La merde blanche jusqu'au cou

Le vieux frotta sa barbe, incrédule.

-J'ai une barbe? Tu m'en apprends une bonne! J'ai vu des pyramides une fois. Il en avait une à "Parisse"... ou c'était Paris? Ooooh, on va l'appeler Lutèce. Moi les noms qui changent... C'est quoi ton p'tit nom ma belle? Atlantide? Ça ma rappelle l'histoire de mon pote Socrate qui parlait des histoires de son pote Platon. Ou le contraire. Mac haussa les épaules. Ce mec racontait beaucoup de merde, tu images. Il parlait d'histoire de caverne et tout et tout. Moi je me tenais surtout avec Dio, mon mec Diogène. HAHAHAHAHAHAHA. Ce mec était fou. Je me souviens une fois qu'il s'est battu avec mon chien pour un morceau de feta.

Et le vieux Mac se perdit de nouveau dans ses histoires, haussant les épaules, de plus il narratait ses propres actions qu'il faisait devant elle. Encore une fois, le cerveau d'Eleanor commença à lâcher. Limite la bave coulant sur le coin de la bouche. Encore des bribes de ses histoires arrivèrent aux oreilles d'Eleanor. Il y avait mention de mine de charbon, infirmière à Cologne, pigeon avec une patte à New Amsterdam, nana avec de gros melon... Bordel, il commençait à se répéter. Avec le dernier monologue, Eleanor venait de perdre une heure de sa vie qu'elle ne retrouvera jamais. Habituellement, elle chargerait pour son temps. Le pire, il n'y avait plus de join.

-Et maman m'a dit que je suis né vieux. HAHAHAHAHAHAHAAHAAHHAHAAH!

Sauf que le problème, ça ne dura pas une heure mais une demie-heure : Eleanor est défoncée et est avachie dans le canapé à faire la moue quand le joint sera terminé. Le mégot finira comme prévu dans sa poche, même défoncé elle sait que ce truc n'a pas été raffiné ou coupé. Bref du 100% naturel. Qu'est ce qu'elle a fait pendant la demie-heure après avoir trouvé une occasion d'en placer une ? Raconter sa life elle aussi.

"Il faut me comprendre, je suis l'une des femmes les plus puiiiissantes et influentes du Nevada et peu être de la côte Ouest aussi et je n'ai jamais le respect que l'on me doit. Pourtant quoi ? J'inspire à une petite vie tranquille, shopping, petite sortie mais quand je fais un truc, ça ne va jamais. A la Nouvelle Orléans, l'autre fois le Maire du lieu inaugure sa nouvelle statue et tu sais quoi le pire ? Il ne m'a même pas invité... Il ne m'as même pas offerte une plaque commémorative ce vieux con... Moi qui vient le voir chaque année pour lui apporter tout mon soutien ! Mais ça ce n'est rien, le pire c'est mon frère ! Ou mon fils... c'est compliqué et y a pas d'histoire de consanguinité, c'est mal ce truc ça donne des gosses tarés... Mais pour en revenir à mon frè-fi-Robert ! ça ira plus vite, ça me fait mal à mon petit cœur à chaque fois qu'il me voit comme un monstre. C'est à dire tout le temps. Ça doit être à cause de la photo de famille accroché au mur d'y à 25 ans avant que l'on se barre de Polis qui traîne dans la chambre de mon mari... Ça doit le toucher de me voir le tenir dans les bras telle une mère poule avant que je ne claque."

Est-elle triste ? Nan parce que.

"Putain qu'est ce que je déteste cette photo, je suis trop vieille dessus... Je devrais la retirer, ce n'est pas Joaquim, mon mari si tu as tout suivi, allait m'en empêcher avec ses tuyaux dans les nez et sa bave aux lèvres. Faut dire que la seule conversation que l'on a avec lui c'est les "bip-bip" de la machine à ses côtés. Mais cette photo, je suis sûr que c'est à cause d'elle, pas de la balle des Pavlov qui m'avait explosé le crâne à la belle époque. Parce que Robert, à ce que j'ai compris, c'est lui qui avait supplier papa, euh mon mari, ah euh nan vu comme ça fait très fantasme sexuelle bien dégueulasse donc on va continuer avec Joaquim... De faire de financer des recherches sur les corps artificiels pour me faire renaître mais bon, on n'arrête pas de dire que ça a merdé vers la fin... C'est très dégradant de dire que je suis un échec... Pourtant je l'aime bien ce corps, j'aime bien en profiter, on peut faire plein de truc avec mais Robert il le voit souvent d'un sale œil. Pour ça qu'il me file souvent de la thune avant de me dire "casses-toi loin d'ici et que je ne te revoie plus". C'est sa façon à lui de me souhaiter bon voyage. Rooh, fils ingrat mais tu ne peux pas savoir à quel point c'est un trésor parfois."

Pas sûr que le vieux écoute ce qu'elle venait de dire. Quand il fut terminé, elle commencera à faire joujoute avec les fluides d'eau toujours en étant allongé. Au moins dans la région, pas besoin de passer par la clim' pour faire ce genre de chose sans trop de difficulté. Hé tiens c'est un druide ? Ça maîtrise l'environnement normalement ses bestiaux là.

"Hé dit, en parlant de corps tout ça, je voulais savoir si il n'y avait pas moyen de cristalliser rapidement les fluides d'eau dans les airs, ça pourrait être cool et classe pendant un spectacle et une mise en scène. Druide, éléments tout ça tout ça, ça doit te parler. Je sais que je pues les fluides, que je suis seulement élémentaliste de l'eau, vive mon corps bien pratique, mais qu'un fluide secondaire ne s'apprends pas comme ça."

Elle se leva, tant bien que mal puisque tout tourne un peu au ralenti.

"Pour le paiement, parce que échange équivalent tout ça, je propose euh... Pas grand chose en fait. Et puis il ne faut pas que ça soit sexuel, le harcèlement on dit que c'est mal" Elle tapa dans sa main comme si elle avait une idée, souvent conne soit disant en passant "oui tiens, je sais danser la pole dance et y a une barre là. Je suis certaine que durant ta loooongue vie, jamais une homoncule ne t'a fait une dance privée. Et puis c'est mooon devoir d'exporter la culture de Vegas dans d'autres régions !"

Ouais enfin, la barre en question, ça ne reste qu'un arbre qui n'a rien à foutre dans la pièce mais comme le propriétaire des lieux est un druide, fuck la logique de la nature.

Le vieux Mac n’écoutait clairement l’homoncule. Les voix levèrent rapidement, les deux tentant de noyer l’autre dans leur histoire. Les vraies victimes de cette cacophonie dans cette histoire furent les voisins du haut qui tapèrent du pied, criant aux deux drogués de se la fermer. Les deux histoires terminées, Eleanor proposa son paiement. Le druide refuse en premier, lui disant à la jeune femme que sa simple présence avait déjà tout payer mais il réfléchit puis accepta son offre. Ça ne pouvait pas faire de mal non?

Eleanor se prépara à la barre, prêt à faire un petit show très simple mais sa concentration sur ses mouvements fut brisée par le fort son de ronflements. Se retournant, elle vit que Mac s’était endormi et qu’une pensée lui vint à l’esprit. Un peu de dégoût. Il lui faisait penser à son « mari » avant qu’il ne devienne un peu plus légume qu’il l’est maintenant. Il n’y avait plus de raison de rester dans l’appartement du druide. Il n’y avait rien de réellement intéressant dans cet endroit sauf des babioles sans queue ni tête que la jeune femme ne réussit à trouver une utilité. Autant aller voir comment Gh’ack négociait avec eux qui squattait son ancien chez soi.

Son ego brisé, il était certain qu'elle n'allait pas parler de cette expérience à personne de retour à la maison. Elle pouvait se venger mais elle n'avait aucune prise contre le vieux Mac. Malgré ses histoires sans queue ni tête, elle ne savait rien de cet homme sénile. Il lui avait par contre donné un outil très utile, lui aussi savant peu de l'homoncule. Elle allait abuser de ce petit Patrick, elle le savait déjà.

Eleanor retrouva ses choses et monta à rez-de-chaussé, ne se souvenant plus trop les instructions de Gh'ack pour trouver ses quartiers. Par contre, elle remarqua des taches de sang frais sur la vieille carpette du couloir. Elle les suivi, monta d'autre étage. Elle se doutait que ça venait de l'appartement de du demi-orc. Elle n'avait pas besoin du numéro de la porte pour le retrouver. En fait, il n'y avait pas de numéro de porte, elle avait été défoncée. Un bon coup de pied sur la serrure avait ce genre d'effet. Les gros bras des Predieger connaissaient bien cette technique pour forcer les portes. À l'intérieur, elle eut l'impression d'être dans un placard. Gh'ack était assis sur une couchette et remplissait un sac de vêtement. De temps en temps, il utilisait les draps du lit pour s'essuyer le nez. Il avait reçu un bon coup à la figure mais à voir les taches de sang à l'extérieur, les squatteurs avaient reçu quand même une bonne leçon. Isaac et le muet étaient en train de fouiller une armoire. De petites éclaboussures rouge salissaient sa chemise blanche et ses jointures avaient des blessures de surface. Bordel, elle devait avoir manquer une belle bagarre.

Gh'ack remarqua enfin la jeune femme. Il s'essuya de nouveau le nez et parla d'une voix semi-nasale.

"Ah, t'es de r'tour. Ça a pris du temps. L'vieux t'a pas trop toucher? Il t'a aider au moins?"

Isaac lui roula les yeux et soupira, il avait senti l'odeur que dégageait Eleanor et avait remarqué ses yeux un peu plus rosé que d'habitude. Il ne fit pas de commentaire cependant.

Dormir un coup ou non, Eleanor devra attendre. Chance de cocu ou coup de génie drogué, elle devina assez bien ce qui arrivait avec Gh'ack. Il y avait bel et bien quelque chose qui manquait. Le demi-orc arrêta de faire ce qu'il faisait et soupira.

"Un CB Portatif solaire avec des fréquences enregistrée... des fréquences assez importantes pour l'voyage. Éviter un peu la merde. On peut faire sans, de toute manière il est mieux que le conseil d'administration ne sache pas trop l'existence de c'truc."

Oh, un objet perdu... Eleanor pensa à une chose, elle pouvait aider Gh'ack... mais avec quoi? Elle connaissait un mec... un truc... une chose qui se nommait... Patrick! Elle avait sa première occasion de tester le petit truc magique du vieux Mac. Au moins, elle pourra partir dans sa propre petite aventure le temps que les fiefs... ses compagnons de fortune faisaient tous les efforts physiques de faire les baguages. Quoiqu'elle pouvait faire être aussi les baguages.

Ramener les Canadiens à Vegas était un défi en soi, il fallait beaucoup de préparation, des effectifs et… bon, Eleanor s’en foutait un peu de tout ça. Elle laissa le boulot à Gh’ack, Isaac et le muet.

Gh’ack dévisagea Eleanor, pourquoi parlait-elle de son sang? Il se demandait clairement ce que le vieux Mac lui avait donné. Il se leva d’un bond face au commentaire d’Eleanor.

- C’te radio est à MOI! Pas à toi, on n’est pas encore l’autre bord d’la frontière ma p’tite dame.

Il grogna une insulte, l’Américaine ne savant pas si elle était destinée à elle où les squatteurs. Le demi-orc sympathique était un peu à cran depuis qu’ils avaient entrés au fort.

- De t’manière, une claque de plus ou de moins, j’suis déjà banni d’ici.

Au moins Eleanor n’allait pas être seule, c’était Gh’ack et elle ignorait comme il se battait (ou même s’il allait la défendre) mais c’était mieux qu’être seule. Elle alla voir une des marques dans le couloir et ouvrit le flacon de Patrick à côté. La petite boule lumineuse fit le même spectacle que chez le vieux Mac. Le métal liquide devint une bille solide, des flammèches sortirent et la petite créature lumineuse fit son apparition. Elle observa Eleanor, curieuse puis sauta au sol d’un petit bond. De ses petits bras, elle toucha la tâche de sang… et elle disparut. Comme si le tapis était neuf. Patrick se frotta les mains et fit quelques petits étirements et se mit à courir en direction de l’extérieur.

La vitesse folle à laquelle il courait impressionna Eleanor. Il allait presqu’aussi vite qu’un bébé qui rampait! Il n’était pas très difficile à suivre, c’était tant mieux car il ne fallait pas qu’il s’éloigne de son ancre. Il fit des petits bonds en descendant les escaliers.

Au rez-de-chaussée, la flammèche humanoïde s’arrêta fit un signe de stop à Eleanor. Elle marcha en direction du mur et s’accota, plaçant ses petites mains sur ses genoux… et souffla? Bordel, cela faisait combien de temps que Patrick n’avait pas de Cardio? Après quelques secondaires, il se releva et pointa la fiole.

Ça n’allait pas être aussi facile qu’elle ne le pensait.

La petite chose était plus têtue qu'Eleanor ne le pensait... ou peut-être qu'elle ne comprenait pas l'anglais. Elle continua de sautiller lors du monologue de l'homoncule., exigeant sa fiole. Lorsqu'elle demanda de l'aide de Gh'ack, Pactrick fit une scène. Son corps devint plus lumineux et les flammèches qui le composaient devint plus intenses, passant par toutes les couleurs. Puis il baissa la tête... et le sang le mis à dégouliner des flammes, créant une nouvelle flaque de sang.

La bestiole croisa les petits bras, boudant. On ne refusait pas la fiole à Patrick. Patrick voulait la fiole, on lui donnait. On ne lui donnait pas, pas de service. Il s'accota au pied de l'escalier et fit ce qui semblait être un... soupir?

Gh'ack regarda le spectable qu'offrait Patrick puis revint à lui.

- Du coin... pas vraiment. J'l'ai ai jamais vu ces zozos avant. À quantité de personnes qui partent et reviennent, j'connais pas tous les visages.

Super, avec Gh'ack qui ne connait pas ces personnes et Patrick qui boude, Eleanor était devant un mur de glace.

Eleanor était et restait une diplomate et parfois, elle devait trancher la poire en deux. Pas aux hachoirs mais à sa façon, même si par moment les différences ne se limitaient à pas grand-chose. Elle céda en ouvrant le flacon, continuant à parler avec Gh’ack.

« Je ne comprends pas, on t’accuse d’avoir magouiller avec des esclavagistes mais les dirigeants locaux laissent rentrer et sortir n’importe qui. J’ai connu des communautés plus prudentes et qui se serraient plus les coudes. Après je pense que la rudesse du climat joue aussi : ici on chasse en moto neige là où dans le Sud, on n’était pas à une quinzaine de miles près pour arriver à un terrain de chasse. »

Une conversation comme une autre et pourtant elle n’insista pas trop sur les accusations. Chacun sa merde, après tout elle pensait déjà vendre ses futurs partenaires du moment aux réseaux d’esclavagistes d’Arizona alors que l’homoncule n’y était pas encore.

« Les expéditions migratoires comme celle que j’ai proposé, ce n’est pas la première je me trompe ? Il y en a déjà eu par le passé ? Tu l’as dit toi-même, ici ça rentre comme ça sort. »

Comme un bordel ou ses occupantes ? Passons les détails sordites, une fois ses deux réponses, elle rédécoucha le flacon pour en faire sortir Patrick, lui foutre le nez dans sa gerbe et « le prendre par le froc » pour qu’il lui montre la direction et lui éviter de marcher ou courir. Oui, elle lui avait laisser une pause de 5 minutes, ni plus, ni moins.

« La pause est finie, et chez moi les syndicats ça n’existe pas. Mais promis, la prochaine fois je t’optimise, ça nous évitera les bêtes malentendus tous les deux. Moi aussi j'ai besoin de cette radio, j'ai aussi mes fréquences à moi. »

- Magouiller avec les esclavagistes... c'mieux d'être esclave dans l'sud ou l'ouest qu'être pogné ici. Et certains sont plus agréable que certain habitant d'ici...

Marmonna Gh'ack, il avait à quelque peu raison. Au moins, il était plus facile de fuir une vie d'esclave que de fuir un désert glacé. Cela demandait moins de ressources et plus de cervelle.

- C'est hypocrite, non?

Eleanor ne comprit pas trop ce qu'il voulait dire par hypocrite. Elle pensa un moment qu'il mélangeait ironie et hypocrisie mais, elle se doutait qu'il y avait toute une histoire entre Gh'ack et le comité de la Coop.

- Les expéditions migratoires, y'en a eu plusieurs. Trop et au final, on ne r'voit plus les colons. Ou j'l'ai retrouves. Ou une partie d'eux. Pas au complet, des fois il manque des membres. Ça conserve bien le frette.

Ah, voilà ce qu'elle voulait entendre. Ce n'était pas nécessairement les esclavagistes qui mettaient fin à ces expéditions et elle se doutait un peu du principal coupable. Elle était grosse, elle volait et elle était la raison pourquoi elle était ici. Au moins, elle était une obstacle de moins. Pendant ce temps, Patrick ne rentra pas dans le flacon. Il prit de grande respiration à l'embouchure du contenant et se donna quelques claques au visage pour se réveilla. Il secoua un peu ses bras et alla chercher de nouveau la flaque de sang. Le vieux Mac n'avait pas menti ou tordu la réalité, Patrick était vraiment dépendant à son ancre. S'éloigner l'épuisait et non "l'effort physique". Après tout, comme un être éthéré comme la petite créature pouvait s'épuiser physiquement?

Au commentaire d'Eleanor, Patrick leva le bras en sa direction et elle compris très bien ce qu'il voulait lui dire. Malgré son manque de doigt... il lui faisait honneur. Patrick était loin d'être comme son ancien propriétaire. Puis il pointa en direction de la sortie et attendit qu'Eleanor le prit.

En suivant ses instructions, le trio se trouva derrière l'un des édifices dégagés. Une toute petite femme, à peine plus grande qu'Eleanor essuyait le sang du visage d'un homme qui n'était pas plus gros, le corps de la femme lui cachait en majorité son visage. Ils ne virent pas les nouveaux venus tout de suite. Gh'ack craqua des poings, faisant sursauté la femme qui se retourna en sa direction. Remarquant qui il était, elle cria.

-MAIS QU'EST-CE QUE VOUS VOULEZ ENCORE! ON EST PARTI!

La commotion allait sûrement attirer des curieux. Avec la femme qui ne bloquait plus l'homme, Eleanor pouvait mieux voir le visage de l'homme. Si on pouvait appeler ça un visage tellement qu'il était tabassé. Elle se demanda même si un bleu qu'il avait dans le front était un troisième oeil au bord noir. Gh'ack s'avança en leur direction, craquant le cou.

- 'Savez c'que j'veux.

Si Eleanor resta impassible avec son air agréable, à l’intérieur elle jubila devant les mots de Gh’ack, car c’était un coup à ce qu’elle le prenne vraiment aux mots à un tel point qu’il regrettera peut-être un jour de les avoir dit en sa présence. La miss n’était pas juge et encore moins donneuse de leçon, elle ne le sera sans doute jamais alors pourquoi chercher à ce que ses interlocuteurs prennent la peine de se justifier ? Elle haussa les épaules à la question de l’orc pour savoir si c’était égoïste de sa part, si on pouvait réellement appeler cela une question.

« Ça s’appelle seulement du pragmatisme. Pas sûr que beaucoup connaissent encore la signification de ce mot. »

La suite, elle avait l’impression que le trappeur avait retiré une belle épine du pied de la communauté pour quelques temps avec l’une des Wyvernes de la région. Le tout pour aucun remerciement si ce n’était que de lui avoir craché à la gueule. Raison pour laquelle il avait les boules ? Une parmi d’autres, selon Eleanor. Patrick fit du boudin, avec un joli bras d’honneur pour dire à l’homoncule d’aller se foutre, chose que la principale intéressée se contenta de rétorquer.

« Seulement les week-end et les jours de fêtes. »

Mais comme les jours de fêtes vues par Eleanor étaient fixés selon les caprices de cette dernière, et que les jours de la semaine ne voulaient plus rien dire pour le survivant d’une apocalypse nucléaire… Le duo ne fut pas si loin de leurs objectifs puisqu’une fois à destination, Eleanor se contenta de tendre la fiole pour que Patrick retourne dans sa fiole pendant que l’orc menaça ce qu’elle identifia assez rapidement comme le couple de voleurs. Elle le laissa parler alors qu’elle replaça la fiole dans son soutif avant de reprendre derrière lui.

« Vous avez volé quelques choses qui appartenait à Gh’ack et qui me serait-utile par la suite. Vous m’avez ainsi volé indirectement en plus de m’avoir fait perdre mon précieux temps à vous retrouver. »

Elle lâcha le petit sourire qui ne vous voulait pas du bien à la femme alors que Gh’ack était occupé à la fixer, elle et son homme.

« Mais je peux aussi vous parlez de « dommage et intérêt » si vous voulez, mais comme je suis peu patiente, cela ne reviendrait qu’à augmenter la note. Et entre nous, il vaut mieux éviter que je revienne accompagné de mon ami en costard pendant que Gh’ack vous refait la dentition car vous risquez de le supplier de continuer. Alors il va falloir être un peu plus convaincante que de jouer les ignorantes… »

Dommage et intérêt… Même si elle ne comptait pas vraiment dépouiller plus que nécessaire des types qui n’avaient de toute façon pas grand-chose de base, cela ne l’empêchait pas de jeter un œil à la pièce pour voir si il n’y avait pas un truc à chouraver. Ou plutôt à demander gentiment de prendre en guise de réparation car tout cela lui avait fait perdre son temps.

La réaction de Gh'ack aux menaces d'Eleanor était satisfaisante, il craque ses poings en fixant l'homme déjà mal ammoché. Elle pensa qu'il ferait un bon garde du corps à Vegas malgré son côté un peu niais. Au moins il avait compris son rôle dans les négociations. Le couple se regarda un instant et la femme pris parole.

- Sans... sans aucun respect pour vos biens mais... hum... nous tentons de joindre notre fill...

Pour être aussitôt coupé par Gh'ack.

- Il y a d'autres radios, demander à la coop. C't'a moi celle-là.
- Mais...

Gh'ack fit un pas en avant et montra sa main vide, demandant sa radio. La femme recula d'un pas, utilisant son copain comme bouclier humain. Elle regarda à gauche et à droite, espérant que quelqu'un les ait vu et vienne les sauver. L'homme lui pris un sac de toile et y fouillat dedans. Il y sorti une boite noire avec un petit écran LCD et un micro typique de radio. Elle avait été modifier artisanalement pour avoir une batterie externe avec un levier pour la charger à la main. Eleanor se doutait bien que ce n'était pas le demi-orc qui l'avait modifier.

Gh'ack l'alluma et le couple en profita pour prendre la poudre d'escampette. Il pesa plusieurs fois sur un bouton, la radio ne fit que des grichements mais il soupira, soulager.

- Mes stations sont encore enregistrées... on est bien. J'l'ai connais pas par coeur.

Eleanor fut déçue : et les dommages et intérêts dans toute cette histoire ? Quant on savait combien elle pouvait faire payer ses honoraires, ce déplacement valait à lui seul la vie d’une personne. Pourquoi la vie ? Juste le temps de s’intéresser à la personne qui l’avait fait déplacer, le taxer de jouet puis le jeter une fois une fois son nouveau hochet de briser, aussi bien physiquement que mentalement. A Vegas, on dépouillait les gens pour moins que ça !

Les laissant tous les deux seuls, Eleanor en profita pour regarder s’il n’y avait personne dans les environs avant de continuer sur le même sujet.

« C'est la raison pour laquelle je préfère connaître les miennes mais elles sont hors de portée pour le moment. J’en profite pour te demander comment tu comptes contacter tes fréquences le moment opportun ou en cas d’urgence sachant qu’il y aura quelques membres de l’expédition dans le même véhicule que nous, pour disons le franchement, te surveiller. »

Une manière comme une autre de lui dire, que sa radio, il faudra à un moment donné, la lâcher puisque la coopérative ne lui faisait aucunement confiance.

« A New Vegas, je suis négociatrice et si je devais parler aux « mauvaises personnes », ce n’est certainement pas pour avoir l’espoir qu’en face, on daigne par pitié de me passer ma fille. Dans ce milieu, il n’y a que les imbéciles qui tente de négocier quand ils n'ont rien, ou pas grand-chose à négocier. On négocie seulement quand les deux partis sont perdant-perdant. »

Ici, le perdant-perdant, ça serait seulement si les esclavagistes perdraient trop d’hommes ou de matériels pour une prise jugée pas assez rentable.

« J’aimerais connaître ce qu’il y a connaître, pour que le moment opportun je n’improvise pas. »

Et autant qu'à faire, son aura fut bien présente, celle qui se voulait rassurante, pour mettre son interlocuteur en confiance. La mafieuse allait avoir Gh'ack sur le dos quelques temps, alors autant commencer maintenant.

Gh'ack haussa les épaules à la première question d'Eleanor. Prévoir à l'avance n'était pas son grand fort.

-Ch'ais pas. On les jette? On aura quand même d'l'avance sur le reste du groupe. Mais s'pas le temps d'en parler ici. Y'a des oreilles partout.

Au moins, il n'avait pas la grande gueule mais se tenait prudent. Il y avait une différence entre être un fort idiot qui fonce tête première avec des plans de merde qu'un fort idiot qui pense de temps en temps et fait moins de plan foireux. Autant retourner à l'appartement, Eleanor sentait qu'il était nerveux à parler de ça à aire ouverte malgré son aura.

De retour à l'appartement, Gh'ack claqua la porte, faisant sursauter le scientifique. Isaac lui se tournait les pouces, se sentait un peu inutile dans toute cette action. Gh'ack se racla la gorge et fit une signe de silence devant sa bouche en chuchotant.

-Les murs sont minces. La radio sert à contacter ma famille... longue histoire.

Eleanor était curieuse de savoir cette histoire mais Gh'ack ne semble pas trop prêt à la partager.

Les jeter, ça reviendrait à se faire griller et à ne plus avoir de poids de négociation auprès des esclavagistes si il s’agissait de vendre une partie du convoi. Non, une trahison il fallait se montrer patient, pour qu’elle soit rentable et serve le plus possible à quelques choses avant de les jeter seulement une fois qu’ils ne se montreront plus utiles à ses yeux. Du point de vue d’Eleanor, il fallait que ça s’apprécie et se déguste aussi, et que ça lui donne envie. Mais les murs ont des oreilles ici, et c’était uniquement pour cette raison que la garce avait fait preuve de prudence avant de commencer à mettre ce sujet sur la table.

Elle retiendra non pas une chose mais deux. Elle ne s’y connaissait peut-être beaucoup en radio mais le fait qu’elle passe à travers des murs minces, sachant qu’en plus il y a une tonne de neiges à la surface, laissait sous-entendre que malgré le petit gabarit de l’appareil, il s’agissait d’une radio longue distance. Ah les joies de la miniaturisation… L’autre question concernait sa famille, peut-être avait-il de la famille chez les esclavagistes, peut-être se faisait-elle des idées mais en parler juste après que lui, en ait parler, restait une mauvaise idée pour quelqu’un qui savait très bien qu’il valait mieux engager ce genre de conversation plus tard, de façon anodine.

En rentrant dans la chambre de Gh’ack, elle s’adressa au muet et à Isaac, sur un sujet qu’il ne connaissait pas nécessairement mais ne sait-on jamais.

« L’un de vous sait quel matériel il faut pour improviser une antenne et donner davantage de portée à une radio ? Je ne pensais pas que la radio a récupéré était de longue portée. »

Isaac, elle avait du mal à croire, peu être le muet pourrait au moins faire un signe de tête positif.

« On ne peut pas se permettre de réclamer un tel matériel ici, déjà qu’il nous donne du carburant au compte goutte. Je peux me débrouiller à leur faire un détour un détour à une décharge sous prétexte que la route est meilleure. Je pensais aller m’inviter à l’une de leur réunion pendant qu’ils parlent de voyage peu avant le départ, après tout on est le véhicule qui mène le reste du groupe, je vois aucune raison qu’ils me refuse d’y jeter un œil… »

Elle se tourna vers le demi-orc avant de reprendre.

« Du moins tant que tu n’es pas dans les parages, enfin sans vouloir te vexer… J’ai l’impression qu’ils voient mes paroles comme une providence tant que tu n’es pas dans les parages. »

Le muet haussa des épaules. Il était chimiste, pas mécano ou même opérateur radio. De plus, comment un muet pouvait être opérateur radio? Eleanor avait un peu aussi l'étrange sentiment qu'elle sautait aux conclusions... si Gh'ack pouvait contacter sa famille dans les contrés sauvages du Canada... peut-être n'avait-elle pas besoin d'antenne longue portée? Pourquoi faire compliqué quand nous avons tout le matériel devant nous!

- J'sais les gérer. Ça fait plus de vingt ans qu'on m'a laissé ici. J'ai appris.

Il avait un point. Eleanor était la nouvelle ici et encore là, le fait qu'elle soit associé avec Gh'ack n'aidait pas du tout à ses chances. En fait, elle se doutait même que la coop ne lui faisait pas confiance.

- Mais à toé d'voir. J'emmène la radio quand même. Les réunions d'coop se font tout les jours à 13h. Tu iras à celle de d'main. Je prépare le stock pour le voyage. J'espère que ces caves m'ont pas piquer aut' chose.

Qu’il soit muet, quand Eleanor demandait de lui régler ou réparer une radio, elle ne lui demandait pas de parler, surtout quand elle estimait que ce n’était pas à lui de parler et que son estimable personne passait avant tout le monde. C’était dans de tel cas que l’on voyait toute la logique Eleanor, une mafieuse qui ne demandait pas l’avis d’autrui, et qui quand elle désirait quelques choses, c’était au type le plus à même de se démerder avec des outils qui devait servir Mademoiselle. Non elle ne sautait pas les conclusions, juste que c’était ses conclusions à elle : une femme narcissique qui est née avec une cuillère en argent dans la bouche et à qui, le Destin s’était amusé à faire grandir dans l’une des familles les plus puissantes de l’Ouest des Etats-Unis d’Amérique, juste pour son bon plaisir de regarder comment évoluaient la Miss et son entourage pendant qu’il se goinfrait de pop-corn. Ici, le connaisseur en radio était Gh’ack, elle devra au moins lui faire confiance dans ce domaine faute de s’y connaître et faute de vouloir en connaître plus.

Après une nuit ( ? ) de sommeil, le lendemain à 13 heures, elle ira quand même s’incruster dans la réunion de la coopérative, plus exactement la partie concernant les préparatifs de voyage. Avec de la chance, Eleanor arrivera peut-être à repérer les individus avec qui elle était censé voyager dans le véhicule qui était censé déblayer la route. Et comme l’argument du « je viens du Sud, il y a peut-être certains endroits sur la carte qui peut me donner des indices » pouvait être recevable dans son cas, avoir une idée du trajet à l’avance serait bien. Pour les mettre en confiance ? Jouer un peu les naïves au sujet de Gh’ack, quitte à un peu lui dégueuler sur le dos pour obtenir quelques informations sur les endroits où eux, se méfieraient de lui. Après tout, jouer les dilettantes et jouer avec les ragots étaient tout un Art pour elle et si elle pouvait en savoir le plus possible sur la méthode de fonctionnement du convoi, les relations d’untel et untel, leurs craintes, avantages et faiblesses, Eleanor n’allait pas se priver d’utiliser et d’abuser des domaines qu’elle maîtrisait pour ainsi dire à la perfection : sa gueule d’ange, son bagout et sa sournoiserie. Et comme en plus elle avait un pouvoir qui s’y prêtait bien, elle n’hésiterait pas à l’utiliser à huit clos lorsque ça parlera de trajet vers le Sud…