Road trip, épisode 1 : un pompier pas pyromane

Toby n’avait jamais été une grande fanatique des voyages en véhicule. Elle les trouvait barbants, cette drôle d’impression que le temps passait plus lentement la hantait toujours lorsqu’elle était assise sur le siège d’une voiture. C’était le résultat contraire lorsqu’elle vaguait dans le désert californien à pieds. Au moins, elle avait le temps d’apprécier le paysage.

La dernière fois qu’elle avait conduit, elle-même était il y a quelques années. Il était aussi difficile de définir ce qu’elle avait fait de « conduire ». Elle traquait un esclave en fuite qui l’avait fait voyagé à dans tous les coins de la Californie. En dernier recours, la chasseuse avait embusqué tous simplement l’esclave en le forçant à faire une collision sur le côté avec son véhicule. Certes, l’esclave avait perdu un œil dans le processus à cause d’éclat de verre et Toby avait eu des maux de cou pendant plusieurs semaines, mais elle considérait cette traque comme la meilleure de sa vie. Elle n’aurait jamais eu Jeb sans cette mission.

Au début du voyage, Toby avait tenté de commencer des conversations avec son partenaire du moment, lui-même une seconde complète pour lui répondre! La seule chose qui répondit était le bourdonnement du moteur. Elle croisa donc les bras et ne fit qu’observer le désert qui défilait. Ce mec n’avait même pas de radio pour mettre un peu de boogie, qu’un CB pour la communication… et il n’était pas le meilleur dans ce domaine.

Toby remarqua rapidement les oiseaux, en même temps c’était la seule chose qu’elle pouvait faire. Étant une habituée du désert, il était évident qu’il y avait un corps dans le coin. Animal ou humain, il valait toujours la peine de faire une petite investigation.

La psychopathe prépara quand même son pistolet. On ne savait jamais si le tueur était encore près de la victime ou si un animal opportuniste (ou même une personne) y défendait son lunch. Elle fut soulagée de ne voir que des corps, seuls. Quoiqu’elle n’aurait pas refusé un peu d’action. Elle descendit du véhicule et en profita pour s’étirer, laissant échapper un soupire satisfait. Elle alla voir le corps de l’animal en premier et lui donna des petits coups au bide pour juger la décomposition. Si la mort était récente, l’abdomen allait être un peu plus dur. Surtout qu’une grosse bête comme un cheval ou un américain typique de l’avant-guerre avait tendance assez rapidement à s’effondre sur son propre poids et fluide. Puis Khaled parla enfin.

- AH! Tu m’as fait peur! J’avais presque oublié ta voix! Elle fit semblant de souffler de soulagement, il ne se prend pas un peu trop comme un bucheron ton nain? Il doit avoir des couilles assez énormes pour qu’elles trainent à terre de faire ça si près des Sables… Il agit seul généralement?

De toute manière, rien ne servait à essayer de trouver des traces de couilles qui trainaient au sol, des traces de sang servaient de piste à la place. Bien qu’il était logique que la première vérification que Toby fit avant de les suivre fût de regarder s’il y avait des traces de pas humanoïdes plus ou moins fraiches autour de la piste.

Toby était face à un A-MA-TEUR. L'art de tué et de caché le cadavre n'était pas si complexe! D'accord, arracher la vie était actuellement hyper facile. Par contre, camoufler son méfait ne l'était pas. Cependant, si on faisait une moyenne des difficultés, c'était pas si pire. Toby se pensait une génie en math après tout. Ses livres de comptes étaient toujours à jour et bien comptés.

Le nain se cachait dans un trou de coyote et il y avait un truc qu'elle savait... un nain dans un trou avait l'avantage et elle n'allait certainement pas rentrer dedans. Elle regarda Khaled, ignorant s'il savait bien vivre dans le désert et affirma.

- Ce genre de nid n'a rarement qu'une entrée. Dommage que je n'ai pas plus de feu, boucher une entrée et commencer un feu dans l'autre, ça tue toutes les bêtes. Même un nain dans un trou. Trouvons l'autre quand même, on va bien trouver un moyen de le faire sortir.

Elle regarda et sol et arracha de vieilles herbes sèches et les secoua au visage de l'autre chasseur.

- T'as du feu mon beau barbu?

Toby ne pouvait complimenter la qualité des putes du Wasteland, n’ayant jamais testé le produit elle-même. Elle était beaucoup plus habituée à chasser celles qui avaient assez de jugeote pour fuir le monde du trafic humain. Même si le mode de vie semblait hyper merdique aux yeux de la chasseuse de prime, elle ne le jugeait pas. Ces nanas n’avaient qu’à être plus prudentes lors de leur prochaine vie et ne pas se faire prendre par des esclavagistes ou devenir accros à toutes les merdes qu’on trouvait dans les rues.

Toby prit le Zippo de Khaled et l’ouvrit d’un mouvement rapide du poignet et testa la mèche. Bien que ce mouvement « m’as-tu-vu » n’était pas nécessairement pour opérer un outil aussi simple, il y avait un sentiment de satisfaction qui chatouillait la colonne lorsqu’il était fait, le clic de la came n’était que la cerise sur le sunday.

Elle fit un signe à Khaled de rester près trou.

- Comme cela, s’il lui reste deux ou trois neurones, il va sortir avant de s’étouffer et ensuite bang!

Avec son herbe sèche, Toby parti à la recherche de la seconde entrée ou du moins un trou pour y allumer un feu et boucher la sortie. Il était important que la première entrée ne soit pas bouchée, tout comme le nain, le feu devait respirer et Toby se considérait comme une experte en « foutre les trucs en feu ».