour l’exclusivité de ce don du ciel. Cela ne prit qu’une dizaine de minutes hors route pour se rendre au cratère et fut surpris de voir l’état des lieux. Il avança à vitesse moindre et s’arrêta à une dizaine de mètres du point d’impact. Des plumes blanches tombèrent du ciel et en attrapa une en vol, l’observa et la lâcha pour qu’elle s’envole au vent. À son grand étonnement, le cratère ne contenait pas ce qu’il espérait.

Devant lui se trouvait quelqu’un. Homme ou femme, il ne pouvait pas le dire à cette distance, mais cette personne lui envoyait maintenant la main. Il resta figé quelques instants avant de réaliser que son visage n’était pas caché. Rapidement, il mit son capuchon et son masque, obscurcissant son visage inhumain, avec le faible espoir que la personne ne l’avait pas vu. Le cyborg quitta le siège de son véhicule et plaça sa main près de la crosse de son revolver et s’approcha lentement de l’humanoïde. Cette personne était habillée d’une manière étrange, voire exotique pour le coin, hors de ce monde. Il était dur de savoir le sexe de cette personne en analysant seulement son visage, mais en observant attentivement le corps au complet, les courbes, les épaules, la faible poitrine et le bassin, Leigh conclut qu’il y avait de grandes chances que ce drôle d’oiseau était une jeune fille. Une jeune fille dont la nature avait été égoïste envers elle. Il regarda par-dessus l’épaule de cette personne et vit d’autres plumes dans le trou derrière elle. Confus, il sauta dedans et en pris une poignée dans ses mains et les montra à la jeune fille.

«Chere’s ach chird oh chmelt cher? » (Y’a un oiseau qui est tombé ici?)

Il regarda le ciel et ne vit qu’un ciel vide de nuage et un soleil aveuglant et épuisant. Leigh grimpa hors du cratère et mit les plumes dans les mains de la jeune fille. Il avait baissé sa garde, si elle était hostile, elle l’aurait déjà attaqué.

« Atches chtappen? Chu kay? » (Qu’est-ce qui est arrivé? T’es okay?)

Leigh était déçu, extrêmement déçu. Il n’y avait ni satellite ni météore. Qu’une jeune fille qui était habillée comme si elle sortait d’une foire de la renaissance et des plumes blanches et salies par la poussière. Bah, peut-être qu’elle avait trouvé ses vêtements là, avec cette époque de consommation et non de fabrication, il pouvait être difficile de trouver des vêtements. Comme le vieux dicton le dit; à cheval donné, on ne regarde pas la bride.

« Oh char chu, hamyvay? » (Qui es-tu, de toute manière?)

Si ce drôle de personnage semblait être intéressé par le cratère que Kindness venait de laisser derrière, elle s'approcha cependant de l'étrange monture sur laquelle il est venu. Elle s'en approcha lentement et, du bout du pied, tapota l'un des pneus. Elle s'étonna qu'il n'y eut pas de réaction. Un attelage sur lequel il s'était installé? Il n'y avait rien pour le tirer, alors cette option était barrée d'office. Un animal qu'elle n'avait jamais vu auparavant? Son manque de réaction semblait lui indiquer le contraire. Ce n'était pas vivant, et pourtant ça bougeait tout seul? L'activait-il par magie? Une drôle d'odeur peu agréable en émanait en tout cas. Elle préféra s'en éloigner un peu pour l'instant, comme elle ne savait rien de cette chose, et surtout si elle pouvait être dangereuse. Elle se retourna vers cette étrange personne quand il lui posa une question par rapport aux plumes. Elle fronça l'un de ses sourcils et pencha la tête sur le côté quand il se mit à parler. Ce n'était pas qu'elle comprenait ce langage, elle pouvait comprendre tous les langages en théorie, elle ne s'attendait tout simplement au fait qu'il ait autant de mal à s'exprimer. Elle se gratta la tempe en tentant de déchiffrer ce qu'il tentait de dire, et se trouvait franchement un peu déboussolée. Ses yeux s'illuminèrent quand il posa les plumes dans sa main, pensant comprendre ce qu'il voulait dire. De par son ton interrogatif, elle pensait qu'il demandait ce qu'étaient ces plumes au juste.

-Ah, ces plumes tu veux dire? Je vois pas de problème à ce que tu en gardes quelques-unes.

Tout son corps pencha un peu vers l'avant quand elle tenta une fois de plus de comprendre ce qu'il tentait de baragouiner, les bras ballants qui se balançaient quelque peu. Elle tenta de regarder autour pour voir ce à quoi il voulait en venir, mais rien à faire. Elle réfléchit en portant sa main tenant sa rapière bien emballée dans son fourreau à son front, tapotant légèrement le bout de la garde contre son front. Elle finit par mettre l'épée à sa ceinture en expirant par le nez d'une moue un peu embêtée du fait qu'elle n'arrivait pas à comprendre. Elle tapotait du pied la joue légèrement gonflée sur le coin de la bouche tandis qu'elle trouvait de quoi répondre. Au moins il y avait à espérer qu'il parvienne à la comprendre.

-Je suis vraiment désolée, j'arrive pas à comprendre ce que tu essaies de dire. Ce serait pas plus facile de parler si tu enlevais ce drôle de masque?

Il semblait attaché à cet objet, mais cela valait au moins le coup d'essayer à lui demander. La main étendue sur le front, elle se retourna pour regarder une fois de plus aux environs. Il n'y avait aucune ville à l'horizon, c'était à présent une certitude. Dommage qu'elle ne connaissait pas très bien la géographie des lieux depuis que ce monde avait été détruit, et puis même si c'était le cas, tout se ressemblait tellement, soit de la poussière partout. Cette pensée lui rappela qu'elle en avait quelque peu sur ses vêtements et donna quelques coups dessus pour la faire tomber.

-Où je suis d'abord? Dites, ce serait possible de me pointer en direction du village le plus proche? Ça me rendrait vraiment service. Oh, c'est vrai, on m'appelle Bienveillance, et vous êtes?

Presque en geste de réflexe, elle tendit la main en attendant qu'il la lui serre après avoir rangé les plumes qu'il avait déposé dans sa main. C'était à peu près ainsi que les gens se présentaient et se saluaient ici après tout. Geste étrange que de se serrer la main, mais elle n'était pas ici pour juger. Avec le geste venait en prime un sourire qui avait de quoi faire subitement donner chaud à bien des gens.

Ça le frustrait quand les autres ne comprenaient pas quand il parlait au travers de son masque, pourtant il n’était pas si difficile à comprendre, non? Certes le masque à gaz n’était pas le truc qui était le plus facile de parler au travers et il savait que certains mots étaient plus furs à comprendre, mais tout le monde réagissait comme s’il parlait une autre langue. Ça devait être son accent du nord qui devait rendre les gens perplexes, pensait-il. Malgré toutes ces années hors du territoire canadien, il ne l’avait pas perdu. Et non! Il ne voulait pas ces plumes! Des plumes, il ne pouvait pas vendre cela. À moins qu’elles vinssent d’un poulet de l’espace, mais il avait un pépin avec cette théorie… est-ce que les poulets de l’espace existent-ils vraiment? Et si, comment le prouver? Il y a plus de chance que cela termine en débat métaphysique à propos de l’existence du poulet de l’espace et les liens qui uni l’Être, l’univers et le poulet de l’espace. La philosophie et la théologie, ce n’était pas son fort et tenait bien à y rester loin, les questions comme telles que «Le vide est-il faut de rien ?» lui faisait royalement peur. Un frisson parcouru sa colonne à la simple idée de cette question. Il allait laisser le domaine de la philosophie aux freaks de Takixa et de Sanitaville, ces mecs étaient du genre à aimer ce genre de questions et d’avoir des savoirs inutiles.

Il soupira, il semblait que la seule chose qui allait pouvoir vendre à Vegas était la drogue qui lui restait. Ce n’était pas un problème, cela allait générer un joli revenu, mais il aurait aimé découvrir quelque chose. Pour la vendre et pour tout simplement un sentiment d’accomplissement. Tout ce qui avait devant lui n’était que des plumes et une jeune fille étrange. En l’observant, il pensa qu’elle n’était pas l’aide et semblait être en bonne santé, peut-être que les esclavagistes de New Vegas seraient intéressés par elle. Elle valait au moins une belle petite somme. Elle paraissait assez nunuche pour accepter de le suivre. Cette idée fut rapidement éliminée de son esprit, oui il aurait pu se faire un peu d’argent, mais en réalité les esclavagistes l’apeuraient autant que les questions soi-disant existentielles. Devoir faire des affaires pour de la drogue avec eut étaient déjà stressant. Imaginer faire des affaires pour une vie humaine aurait été dix fois pire. Puis la jeune fille lui demanda d’enlever son masque, par réflexe il mit sa main dessus pour être certain qu’elle ne le toucherait pas et fit de rapide non de la tête nerveux. Il n’allait pas enlever son masque. Il était assez défiguré pour faire pleurer des enfants alors, il ne tenait pas à effrayer une nana comme elle, surtout qu’elle avait de jolies lames avec elle.

Il recula d’un pas lorsqu’elle lui demanda où elle était et s’il avait un village dans le coin. Elle ne semblait vraiment pas être de ce monde, elle était peut-être une démente qui s’est retrouvée au beau milieu du désert, une démente dangereuse qui se pensait être dans un monde médiévale fantastique à juger par ses habits. Il hésita, il voulait partir tout de suite, ne pas prendre de chance. Il voulait crever, mais pas aux mains d’une psychopathe qui se croyait à Azeroth et qui en plus portait le nom d’une des vertus de la bible. Mais elle lui tendit sa main et lui sourit, il ne pouvait résister à un sourire comme ça et puis… peut-être qu’elle n’était qu’une personne qui avait besoin d’aide. Il lui serra la main et baissa la tête, il prit sa masque et le souleva un peu, assez pour voir le début de sa mâchoire mais pas assez pour remarquer les détails. Il faisait cela de temps pour être certain qu’on le comprenne.

«Leigh…»

Et il replaça son masque correctement aussitôt qu’il avait terminé de dire son nom. Il tourna dos à la jeune fille et marcha en direction de son véhicule tout-terrain, il fit signe à Bienveillance de le suivre. Il prit place à son siège et enleva son masque en tournant la tête en direction contraire de la fille.

«Il y a New Vegas à l’ouest, c’est là que je vais… Si tu veux que je t’y emmène… c’est maintenant ou jamais, je pars»

Dit-il tout en démarrant son véhicule. L’effet d’urgence aurait été bien réussi si le moteur ne s’était pas mis à ronronner puis s’arrêta net, et cela, plusieurs fois suite aux tentatives du cyborg de le démarrer. Ignorant maintenant l’étrange piaf à côté de lui, il sauta hors de son siège et alla regarder le moteur et vit de la fumée le quitter. Il s’en foutait maintenant un peu qu’elle voie son visage ou non, il y avait matière plus urgente en ce moment. Son moteur venait de lâcher et il était au beau milieu du désert avec aucun outil à sa disposition. Ça n’aurait pas été un si gros problème si les autres mecs n’avaient pas piqué son sac à outil.

« NON! NON! NON! PUTAIN! PAS MAINTENANT!! Cria-t-il en se tenant la tête entre les mains. C’est pas le moment de chier là!»

Il soupira, finalement la journée ne faisait que s’empirer. Quoique s’il retournait vers la route, il trouverait peut-être une vieille station d’essence ou un garage avec des outils. Il regarda vers l’horizon, à traîner son VTT, cela prendrait une bonne heure avant qu’il puisse atteindre la route. Il était foutu.