26 pattes en marche

Les araignées savaient où elles s'en allaient et redonner le clone ne semblait pas être une option. Elles avaient une idée derrière la tête, bien que celle qui était restée avec Mu' fut tout aussi désorientée que l'extraterrestre, mais elle suivait. Ayant passé par le sud, le feu s'était vite éteint au bout de quelques kilomètres, étant plus l'ennemi du vent que son ami, comparativement au nord.

À l'aube, elles arrivèrent à une chaine de montagnes, les arachnides les connaissaient bien puisqu'elles naviguaient entre les crevasses sans problèmes. Une trentaine de minutes plus tard, les araignées arrêtèrent devant une falaise. Au pied, un tas de roche d'à peu très 5 mètres. Une des araignées l'escalada et fit débouler quelques roches. Elle se tourna, levant les pattes, demandant de l'aide de ses comparses

Bon d'accord l'alien ne s'attendait pas à se faire comprendre par paroles. Si au moins elles pouvaient la mettre au courant de ce qui se passait ici, ce serait apprécié. Dans tous les cas, si elles prenaient le clone pour une friandise pour plus tard, elles seraient déçues comme il y avait peu de chances qu'elle soit vraiment comestible. Enfin dans son cas, elle se contentait de suivre le groupe et de surveiller la situation. À les regarder aller, elles connaissaient bien la région, possible qu'elles s'étaient mises en route en direction d'un ancien nid. maintenant que Brimstone avait fait brûler le leur. Occasionnellement, elle avait un peu de mal à suivre au rythme des arachnides, mis à part peut-être de celle qui se faisait déjà épuisée. On ne lui ferait pas confiance pour transporter rien ni personne, et pourtant elle était celle du lot capable de porter les plus grosses charges. Avec tout ce qui s'était produit, elle pouvait tout de même s'attendre à un peu plus de confiance.

En grimpant, elle entendit un tas de gravats débouler dans leur direction. Avec sa télékinésie, elle s'efforça de dévier les plus petits sur leur trajectoire. Eh bien, si elles voulaient un coup de main, ou de queue plus précisément, le long corps de l'alien pouvait faire un pont improvisé, à condition de lui faire assez confiance pour. Ce n'était pas comme si elles n'avaient pas un otage après tout. Elles avaient prit quelques leçons du fusion pendant leur altercation on dirait bien.

Pont improvisé? Inutile. Les araignées savaient ce qu'elles faisaient, elles creusaient pour une raison. Même celle qui était confuse au début creusait avec ses comparses. Au bout de quelques minutes, sur la paroi de la falaise, une entrée d'une caverne se découvrit. Elle semblait vide, même pas une chauve-souris ne s'enfuit en voyant la lumière du jour passer au travers du trou. Les araignées firent une ouverture assez grosse pour y faire passer Mu'. Elles attendaient que l'alien prenne les devants.

En rentrant dans la caverne, le l'alien-serpent découvrit que finalement, l'endroit n'était pas si petit que ça. Bien que la caverne soit naturelle, elle se rendit compte qu'elle avait été en partie creusée pour y être agrandit. La caverne semblait être vide, jusqu'au moment où Mu' découvrit une fissure haute d'un de cinq mètre et large de trois. Cela semblait être la continuation de la caverne. Quant aux araignées, elles avaient décidée de rester à l'extérieur avec leur otage.

En explorant la grotte, l’alien remarqua que la grotte continuait vers le bas et plus qu’elle avançait, plus la grotte devenait de plus en plus fraiche. Pourtant, cette fraicheur devrait attirer les animaux, créer un écosystème diversifié. Quelques goûtes d’eau, condensée sur des stalagmites, dégoulinèrent sur le corps serpentin de Mu’.

Les minutes passèrent et elle le tintamarre d’une rivière sous-terraine se fit entendre. Il suffisait de la suivre, Mu’ malgré ses sens surdéveloppé, n’avait pas le sens de l’orientation sous-terrain et commençait à être un peu désorientée. En avançant, toujours en suivant la rivière sous-terraine, elle entendit de profond et grave ronflement au loin, le premier signe de vie dans cette grotte.

Quant au clone, la dernière chose qu’elle se souvenait, c’est que les araignées s’étaient éloignée de l’entrée pour se trouver un coin d’ombre.

Se déplacer silencieusement était facile lorsqu’on est un serpent… Un petit serpent par contre. Rampant, elle déplaça plusieurs rochers qui en frappèrent d’autres, créant ainsi une réaction en chaîne et un énorme brouhaha. Le terrain n’était clairement pas de son côté et elle n’entendait plus les échos des ronflements, ni celui de la rivière souterraine, peut-être avait-elle été du mauvais côté? C’est ce qu’elle pensait puisqu’elle ne sentit pas sa présence… mais la présence de trois créatures qui s’approchèrent de plus en plus rapidement d’elle… et elle sentit l’odeur de viande cuite. Malgré l’écho de leur voix, elle les trouva très nasales.



" Bordel, nous avons eu de la chance de trouver du jambon. "
" Le faire cuire avec le pot d’échappement, c’était pas une idée conne Ducon. "
" Merci, merci bien. Faut bien qu’un d’entre nous soit intelligent. "
" Ha-ha-ha, m’ouais. Au fait, pourquoi cette caverne? "
" Bah, pour un pique-nique. J’ai entendu dire qu’il y avait une rivière souterraine dans le coin. On pourra nager après! "
" Oui, mais il fait noir. "
" C’est raciste, on dit Afro-Américain, pas noir. "
" Et puis, j’sais pas nager! "

Les trois présences s’arrêtèrent derrière Mu’ et parlèrent en chuchotant, comme si elle n’était pas là. Mu’ boguait totalement.

" Merde, c’est quoi ça? "
" J’sais pas, soyons discrets… "

Comme tirer d’un cartoon, ils se déplacèrent sur le bout des orteils, se disant une dizaine de fois de se la fermer et de soufflant sur le doigt en disant chut. L’obstacle passé, ils se mirent de nouveau à rigoler, s’envoyer chier et parler de tout et de rien, leur voix disparaissant au loin. L’extraterrestre resta figée quelques minutes essayant de comprendre ce qui venait de se passer. Ce qui la réveilla vu un souffle beaucoup trop chaud derrière sa tête. Dans quoi était-elle tombée?

Les trois idiots allaient avoir tout un spectacle. En bondissant vers l’avant, Mu’ sentit derrière elle un jet de chaleur et au loin un “Oh la belle orangée”. Elle sentait les rochers brûlants et chauds qui étaient maintenant en face d’elle en ce tournant. Sûrement rougie par la chaleur, elle renifla l’odeur distincte de minéraux fondus. Elle avait bien fait de faire ce bon, ce brasier l’aurait transformé au jambon bien cuit. Ce qui se trouvait devant elle, elle pensait savoir ce que c’était. Elle avait entendu parler d’une créature rare et puissante sur cette planète, bien qu’il y avait pire que ce truc. Lézard géant marchant à quatre pattes et extrêmement territorial, les drakes étaient des légendes vivantes. Ces animaux étaient capables de cracher des jets de flammes très puissants, bien qu’ils évitent de l’utiliser trop souvent, prenant un certain temps à recharger.

Ces araignées essayaient de prendre le territoire d’une créature qui l’occupait depuis des années. Cela laissa un goût amer dans la bouche de l’alien… ou était-ce le plasma? (Elle entendit aussi un "oh la jolie bleue") Elle ne put trop philosopher sur cette question, ce n’était pas de l’espoir qu’elle allait survivre cette rencontre. Son plan de l’aveugler ne fonctionna pas, après tout le drake venait de cracher un jet de flamme beaucoup plus lumineux que la lueur que son plasma dans sa gueule. Elle reçut en réponse un coup de patte dans la gueule, l’envoyant balader plusieurs mètres plus loin et rentrant totalement le clou dans sa mâchoire. Frappant la paroi de la caverne, elle fit quelque roulade sur le côté et se remit sur le ventre difficilement, le drake à une vingtaine de mètres d’elle, il la cherchait par l’odeur, sa langue goûtant l’air.

Encore et toujours l’espoir, après tout c’est surtout ça qui lui restait. Déconcentrée à cause de la douleur et l’affreux mal de tête qu’elle avait, elle réussit à soulever le rocher avec difficulté, mais ne réussira pas à l’envoyé bien loin, un peu derrière le drake. Le lézard se tourna, il n’avait pas senti le rocher, mais l’avait vu et surtout, entendu. Au grand malheur, le drake n’était pas un chien et au lieu d’aller voir le rocher, il tourna sa tête en direction de Mu’, sortant sa langue. Deux secondes plus tard, elle entendit les lourds pas de la créature foncer sur elle, sifflant de colère.

Dans son élan et aveuglé par la colère, le drake remarqua trop tard que le serpent avait pris ses jambes à son cou (ou pas, cela dépend du premier ou second degré). Alors que Mu’ déjà pris de l’avance, le lézard fonça sur la paroie de la caverne, donna un coup de flanc. Un peu sonné, il réalisa que sa proie avait pris la poudre d’escampette et rugit de colère, prenant un sprint vers l’extraterrestre.

Revenant sur ses pas (ou rampements?), elle passa par le trou que les araignées lui avaient faites et retrouva les araignées qui se situaient sur une paroie à une centaine de mètres de l’entrée. Mu’ eut cependant une surprise, en essayant de reprendre contacte avec son clone, elle découvrit qu’il était pris dans un cocon, similaire à ceux qui contenaient les proies dans le garage. Les araignées, en voyant Mu’ revenir, furent confuses mais, voyant au loin le drake qui avait réussit à monter le tas de gravas et à essayer de se creuser une voie vers l’extérieur, changea tout de suite leur comportement en mode défensif, levant les pattes, hissant à l’alien.

Les animaux restent des animaux. Qu’ils aient du poil, des écailles ou un exosquelette, ils survivent en prenant les opportunités qui se présentent. Alors que l’alien les croyaient semi-intelligentes, elle découvrit très rapidement qu’elles étaient en fait que de petites opportunistes. Un truc serpentin qui ne semblait pas être agressive envers eux et qui en plus vient avec un truc humanoïde, leur repas préféré, autant en profiter! Les araignées semblaient beaucoup moins réceptives à idée. La plus grosse ne fit que jeter un jet de toile collante entre elle et Mu’, une sorte de bouclier. Elle avait plus ou moins piquer l’idée de Mu’... pour protéger leur perchoir. Au loin, le drake creusait toujours, elle avait encore un peu de temps pour changer de plan.

Le jeu semblait surtout être de l'intimidation, or au premier signe de confrontation, il fallait s'attendre à ce qu'elles préfèrent la retraite. Mu' n'avait ni le temps, ni l'énergie d'aller chercher son clone en risquant de se battre avec les arthropodes. Il y avait bien un dernier tour qu'elle pouvait tenter, et c'était d'atteindre ce dernier par télépathie. Elle n'allait pas la faire se dégager par force brute, Brimstone l'avait bien démontré que leur toile était beaucoup trop forte pour cela. Il y avait par contre un autre moyen. Avec le lien privilégié entre les deux, il y avait peut-être une mince chance d'en prendre contrôle même à travers une perte de conscience, un peu comme une marionnette. De la même façon dont elle pouvait cracher du plasma, le clone en était capable par ses ongles en petites quantités. Mettre le feu au cocon était une solution un peu extrême, mais vu la situation, il y avait peu d'autres idées qui lui venait en tête. Au moins elle pouvait être contente de toujours avoir sa combinaison environnementale pour protéger le reste de son corps. Elle pouvait être en colère contre ces araignées, elle avait toujours une certaine éthique, et les laisser manger le clone pourrait les rendre extrêmement malades, voire même les tuer elles ou leurs petits, ou tout bonnement se montrer immangeable et se rendre compte qu'elles avaient fait cela pour rien.

Avec la drake qui approchait, si la clone se défaisait de ses liens, il y avait fort à parier qu'elles allaient préférer s'enfuir que de tenter de reprendre leur butin par la force. C'était clair en tout cas qu'elles n'avaient aucunement l'intention de l'aider à tuer le lézard géant, et tout ce stratagème n'était qu'un moyen de l'occuper ou la tuer. Elle se serait doutée du subterfuge si elle s'était doutée qu'elles étaient capables de penser aussi loin. Elle avait tenté de reprendre ce qui lui appartenait en appelant à leur meilleure nature, mais il devenait évident que c'était peine perdue à moins de les acculer un peu. Leur perchoir allait se retourner contre elles avec la drake qui sait cracher du feu, mais ça elles ne semblaient pas y avoir pensé, ou alors se dépêcheraient de fuir dès qu'elle approcherait.

Il ne fallait pas avoir un bac en zoologie pour comprendre la stratégie des araignées, ni même du drake. Les deux étaient poussés par un désir de survivre et de se reproduire. Mu’, quant a elle, était tellement habitués à la masturbation mentale de son espèce qu’elle en avait même oblié le début plus modeste de ses ancêtres. Les araignées voulaient manger et faire des bébés. Assez difficile quand il n’y avait pas de mâle dans le coin mais, les bébés sont là. Le drake voulait manger et sûrement faire des bébés, difficile à dire. Intimidation ou non, Mu’ n’avait pas le temps de théoriser ni de s’inquièter des animaux qui l’entrouraient, elle était entre un gros rocher (ici une falaise à l’ombre des des arachnides frustrée) et une place assez dure (ici un drake frustré, affamé et sûrement en grand manque de shagging puisqu’il/elle hibernait).

La première action de l’alien fut utile. Libérer son clône grâce au plasma de ses ongles fut un jeu d’enfant, la chaleur du plasma étant trop élévée pour brûler le coccon, les fils ne purent que se ratatiner et dégager une odeur nauséabonde alors que leur humidité s’évaporait automatiquement. Le problème fut surtout la hauteur de sa chute, le clone tomba d’environ 6-7 mètre, tombant sur son bras droit. Ça Mu’ l’avait senti mais se considéra chanceuse de ne pas avoir tombé sur le cou ou la colonne. Les araignées étaient trop focussées sur le serpent et l’entrée de la porte pour remarquer leur repas s’enfuir. Se relevant douloureusement, Mu’ remarqua que le poignet droit du clone était dans un angle anormal. Autours d’elle, elle vit la lance et le contenant d’eau, vide et troué.

Au moins, le drake avait réussit à sortir sa tête de la crevace et venait de remarquer les araignées. Au rugissement qu’il venait de faire, il semblait les reconnaître, des ennemies de longue date. Le combat entre ces animaux auraient été magnifique à regarder mais Mu’ pouvait prendre l’occasion prendre la poudre d’escampette.

Se relever n’était pas un problème pour le clone, la lance donnant quand même un bon support. Le plus difficile était de quitter discrèteme… Et puis merde, pourquoi fallait-elle qu’elle perde cette opportunité de quitter les lieux sans plus de dommage? Mu’ avait un trop grand cœur… ou plusieurs petits cœurs? L’anatomie alien pouvait être un grand casse-tête, cela expliquait le temps d’attente dans les hôpitaux de la fédération. Ou sinon, c’était simplement des hormones qui la poussait à aider ces araignées ou le désir d’avoir elle aussi, autant de pattes que celles-ci (ou du moins la moitié, elle ne serait pas obligée de se faire un clone).

La sortie du drake se fait avec un éboulement de centaine de rocher, le corps du lézard bloquant la barricade qui le séparait de la noirceur de la grotte et la chaleur cuisante du soleil. Glissant sur le ventre sur ce qui restait de la pile de rocher pour rejoindre le sable. Donnant un coup de queue au sol pour se donner un élan, il fonça en direction des araignées sans réfléchir. Deux araignées optèrent pour la fuite mais une plus téméraire ne fit que se mettre hors de son chemin et sauta sur son dos pour chevaucher le lézard gigantesque. Ce que l’araignée ne put prévoir fut la réaction du drake qui se jetta sur le côté. Mu’ entendit un énorme bruit de craquement et les rugissements du drake.

Utilisant le clone, Mu’ vit le drak se relever. Son corps était couvert de cicatrice de ses anciennes batailles, ses écailles vertes militaires était plus surélevée là où les blessures plus profondes s’y trouvait . Ses petits yeux étaient ambrés et sur le côté de la tête. Sur ses côtes, les restes écrasée de l’araignée laissaient échappé un petit nuage acide, brûlant un peu la peau du drake. Une patte de l’araignée écrasée tomba sur le sol. Le drake tourna la tête, cherchant sa prochaine cible. Tout comme Mu’, sa vision n’était pas son poing fort. Durant ce chaos, les araignées semblaient avoir disparue, préparant sûrement leur assaut. Elles n’allaient sûrement pas abandonnée le cocon d’œufs qui était encore collé sur la parois, à l’ombre

Le cocon n’était pas collé bien haut sur la paroie, du moins pour l’alien. Un bon élan avec son corps serpentin, elle pouvait bien le faire sans télékinésie. Malgré sa gueule encore douloureuse de son nouveau piercing.

L’attention du drake se porta quelques instants sur Mu’, se souvenant sûrement qu’il y avait un autre reptile sur son territoire. Elle ne l’avait pas oublié mais elle avait d’autre chat à fouetter, une des araignées venait de lui cracher un jet visqueux d’acide sur la plaie de sa soeur avait créé en se sacrifiant. Le lézard géant rugissa, sa gueule énorme ouvrant et laissa échapper une lueur violacée de sa bouche. Lançant sa tête de droite à gauche, elle expulsa cette lueur de sa bouche en formant une arche. L’effet impressionnant, l’alien pu sentir la chaleur d’où elle était bien qu’elle était loins de la trajectoire de l’arche. L’araignée sauta de justesse de la portée de cette attaque infernale, bien que la chaleur semblait la laisser inconfortable.

Profitant de cette diversion, la seconde araignée en profita pour bondir sur le museau de la bête lui donnant des coups de crochet acidulé, tentant de percer son épaisse peau. Un étrange rodéo se produisait devant les yeux du clone de Mu’ mais ce qui la toucha le plus était le spectacle qui s'était passé quelques secondes auparavant. Un animal crude et inintelligent avait lui aussi développé un organe pouvant produire une chaleur au point de créer du plasma. Sortant de sa réalisation, Mu’ remarqua son ouverture. Le drake était occupé à se débarrasser de l’araignée sur sa gueule et l’autre tentait de la faire tomber en essayant de projeter un jet de toile sur les pattes de la bête. Sans grand succès, leur ennemi bougeant trop pour bien viser.